Ariel Sharon revu et corrigé
Un entretien publié dimanche 13 avril par le quotidien israélien Haaretz, Sharon a fait l’objet de plusieurs dépêches d’agences.
– Dimanche 13 avril 2003, 13h06 : une dépêche de l’AFP est titrée : « Après-Irak : un accord rapide possible avec les Palestiniens, selon Sharon »
On peut y lire notamment ceci :
« Il a également souligné qu’il "y avait un problème" à propos du "droit au retour" des réfugiés palestiniens. Pour parvenir à la paix, M. Sharon a toutefois réaffirmé qu’il était prêt à prendre "des mesures douloureuses pour tout juif et pour moi en particulier (...) Toute notre histoire est liée à des lieux saints tels que Bethléem, Shilo et Beit El (une ville autonome palestinienne et deux colonies de Cisjordanie). Je sais que nous devrons nous séparer d’une partie de ces lieux". Mais, interrogé sur un éventuel gel de la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens, M. Sharon a esquivé en qualifiant le sujet de "sensible" et en affirmant qu’il serait "évoqué dans la phase finale des négociations". »
– Dimanche 13 avril 2003, 11h01, la dépêche d’Associated Press (AP) annonce : « Israël cédera des colonies juives de Cisjordanie si les Palestiniens renoncent au retour des réfugiés, affirme Ariel Sharon ».
Cela commence ainsi : « L’Etat hébreu cédera des colonies juives de Cisjordanie pour la paix, mais les Palestiniens doivent abandonner leur demande visant à autoriser le retour des réfugiés dans leurs anciennes résidences en Israël, affirme le Premier ministre israélien Ariel Sharon dans un entretien publié dimanche (…) ».
Ainsi, Ariel Sharon aurait mis pour condition à la « cession » de quelques colonies l’abandon des demandes de retour des Palestiniens. Ce n’est pas exactement ce qu’a lu l’Agence France Presse. Mais l’agence Reuters a fait beaucoup mieux
– Dimanche 13 avril 2003, 10h41 - Une dépêche de l’agence Reuters livre en titre cette information étonnante : « Sharon prêt à renoncer aux colonies juives pour la paix ». On peut lire ceci, en guise de première phrase : « Le Premier ministre israélien Ariel Sharon se dit prêt à renoncer aux colonies juives pour parvenir à la paix avec les Palestiniens. ».
A lire cette dépêche, Sharon se serait engagé à « renoncer aux colonies », et non à quelques unes, alors que la suite de la dépêche indique qu’il s’est montré, pour le moins, sélectif. On lit en effet :
« Dans un entretien publié dimanche par le quotidien israélien Haaretz, Sharon, grand partisan des colonies juives dans les territoires occupés, affirme être prêt à prendre des mesures "douloureuses pour chaque juif et pour moi personnellement". "Toute notre histoire est attachée à ces lieux : Bethléem, Shiloh, Beit El. Je sais que nous aurons à nous séparer de certains de ces lieux", déclare le chef du gouvernement israélien. "J’ai décidé de faire tous les efforts pour parvenir à un règlement (de paix). Je sens que la nécessité rationnelle de parvenir à un règlement prend le dessus sur mes sentiments" (…) »
Reuters n’a rien lu sur le retour des réfugiés. Et ni Associated Presse, ni Reuters n’ont lu ce que rapporte l’AFP et qu’il faut répéter : « Mais, interrogé sur un éventuel gel de la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens, M. Sharon a esquivé en qualifiant le sujet de "sensible" et en affirmant qu’il serait "évoqué dans la phase finale des négociations". »
La guerre revue et corrigée
L’Etat d’ Israël mène une guerre non déclarée contre les Palestiniens.
Cette fois, c’est à l’agence Reuters, que l’on peut emprunter le compte-rendu de l’un des épisodes sanglant de cette guerre.
– Dimanche 20 avril 2003, 9h33. Titre de la dépêche signée par Atef Sa’ad et Nidal al-Moughrabi « L’armée israélienne tue 6 Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie »
Voici les premières lignes :
« Des soldats israéliens ont tué six Palestiniens, dont un cameraman de télévision, au cours de violents accrochages samedi en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, ont rapporté témoins et médecins.
Plusieurs dizaines de soldats israéliens ont effectué un raid dans la vieille ville ("casbah") de Naplouse (Cisjordanie), où ils se sont heurtés à des groupes de jeunes Palestiniens qui leur ont lancé des pierres, selon des témoins palestiniens.
Le cameraman Nazih Darouazeh, 45 ans, qui travaillait pour la télévision publique palestinienne ainsi que pour l’agence américaine AP, a été atteint au visage durant la fusillade. Il est décédé lors de son transfert à l’hôpital, ont rapporté les journalistes de Reuters et des médecins palestiniens. »
Le même jour, mais quelques heures plus tôt, Associated Press diffusait une dépêche sur un autre sujet
– Dimanche 20 avril 2003, 2h22. Titre de la dépeche d’AP : « Le Premier ministre palestinien menace de démissionner »
Extraits :
« Le Premier ministre palestinien Mahmoud Abbas a claqué samedi la porte d’une réunion avec Yasser Arafat et ses conseillers, dont l’objectif était de déterminer la composition du futur gouvernement palestinien. (…) Après une heure de discussion, M. Abbas a quitté la réunion et menacé de démissionner. »
Et ceci pour conclure :
« La démission de M. Abbas mettrait un coup d’arrêt aux progrès du processus de paix israélo-palestinien. Les Etats-Unis ont affirmé qu’ils dévoileraient la "feuille de route" visant au retrait progressif des troupes israéliennes des territoires occupés, à la cessation de la violence et à la création d’un Etat palestinien une fois le gouvernement palestinien formé. »
A relire : « La démission de M. Abbas mettrait un coup d’arrêt aux progrès du processus de paix israélo-palestinien. ».
Vous avez bien lu : en dépit des opérations militaires israéliennes, il existe un « processus de paix israélo-palestinien », qui accomplit des « progrès »
Qui parle, dans la phrase citée ? Les Etats-Unis ou, plus exactement le gouvernement américain. Qui tient la plume ? Associated Press.