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Les journalistes CFDT quittent les Etats généraux de la presse (Les journalistes CFDT)

Nous publions ci-dessous un communiqué des journalistes CFDT. (Acrimed)

Les journalistes CFDT ont demandé à participer aux travaux des Etats généraux de la presse et ont effectivement été associés à la réflexion des commissions Frappat (Métiers du journalisme) et Patino (Information et numérique).

Dans ces commissions, les journalistes de terrain étaient très minoritaires : 7 syndicalistes CFDT, CGT et SNJ pour 140 participants des quatre commissions définies par Nicolas Sarkozy.

L’USJ-CFDT y a apporté réflexion, arguments, propositions pour l’avenir de la presse en général et écrite en particulier, pour les salariés et pour une information citoyenne et de qualité.

En vain. Aucun consensus n’a émergé des débats : les sociétés de journalistes et de lecteurs n’ont pas été admis à la table, tandis que les fédérations de patrons de presse ont décidé d’imposer une liste de revendications purement patrimoniales, présentées par écrit, qui ne règleront aucun problème.

Si elles étaient retenues et adoptées, ces propositions se traduiraient concrètement par une grave remise en cause du droit de la presse, garante de la relation de confiance entre lecteurs et journalistes, déjà mise à mal par certaines pratiques des patrons-éditeurs. La poursuite de cette déréglementation à tout va, déjà engagée depuis des années, va concrètement empêcher les journalistes d’effectuer leur travail d’information du public.

L’Union syndicale des journalistes CFDT a donc décidé de quitter les Etats généraux de la presse écrite à compter de ce jour.

La coupe était pleine, mais elle vient de déborder avec l’arrestation de notre confrère Vittorio de Filippis, journaliste de Libération et ex directeur de cette publication. Loin des déclarations élyséennes de bonnes intentions sur la nécessité d’une presse libre et de journalistes délivrés de la prolétarisation salariale qui est la leur, la justice a montré en quelle estime l’ensemble des journalistes et des équipes rédactionnelles seraient tenus demain.

Cette arrestation dans des conditions scandaleuses fait suite à d’autres menées récentes contre le droit de la presse à informer librement les citoyens. Elle a pu avoir lieu car le climat sécuritaire s’alourdit : filatures policières de leader politique, fichiers, enquête interne dans l’Education nationale …, sans parler de l’attitude générale qui se durcit à l’égard des sans papiers ou des SDF.

Dans ce cadre, les journalistes CFDT ne peuvent plus cautionner des Etats généraux de la presse écrite, dont le Président de la République a fixé en les lançant certaines des conclusions à atteindre. Ainsi en va-t-il en matière de droit d’auteur, de clause de cession, de levée des seuils de concentration de la presse.

Cette situation grave pour les libertés publiques nécessite une réponse citoyenne.

À la veille de la célébration de la déclaration universelle des droits de l’homme, dont la liberté de la presse est constitutive, l’USJ-CFDT appelle à une réunion de l’intersyndicale des journalistes, et au-delà de son rassemblement avec toutes les forces de la profession, avec des organisations d’avocats, de magistrats, de policiers, avec les centrales syndicales de salariés, les partis politiques, toutes les associations démocratiques et personnes soucieuses des droits de l’homme.

À Paris, le 2 décembre 2008

 
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