Autre observateur dubitatif de la campagne électorale, tirant après coup ses leçons indiscutables d’une douteuse "victoire" ; Pascal Bruckner, écrivain perpelexe.
Dans Le Nouvel Observateur du jeudi 18 avril 2002, dans le dossier de « Pour qui je vote » :
« On vit une campagne décevante et triste. Une campagne où la France se met la tête sous la couette. Les candidats sont très médiocres, avec des programmes qui ne sont pas du tout à la hauteur des enjeux d’aujourd’hui. Ils sont comme des femmes au foyer qui gèrent les problèmes de la maison France. La France est réduite à une unité domestique. Chevènement ? Je le trouve courageux d’être allé en Corse dire aux nationalistes corses leurs quatre vérités. Chirac ? On a du mal à le croire quand il promet tout. La droite, c’est un duplicata de la gauche. Elle est paralysée par un "sur-moi" de gauche, incapable d’adopter une politique libérale. La gauche, elle, qui est ma famille, n’offre pas un visage exaltant. Il manque un François Mitterrand ! Arlette Laguiller ? On croit rêver ! Qu’une ennemie de la liberté fasse 9% me paraît consternant. Pour le moment, je reste perplexe et attristé. »
Une seule certitude, donc : Arlette Laguiller menace la liberté. Mais - on ne se lasse pas de le rappeler - Le Nouvel Observateur nous avait mis en garde : « Il ne s’agissait pas pour eux de s’engager dans la campagne, mais de livrer leur choix personnel, en confidence, pourrait-on dire. »
Perplexe avant le premier tour, Pascal Bruckner a cessé de l’être après le second. Sous le titre "Pédagogie de la peur", dans Le Monde daté du 8 mai 2002, on peut lire entre autres balivernes une dénonciation de « la connivence entre l’extrême droite et l’extrême gauche liées par la même haine de l’Amérique, des marchés et de la démocratie parlementaire » et cet amer bilan de la gauche au pouvoir :
« Malgré nos débauches récentes de bonne volonté envers les humbles et les sans-grade, la catastrophe a eu lieu. »
Un seul mot d’ordre, donc : halte à la débauche !