Une lettre …
De : Marc Laimé.
A : M. Edwy Plenel.
Copie : M. Le Médiateur du Monde.
Cher Monsieur,
Votre édition de ce jour titre en "une" : "L’hécatombe des start-up d’Internet."
Sous la plume de votre éminente collaboratrice Mme Laure Belot, deux articles publiés en page 18 de votre quotidien relatent la déconfiture qui accable un secteur hier encore porté aux nues, y compris par votre quotidien …
L’éditorial du jour, titré : "Les dangers d’un e-krach", souligne par ailleurs les risques grandissants que les engagements inconsidérés consentis par le secteur bancaire aux opérateurs de téléphonie mobile font peser sur la croissance et l’économie, tant française qu’européenne.
Je me permets d’attirer votre attention sur les très récentes parutions sur le site indépendant Uzine2 d’enquêtes très fouillées consacrées à ces sujets.
Tout en saluant les excellentes lectures de votre collaboratrice, permettez-moi de souligner que nous n’omettons jamais, pour notre part, de mentionner nos sources, y compris les parutions de nombre de vos collaborateurs.
Vous pourrez très aisément constater, à la lecture des articles référencés ci-après, que l’intégralité des références produites par Mme Laure Belot dans son article précité figurent dans l’un des articles précités… La problématique soulignée dans l’éditorial étant longuement abordée dans le second article, publié il y a un mois…
Croyez, cher Monsieur, qu’il nous affligerait de nous résoudre, à l’avenir, eu égard à la récurrence de pratiques nous apparaissant un brin discourtoises, à priver nos lecteurs de références fréquentes aux articles de votre quotidien.
N’imaginant pas d’en arriver à pareilles extrémités, je ne doute pas que vous aurez à cœur de rappeler à vos collaborateurs les règles d’usage auxquelles il nous plaît de souscrire.
Croyez, cher Monsieur, en l’assurance de ma considération la plus respectueuse.
Marc Laimé.
… et deux articles
1 - "NOUVELLE ECONOMIE : QUI VA PAYER LA "FACTURE NUMERIQUE ?"
De la privatisation des gains à la mutualisation des pertes.
Un vent de panique souffle sur la tant célébrée Nouvelle Economie. Faillites en cascade, licenciements massifs, sarabande de "profits-warning", fusions et rachats accélérés, apparitions de "fonds vautours" qui se partagent les dépouilles, prévisions dantesques... Le sauve-qui-peut ne fait que débuter. Mais qui va payer la note ? A l’instar des précédents du Crédit Lyonnais ou de la bulle immobilière des années 90, le risque est grand que le contribuable ne soit de nouveau appelé à passer à la caisse. Alors que les lobbies font flèche de tout bois pour préserver leurs rentes de situation, l’Etat vole au secours des chantres du libéralisme à tout crin. Le grand rêve d’un Internet convivial, citoyen, démocratique, achève de se dissoudre dans "les eaux glacées du calcul égoïste." Internet 2001 : l’année de tous les dangers."
Marc Laimé
10 janvier 2001
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2 - "NOUVELLE ÉCONOMIE : LE PIRE EST DEVANT NOUS."
"Tout va bien ! Ca a rarement été aussi bien ! Si l’on en croit Ignazio Visco, "économiste en chef à l’OCDE", "il y a plusieurs années que les perspectives économiques mondiales n’avaient pas été aussi bonnes [...] l’inflation devrait rester faible [...] le nombre de chômeurs pourrait baisser de plus de 2 millions dans la zone de l’OCDE [...] grâce au redressement vif et généralisé de l’activité économique en dehors de l’OCDE, la production mondiale pourrait augmenter d’environ 4% en 2000 et 2001 " (OCDE Observateur [1], 7 décembre 2000). Pour ceux qui douteraient du caractère éminemment idéologique d’une telle analyse, la conclusion est claire : "Les réductions d’impôts sont opportunes, dans la mesure où elles peuvent contribuer à augmenter le potentiel d’offre des économies. Tout relâchement de la politique budgétaire serait en revanche malvenu, compte tenu du dynamisme actuel des économies et du potentiel d’épargne limité."
Dans le jargon néolibéral, personne ne se plaint jamais d’un krack boursier ou d’une récession. Au contraire, le néolibéral est fondamentalement optimiste. Un krack ne se résume pas, loin de là, à la destruction de milliards (et la mort d’entreprises et d’emplois), c’est au contraire un assainissement du marché : les mauvais disparaissent pour laisser la place aux bons. Une récession est, au pire, une "croissance négative".
Après la chute du Nasdaq d’avril, puis la rechute de novembre, on entend toujours ces mêmes optimistes, apôtres d’un "marché assaini", du "pire qui est derrière nous", du "ça va repartir"... "[Certains analystes] croient en la possibilité d’une vive hausse du marché parisien d’ici à la fin de l’année. Les turbulences en provenance de Wall Street pourraient se calmer, espèrent-ils." (Le Monde [2], 2 décembre 2000).
Je vais donc jouer ici les Cassandre, et expliquer pourquoi le pire est encore devant nous. Vous avez perdu vos petites économies sur le Nouveau marché cette année ? Rassurez-vous, c’était juste un amuse-gueule..."
ARNO*
12 décembre 2000
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