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L’actualité des médias n°74 (mars-19 avril 2010)

par William Salama,

Lagardère pose question. Le Monde inquiète. La crise s’installe.

* Lagardère pose question. « Lagardère en panne sèche », titre bakchich.fr, le 31 mars : « Les bénéfices du groupe pour l’année passée sont de 137 millions d’euros, soit quatre fois moins qu’en 2008. La branche médias du groupe, Lagardère Active, est la plus touchée avec un bénéfice divisé par treize (de 206 à 15 millions d’euros) entre 2008 et 2009. ». Qui plus est, le voilà attaqué par Guy Wyser-Pratte, un méchant « prédateur […] homme d’affaires franco-américain déterminé à faire sauter le statut en commandite du groupe, ce bouclier qui permet à Lagardère de conserver le contrôle de sa holding avec moins de 10 % du capital. » (lexpress.fr, 15 avril).

Dès lors, il fait beaucoup parler de lui, comme on peut le lire plus bas sous les titres, « Be, avatar de la nouvelle stratégie de Lagardère », « Lagardère se désengage de la télévision », « Les SCPE attaquent Lagardère » et « Presstalis peut dire adieu au système coopératif, et Lagardère à Presstalis ». Sans compter les déboires du Monde avec lequel il est capitalistiquement lié.

I. Presse écrite

1. Agences

  Eyedea sauvé du bilan par un ancien Gamma. L’ancienne agence photographique (Gamma, Rapho, Keystone…) de Lagardère qui a connu cinq plans sociaux en huit ans, a trouvé un repreneur. Si, cette reprise « n’entraînera pas, pour l’heure, la dispersion du troisième fonds photographique au monde », reste que « 40 personnes [seront] licenciées ». Le projet de François Lochon, ex-gamma, qui « garde 22 personnes  », a été préféré par la rédaction à ceux des fonds d’investissement, sur le crédit de son argumentation (« franchement, j’en ai ras-le-bol que ce soit des banquiers, des financiers, des énarques, qui veuillent décider pour nous de nos affaires. »). Ce qui, selon L’Humanité (8 avril), est : « précisément ce que les personnels avaient envie d’entendre. »

  L’AFP en suspension et avec un nouveau président. Les syndicats de l’AFP qui appelaient à « enterrer définitivement le plan Louette [du nom du pdg parti pour France Télécom, ndlr] », pour reprendre une expression du SNJ-CGT, ont-ils été entendus ? Le rapport Pigeat, qui aurait la faveur du gouvernement, propose en effet : la « conservation du statut de 1957  », ce qui fait dire aux "bonnes sources " du Figaro que « Pigeat envoie donc un signal fort et rassurant aux syndicats ». Mais cela dit, que « des aménagements sont prônés pour que l’AFP reste compétitive face aux autres agences mondiales ». C’est-à-dire : une « nouvelle gouvernance autour du PDG de l’agence, d’un véritable conseil d’administration et d’une meilleure représentation du personnel journaliste, gage du respect de l’indépendance » et la « création de filiales ». (Le Figaro, 13 avril)

On change de président. Changera-t-on d’orientation ? Pierre Louette a été le 15 avril remplacé par un haut fonctionnaire Emmanuel Hoog, président de l’Institut National de l’Audiovisuel (Ina), élu « en recueillant la majorité qualifiée au sein du conseil d’administration de l’agence, soit douze voix sur quinze » (Le Figaro, 15 avril).

2. Distribution, innovation.

  Presstalis peut dire adieu au système coopératif, et Lagardère à Presstalis ? , L’histoire s’accélère pour l’ex-NMPP… Rebaptisée en fin d’année Presstalis, elle a connu quelques heurts sociaux symptomatiques (sous les coups de boutoirs de Bolloré notamment [1]). Car voici un rapport gouvernemental (Mettling du nom de l’inspecteur des finances Bruno Mettling), qui « dresse , selon les amabilités du Figaro du 2 avril, « le bilan désastreux des finances de la principale coopérative de presse  » et conseille le changement de statut. En clair, le passage du système coopératif hérité de la loi Bichet (1947) à celui d’entreprise à « capitaux classique » (Les Echos du 15 mars). Toujours, selon Les Echos du 15 mars qui semblent s’en réjouir (« la réforme enfin »), cette « solution permettrait l’entrée d’un nouvel investisseur, logisticien par exemple, prêt à apporter de l’argent frais et, pourquoi pas, à reprendre la participation de Lagardère s’il souhaitait sortir  ». « Dans le même temps, le groupe Lagardère jusqu’alors actionnaire avec 49 % du capital pourrait, s’il le souhaite, céder sa participation et abandonner son rôle d’opérateur de Presstalis  » confirme Metlling (Le Figaro, 2 avril). Et en effet, Lagardère, " le souhaite" en ne voulant plus jouer « les mécènes » (Les Echos du 15 mars). Bref, un plan de sauvetage dans tous les sens du terme ? Voire … Le 8 avril, le gouvernement sommait Lagardère de s’entendre avec les « éditeurs de presse actionnaires de Presstalis » sur « un accord sur le financement des réformes nécessaires » (Les Echos). Tandis qu’en parallèle, le 7, le député UMP des Bouches-du-Rhône, Richard Mallie déposait une proposition de loi visant à l’abrogation de la Loi Bichet du 2 avril 1947 relative à l’organisation de la distribution des journaux.

 Nouvelles technologies publicitaires. Un dispositif baptisé Vidéo In Print consistant en un « mini-écran vidéo [inséré dans le journal] permettant la diffusion d’une publicité » a fait son apparition dans le numéro de mai d’Enjeux/Les Echos. Cette nouvelle attraction vient d’Italie et « séduit les éditeurs  » (CB Newsletter, 26 mars).

3. Presse Quotidienne Nationale

  Le Parisien semble reculer sur son plan social. Selon CB Newsletter du 1er avril, le plan de départs volontaires « imaginé pour 35 employés » (sans compter les rédactions locales) » par la direction du Parisien [2] serait abandonné. Il faut néanmoins prendre avec précaution cette annonce, car ce plan de réduction des coûts pourrait bien prendre une autre forme, la direction précisant « dans un communiqué interne qu’elle "maîtrisera les effectifs CDI" et "limitera les recours aux CDD" » et « qu’elle continuera "comme par le passé l’examen des situations individuelles au cas par cas" ».

  Le Monde en grave crise. Début mars, le groupe de médias espagnol Prisa a cédé sans esclandre 50 % de son capital à un fonds d’investissement américain, Liberty Acquisition Holdings. Dans une interview aux Echos (13 mars), Prisa qui détient 11% du Monde saluait le « formidable actif  » que constitue le quotidien national. Depuis, le formidable actif, qui est désormais un peu américain, est sujet à des rumeurs catastrophiques (dépôt de bilan). Ainsi, écrit Marianne.fr du 9 avril, « la situation est gravissime [un million d’euros par mois de perte ; un déficit cumulé de plus de 200 millions d’euros depuis 2002 ; endettement est d’environ 100 millions d’euros] ». Pis que tout : « Chacun des salariés de l’entreprise sait que la trésorerie du quotidien est exsangue et que, sans recapitalisation, les salaires de juillet ne pourront être payés.  ». Le Monde qui planche sur sa survie (il est encore et toujours en phase de recapitalisation [3] en quête d’expédients (lire plus bas, crise de la presse) et brandissant le totem de l’indépendance qu’il affiche « compte 100 à 150 salariés « de trop » pour parvenir à l’équilibre, à recettes constantes. Si ses dirigeants ne savent pas davantage vers quelle stratégie orienter l’entreprise, il ne leur restera plus qu’à jouer les coupeurs de têtes. » (marianne.fr, 9 avril). Par ailleurs, « La restructuration du Monde Imprimerie et sa séparation d’avec le groupe Le Monde représente un coût additionnel de 45 millions d’euros ». Selon La Lettre de l’Expansion (repris dans Les Echos du 31 mars), l’imprimeur espagnol Imcodavila et le groupe seraient « entré en négociations exclusives  » pour la reprise de son imprimerie problématique. Enfin, et aux dernières nouvelles, Prisa négocierait activement d’ici à la fin juin. « un accroissement de sa participation. A la faveur de la recapitalisation qui se dessine  » (Les Echos, 13 avril). Lire en particulier : sur le site Rue 89, « Le Monde sur le point de perdre son indépendance ? » (8 avril) et, sur Marianne.fr, « A nouveau le gros temps pour Le Monde » (9 avril).

  Crise de la presse, vers le modèle payant sur internet. Suivant l’air du temps (Le Figaro et Libération), Le Monde a décidé de devenir intégralement payant sur la toile. On a beau être un « formidable actif » (lire plus haut), on n’en reste pas moins une entreprise à rentabiliser : « Pour rendre ce big bang comestible, à la manière d’un opérateur télécom, Le Monde lance une formule d’abonnement « triple play » (quotidien papier, Web et iPhone), et demain « quadruple » avec l’iPad. Il en coûtera 29,90 euros par mois pour cette offre complète (19,90 euros les trois premiers mois), une somme non négligeable, mais que les dirigeants du Monde présentent comme le prix à payer pour une marque globale  » (Rue89 : « LeMonde.fr tente le tout-payant pour les articles du journal papier », 24 mars).

  Crise de la presse, suite. Selon une étude [4], l’audience des quotidiens en 2009, s’est ramassée. Sauf pour Le Monde qui en prend bonne note dans cet article cruel pour ses confrères : « L’audience de tous les quotidiens nationaux payants a baissé par rapport à la précédente enquête, publiée en juillet 2009, à l’exception de celle du Monde, qui progresse de 2,9 %. Les quotidiens qui connaissent les plus fortes baisses sont La Tribune (- 16,4 %), La Croix (- 15,3 %) et L’Humanité (- 15,1 %). » Encore convient-il de prendre ces chiffres avec beaucoup de précaution, car ils sont vraisemblablement sous-estimés.

  La Tribune disparaît des kiosques. Pour Alain Weill, mordicus : « la presse papier n’a pas d’avenir ». La direction de La Tribune (de son groupe NextTvRadio) a donc décidé de retirer progressivement ses journaux de la vente en kiosque au profit d’autres modes de diffusion (« par abonnement et sur Internet d’ici à la fin de l’année  »). C’est qu’il est vrai que le rapport nombre de ventes gagnées versus sources de pertes est abyssal. Soit une « centaine d’exemplaires  » pour « 1,5 millions d’euros » dépensés par an. (AFP, 16 mars).

  France Soir se relance et trébuche. Dumping (prix de vente 50 centimes), campagne publicitaire massive (20 millions d’euros), recrutement de journalistes : France Soir a tenté sa énième résurrection le 17 mars 2010. Anecdote caractéristique de la ligne éditoriale et de la chasse au scoop, le quotidien s’est très vite fourvoyé en publiant « une une photo dite « exclusive » du chanteur Johnny Halliday en vacances à Saint Barthélémy alors que ces photos datent, en réalité, de... 2006 » (Le Figaro, 19 mars). Le quotidien n’avait tout benoîtement pas vérifié les sources de l’agence de presse photographique people ABACA Press et s’est dit « trompé ». A noter que le très informé blog « Immédias » relevait le 18 mars (dans son post « France Soir roule-t-il pour Sarkozy ? »), « les zones d’ombre qui entourent la renaissance de ce journal ». Le Monde du 18 mars remarquait pour sa part que la directrice de la publication, « une quasi inconnue » se faisait remettre la légion d’honneur le jour du lancement de la nouvelle formule par Nicolas Sarkozy, devant le jeune patron de France Soir (25 ans), fils d’un des plus gros oligarques russes.

4. Presse Régionale

  L’Est Républicain change de garde-robe. L’habit fera-t-il cette fois le moine ? Une nouvelle formule « attrayante » et même « un projet éditorial entièrement repensé  » sont annoncés pour endiguer les pertes du quotidien (Les Echos, 21 mars).

 Le groupe Centre France prend le contrôle La République du Centre . Il détient désormais 70 % du capital du journal. Soit un lectorat potentiel de 600 000 consommateurs et se constitue en un « vaste groupe de presse […] au cœur de l’Hexagone ». Et tout est bien qui va bien, Centre France promettait le 2 mars (AFP) : « Il n’y aura pas de plan social [et] les syndicats […] se disent globalement satisfaits de la reprise de leur journal par un groupe de presse.  » (Les Echos du 21 mars).

 Monopoly à Nice Matin . Les « ouvriers de l’imprimerie, personnels administratifs et journalistes, les salariés coopérateurs de Nice-Matin » se sont mis en grève le 2 avril pour protester contre la vente du siège social et historique des quotidiens. Ils craignent plus particulièrement « de voir brader l’entreprise niçoise dans le seul but de combler les déficits d’autres titres de GHM ». C’est-à-dire, Groupe Hersant Medias à peine propriétaire (depuis un an) des quotidiens Nice-Matin , Corse-Matin et Var-Matin. Voir le site « SOS Nice Matin.com » (site périmé, décembre 2013).

5. Gratuits

 20 Minutes et Métro, forces de vente. 20 Minutes s’est refait une santé, grâce à une « recapitalisation de 30 millions d’euros, plan d’économies, réorganisation des rédactions » pour mieux se développer dès 2010, et notamment par la « création de plusieurs éditions régionales » (Les Echos du 21 mars). Tout aussi ambitieux mais sur un autre périmètre, Metro France renforce son équipe commerciale (vraisemblablement pas sa rédaction) pour mieux harponner les annonceurs (CB Newsletter du 22 mars).

6. Périodiques

 Les salariés de VSD contre le programme TV. La direction de Prisma Presse a pour projet, afin d’économiser de la matière grise, de « remplacer 20 pages de rédactionnel par 20 pages de programmes télévision ». D’où la grève des journalistes le 7 avril (Les Echos). Derrière ce mécontentement, se niche un PSE (plan de sauvegarde de l’emploi), prévoyant 10 suppressions de postes que « la rédaction a dû voter  », écrit CB Newsletter (14 avril), « après avoir "résisté légalement" pendant quatre mois  » .Mais, nuance quand tu nous tiens : « la direction a indiqué que le PSE n’en était pas vraiment un car les dix départs sont en fait huit offres de reclassement et deux départs volontaires.  » (CB Newsletter, 14 avril).

  Les SCPE prêts à attaquer Lagardère. Lagardère avait cédé à Gérard Ponson, la SCPE (Société de conception de presse et d’édition) propriétaire des titres Entrevue, Choc et Guts. Mais « aujourd’hui en redressement judiciaire », les salariés « d’envisager des poursuites contre Lagardère  », le tribunal de commerce de Paris ayant récemment reconnu que ce dernier a refourgué à Ponson, pourtant hommes d’affaires, « une SCPE en cessation de paiement (endettée jusqu’au cou, en français courant) » (Backchich, 31 mars).

 Le fondateur historique des Inrockuptibles l’abandonne à la banque Lazard. Christian Fevret « a été invité à quitter son bébé ». Certainement amer car « il était en désaccord depuis des semaines (des mois ?) avec le nouveau propriétaire [qu’il avait accepté voire appelé, ndrl], le banquier d’affaire Matthieu Pigasse, et ses représentants au sein des Inrocks sur la ligne éditoriale et l’orientation que le nouveau propriétaire entend donner au magazine » (Libération, 15 mars).

 Lancement de Be , avatar de la nouvelle stratégie de Lagardère. Sur un « marché » déjà bien encombré par ses congénères : place à la segmentation et au haut de gamme ! Le Monde du 17 mars constate en effet le déclin « des féminins grand public, dont l’audience diminue, tandis que celle des féminins haut de gamme augmente ». Lagardère vient donc de lancer Be, nouveau féminin « haut de gamme », qui vient s’ajouter à son Elle (reléguée moyen de gamme ?). Lagardère en phase de recentrage marketing sur le numérique (le groupe a ainsi conclu un partenariat avec le site de vidéos en ligne Youtube pour monétiser ses contenus), voit Be comme une « marque globale ». Déjà précédé par un site, le féminin « s’accompagne d’une application iPhone, d’une radio, d’une plate-forme de commerce en ligne et d’émissions télévisées diffusées sur la chaîne June, disponible sur le câble et le satellite. » (Le Monde, 20 mars). Côté contenu, laissons le dernier mot à Marianne2.fr : « La pouffe mondialisée est-elle l’avenir de la femme ?  » (20 mars).

 Cession imminente de Courrier Cadres . Propriété de l’Apec (Association pour l’emploi des cadres), Courrier Cadres a perdu 3 millions d’euros en 2009. Il est sur le point d’être rachetée par le groupe Touati, qui édite notamment Rebondir. Courrier Cadres emploie 35 salariés qui, espérons-le, n’auront pas à… rebondir. Quoique, ayant étudié le plan de reprise, ces derniers « ont voté en assemblée générale leur refus d’être repris par le groupe dirigé par Gérard Touati  » (Les Echos, 29 mars).

 Roularta récupère lentement après la saignée. Roularta est en perte nette de 4,7 millions d’euros. Mais reste optimiste car heureusement « les restructurations engagées au premier semestre ont commencé à porter leurs fruits  » (Les Echos, 16 mars) [5].

  Siné Hebdo se saborde. Siné Hebdo cesse sa parution et licencie 11 salariés, faute de ventes suffisantes (37 000 contre les 43 000 nécessaires) et d’un environnement concurrentiel acharné (Internet, Charlie Hebdo, Le Canard Enchaîné, Backchich Hebdo). Charb (de Charlie Hebdo) interrogé par Rue89 (30 mars) commente également ses propres ventes fragiles (48 000) et explique que « les gens manquent de fric  ». On rigole moins…

III. Audiovisuel

1. Télévisions

- La vente de la régie publicitaire de France Télévisions rejetée par le CA. Quelques politiciens taquins et syndicats vigilants avaient sonné l’alarme en vain. Les publicitaires et producteurs qui argumentaient sur un autre terrain, celui du porte-monnaie (« pointant les risques de conflits d’intérêts  », Les Echos du 21 mars), ont eux réussis à infléchir la vente de la régie au duo Courbit / Publicis. Dès lors, il n’en a plus été franchement question Frédéric Mitterrand ayant estimé que la vente de France Télévisions Publicité à Publicis et Lov Group « posait un problème "déontologique" ». En communiquant de crise, Courbit a joué les victimes (interview au Journal du Dimanche du 4 avril) et Maurice Lévy, le tycoon  : « le patron de Publicis, a rappelé dans une interview au Figaro que ce ne serait pas la première fois que son groupe prendrait pied dans les médias sans pour autant en abuser (sic) comme ce fut le cas par le passé avec la régie de France 3 Régions. » (Le Figaro, 30 mars) et s’est dit même dit « prêt à revoir à la hausse son offre pour la régie publicitaire  » (Le Journal du Dimanche, 11 avril). Mais, coup de théâtre, le 13 avril, du conseil d’administration de la chaîne a suspendu sine die les négociations sur la privatisation de la régie. Un « baroud d’honneur » de Patrick Carolis en fin de mandat), les cinq représentants du gouvernement ayant été retoqués par les dix du groupe public, lors du vote. Baroud d’honneur ? En fait, la décision s’explique logiquement « par "l’incertitude substantielle entourant le maintien ou non de la publicité avant 20h", en rappelant que la "négociation exclusive en cours est intrinsèquement liée à l’hypothèse d’une suppression de la publicité avant 20 heures sur les antennes du groupe"  » et que le gouvernement sollicité avant ce vote est resté coi sur ce sujet (Le Figaro, 14 avril).Dont acte.

- Nouvelle convention collective de France Télévision. Malgré le souhait des syndicats (SNJ, CGT, CFDT, CGC, FO, CFTC) qui exigeait des délais plus longs pour adopter un nouveau texte, le Tribunal de grande instance de Paris a confirmé que la négociation entre la direction de France Télévisions et lesdits syndicats portant sur une nouvelle convention collective pour l’audiovisuel public devait s’achever au plus tard le 7 juin prochain.. A noter qu’en « cas de désaccord entre les syndicats et la direction après le 7 juin, les salariés de France Télévisions seront soumis au Code général du travail ». Et « quant au Pdg de France Télévisions Patrick de Carolis, dont le mandat s’achève en août prochain, la décision du TGI pourrait lui permettre de respecter son calendrier initial et de mener jusqu’au bout la réforme de l’audiovisuel public. » (CB Newsletter, 30 mars).

 Lagardère se désengage de la télévision (1) et Bolloré accroit son emprise sur la TNT. Bolloré rachète pour 70 millions d’euros, Virgin 17, la chaîne non rentable de Lagardère, mais réalise (pour se consoler ?) une « plus-value de 40 millions ». Pour éviter les freins du CSA, mais surtout, créer une synergie entre Direct 8, sa généraliste et sa future musicale. Avec cette « acquisition qui marque [ses] ambitions », le groupe devient donc un « acteur important  » de la TNT, qui « draine de juteux budgets d’annonceurs - 17,8 % de l’audience et représenteraient, selon Kantar Media (ex-TNS MI), autant de parts de marché publicitaire en recettes brutes.  » (Les Echos, 19 mars).

  Lagardère se désengage de la télévision (2). Virgin 17 cédée à Vincent Bolloré, Lagardère se désengage aussi de Canal+ dont il détient 20%. « Ce qui devrait profiter à Vivendi, l’actionnaire principal, qui n’a jamais caché son intention de racheter les parts minoritaires de la chaîne cryptée » (jdd.fr, 14 avril).

 Télé Lyon Métropole (TLM) en voie de rachat par la crème du patronat local. La presse écrite régionale enfin sous leur contrôle, les industriels et financiers passent désormais aux médias audiovisuels. Selon Les Echos (14 avril) le groupe Le Progrès [6] « s’apprête à annoncer qu’il va entrer en négociation exclusive pour la vente de TLM (Télé Lyon Métropole) avec Jean-Pierre Vacher, l’actuel directeur général qui a réuni autour de lui une dizaine […] de grands patrons lyonnais parmi lesquels Alain Mérieux (via son holding l’Institut Mérieux), Bruno Rousset (à travers Evolem), Roland Tchénio (Toupargel), Bruno Lacroix (Aldès). » Des « spécialistes » des médias et du divertissement, qui vont, à cet effet « constituer une société ad-hoc baptisée Société de Participation pour la Télévision Lyonnaise, et dotée d’un capital de 2 millions d’euros. »

2. Radio

 RMC crée le dividende. Le groupe NextTvRadio est radieux : pour la première fois de son histoire, il annonce pouvoir verser un dividende à ses actionnaires en 2010 grâce aux bons résultats de sa radio. Tant mieux pour eux, et tant pis pour les salariés sacrifiés du groupe 01 [7], racheté par Alain Weill qui sans sourciller explique cette bonne performance financière : « Sa restructuration a pesé à hauteur de 6,6 millions d’euros sur les comptes. Le plus dur est derrière nous. Nous avons profité de l’année dernière pour réorganiser le groupe et fusionner les rédactions print et Web. Cette logique de mutualisation s’est révélée très efficace en fin d’année, après le rachat de Volnay Publications (SVM, SVM Mac PC Expert) : 01 a dégagé un résultat positif sur les quatre derniers mois de l’année 2009. » (Le Figaro, 17 mars 2010).

 La RNT enterrée avant que de naître ? « Après avoir été retardé à plusieurs reprises, le lancement de la radio numérique terrestre (RNT) a plus que du plomb dans l’aile. » Le CSA ayant « même décidé de renvoyer le dossier au gouvernement.  » (Les Echos, 9 avril). C’est que le dossier que l’on disait prometteur empoisonne (coûts et lobbying) les principaux protagonistes, et le CSA n’y peut rien : « les opérateurs, généralement favorables au lancement rapide de la RNT, sont divisés : certains souhaitent revoir la norme choisie et d’autres veulent attendre la fin de la crise des investissements publicitaires pour se lancer. » (CB Newsletter, 12 avril).

* Et pour couronner le tout :
  Mondialisation de la « rationalisation ». Selon une étude conduite auprès de 115 journalistes en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique : « Les rédactions ont partout subi des coupes budgétaires majeures : c’est le cas de 81 % des journalistes interrogés, tandis que 7 % pressentent des restrictions à venir. Ces économies sont essentiellement réalisées sur les pigistes (30 %), les effectifs (22 %), les agences ou les banques d’images (18 %) » (Les Echos, 9 avril).

 
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Notes

[4« EPIQ réalisée par la société AudiPresse, qui est une émanation des éditeurs. Fondée sur une enquête d’opinion réalisée tous les six mois par TNS-Sofres sur un échantillon de 25 500 personnes »

[6dont le Crédit Mutuel, est détenteur de 60 % aux côtés du Crédit Agricole Centre-Est, GL Events et la Caisse d’Epargne de Lyon-Rhône-Alpes

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