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L’actualité des médias n° 62 (octobre-décembre 2007)

par William Salama,

L’UMP veut sauver la presse - Bonheurs numériques – L’audiovisuel et la frénésie publicitaire.- Lagardère crie Oural ! - Les convoitises de Bolloré – etc.

I. Presse écrite

1. Presse Quotidienne

 Plan Orsec. Le 10 octobre, la commission des affaires culturelles du Sénat présidée par le sénateur Louis de Broissia (UMP de la Côte d’Or) a présenté ses propositions pour « sauver la presse quotidienne d’information » dans un énième rapport adoubé à l’unanimité par la commission des affaires culturelles, sous l’autorité de Jacques Valade (UMP de Gironde) au titre optimiste : « Presse Quotidienne d’information : chronique d’une mort annoncée ? ». Ses pistes de réflexion, (pour l’action, attendons le prochain… rapport), tendent à favoriser la «  reconquête du lectorat ; faciliter la prise en main du produit presse par les jeunes générations ; accélérer l’entrée des entreprises de presse dans l’univers numérique et conforter le statut des journalistes  ». Plus concrètement, l’UMP entend bidouiller les processus de « décisions internes aux entreprises de presse », et prévoit des « modifications législatives et évaluation des politiques publiques. » (Newletter Tarif Média, 18 octobre).

 Avaries et avarices au Monde . La situation financière du groupe Le Monde n’est pas réjouissante : «  Le comité d’audit interne n’a pas fait de quartier : le groupe devra réduire ses dépenses de 10 à 12 millions d’euros l’an prochain.  » (Le Nouvel Observateur, du 6 décembre) En conséquence, des « mesures  » ont été « présentées le 19 décembre pour réduire les pertes en 2008. » (Newsletter de CB News, 5 décembre) C’est-à-dire, un nouveau plan social sous forme de guichet de départs pour un journal qui a déjà réduit ses effectifs de 80 personnes en 2006 [1].

Pourtant, c’est là où le bât blesse, des augmentations prévues pour l’équipe dirigeante ont ulcéré « l’intersyndicale (Info’Com-CGT, SNJ-CGT, CFDT, SNJ) des magazines du groupe ». Elle a donc appelé les salariés à « débrayer pendant une petite (sic) demi-heure lundi 3 décembre ». Pierre Jeantet (président du nouveau directoire du groupe post-Colombani et Minc, élu en juillet) aurait demandé «  une revalorisation de sa prime de logement de 15.000 €, soit une rémunération "de 400.000 € par an (+4,9%)  » et M. Fottorino (directeur) «  une augmentation de "75.000 €, soit un salaire de 210.000 € par an (+55,6%)". » (Newsletter de CB News, 3 décembre).Interrogé par Le Point, le 13 décembre 2007, Eric Fottorino, directeur du Monde, explique : « J’admets les 210 000 euros brut annuels que j’ai demandés au comité des rémunérations. Mais ce n’est pas une exigence sine qua non. Le comité est tout à fait libre de déterminer le montant de ma rémunération, d’en fixer le calendrier en tenant compte de la situation de l’entreprise. » Laquelle est lourdement endettée et déficitaire, sans compter (façon de parler…, les indemnités de licenciement d’environ 950.000 euros approuvées pour Jean-Marie Colombani (selon Presse News relayé par la Newsletter de CB News, 29 octobre).

  Les Échos , La Tribune , NextTvRadio et Le Figaro en quadrille. Pearson a donc vendu Les Échos à LVMH pour 240 millions d’euros, «  au terme de quatre mois de négociations exclusives et malgré la vive opposition des salariés [...] L’opération devrait être finalisée "d’ici à la fin de l’année" ». Mais Bernard Arnault, patron de LVMH, devra céder La Tribune avant de devenir le patron des Échos pour des questions de concurrence – les apparences sont sauves - «  et compte [le] confier en portage à une filiale du Crédit Agricole » - une banque, pendant le processus. (Newsletter de CB News, 6 novembre).

Conséquence : le jeu des chaises musicales dans la recomposition de la curie médiatique en présence repart.
- C’est NextRadioTV, du tycoon Alain Weill promoteur de l’information discount, rentable (RMC, BFM) et dégraisseur du groupe Tests (lire plus bas, « Internet, le Chronos de la presse informatique »), qui rachèterait La Tribune à LVMH pour ... un euro symbolique (Challenges, 20 novembre) [2].
- Etienne Mougeotte prend le poste de Directeur des rédactions du Groupe Figaro, en lieu et place de Nicolas Beytout qui prend la direction du groupe Les Échos en plus de celle de DI Group. (Newsletter de CB News, 21 novembre). Etienne Mougeotte se porte garant de l’indépendance des rédactions. Beytout des siennes aussi. On peut lui faire confiance, sachant «  qu’il n’y a plus que deux acteurs dans l’information économique française : Bernard Arnault et Alain Weill  » (Newsletter de Marianne, 19 novembre). Lire ici même « Nicolas Beytout, compagnon des actionnaires et des gouvernants.

… Sachant aussi que cette indépendance est certainement garantie par Nicolas Sarkozy « si fier de son coup qu’il a annoncé lui-même aux journalistes le transfert de Nicolas Beytout du Figaro aux Échos ! » (idem, 19 novembre) [3]. .

L’argent aussi est important, faut-il le rappeler, car en attendant les salariés de La Tribune, étaient en grève « pour protester contre le "refus" du géant du luxe de négocier avec les salariés sur des garanties sociales. » (Newsletter de CB News, 3 décembre). Pour un euro symbolique ?

  Le Parisien , en toute indépendance . . Faut-il rapprocher ces deux faits ?
- « Jean-Marc Plantade, coordinateur de la cellule "enquête" du Parisien/Aujourd’hui en France, a rejoint le cabinet de la ministre de l’Economie Christine Lagarde en tant que conseiller pour la communication » mais en oubliant de démissionner : « "Nous l’avons appris par le cabinet de Mme Lagarde. Nous attendons la lettre de démission de M. Plantade, qui a été annoncée mais que nous n’avons toujours pas reçue", a indiqué vendredi la direction de la rédaction du quotidien » (Newsletter de CB News, 15 octobre)
- Mardi 20 novembre 2007 : Le Parisien titre à la « Une » : « Stop ! » (avec une photo des passagers patientant sur un quai bondé) Stop à la grève, bien sûr. Réaction immédiate du SNJ du Parisien qui estime que cette « Une » marque une « rupture avec la ligne éditoriale" du journal » En titrant "Stop" (sous-entendu aux grèves), le Parisien s’oppose de front à toute une frange de son lectorat, au risque de se couper de lui » estime le syndicat, qui souligne que le journal « a des lecteurs qui galèrent dans les transports et des lecteurs qui participent aux mouvements sociaux ou qui les soutiennent ». Bref, selon le SNJ, « A travers cette Une qui éditorialise, on le colore d’un positionnement qui n’est pas le sien ». Samedi 24 novembre, Le Parisien, soulagé, « rectifie » et titre à la « Une » : « Et si on pensait à Noël… »

2. Presse Quotidienne Régionale

 Les affaires continuent. « Les éditeurs de la presse quotidienne régionale travaillent, sous l’égide de leur syndicat - le SPQR- au lancement pour le printemps prochain d’un supplément magazine décoration - art de vivre, qui serait diffusé gratuitement à 1 million d’exemplaires avec leurs journaux dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants. Le magazine, qui devrait être réalisé par un prestataire extérieur, doit être financé par les annonceurs. » (Newsletter de CB News, 26 novembre)

 Et le numérique. « Sept titres quotidiens régionaux se sont associés pour donner une dimension nationale au portail de proximité Maville.com développé par Ouest-France, ont annoncé hier les partenaires du projet. Ouest-France, Nice-Matin, La Voix du Nord, La Nouvelle République du Centre-Ouest, La Montagne, Midi Libre et Sud-Ouest ont créé une société anonyme simplifiée commune, Maville SAS, pour éditer ce portail qui devrait couvrir une cinquantaine de villes d’ici la fin de l’année et 120 en 2008. » (Newsletter de CB News, 24 octobre). Ce n’est pas fini : «  Afin d’accompagner les entreprises et les commerces dans leur croissance et leur développement, la PQR vient de créer France PME, le premier réseau d’affaires des entrepreneurs sur le web.  »(Tarif Média, 22 novembre)

 Ok pour le groupe Hersant au sud. Hersant est désormais autorisé par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) à racheter la PQR de Lagardère et du Monde (La Provence, Nice Matin, Corse Matin et le gratuit Marseille Plus]), «  pour 160 millions d’euros. » (Newsletter de CB News, 12 décembre)

3. Presse Magazine

 Roularta choisit ses investissements. Le groupe belge propriétaire de L’Express-L’Expansion annonce «  prendre le contrôle de la totalité du capital du réseau A Nous qu’il contrôlait à parité avec le groupe Spir Communication. [...] "cette décision s’inscrit dans la politique de recentrage" de ses activités et "sa stratégie de développement axée autour de ses deux relais de croissance prioritaires que sont l’Internet et la distribution adressée". » (Newsletter de CB News, 16 octobre). Investissement, oui ! Hausse des salaires, non ! C’est pourquoi, « les salariés du Groupe Express-Expansion ont voté en faveur d’un nouveau débrayage de deux heures le mardi 11 décembre pour réclamer une augmentation collective des salaires. » Ils protestent «  contre le fait que la direction n’envisage aucune revalorisation collective des salaires pour la deuxième année consécutive. » (Newsletter de CB News, 5 décembre).

 Les magazines de marques valorisés. Le mercantilisme ayant horreur du vide. la presse des annonceurs devient une presse « à » annonceurs : « Audipress vient d’annoncer que les magazines de marques seront étudiés dans l’enquête AEPM à partir du 1er janvier 2008. » (Tarif Média, 24 octobre)

  Le Moniteur déboussolé. Les salariés du Groupe Moniteur étaient en grève depuis le 10 décembre : « pour réclamer une "nette revalorisation" de leurs rémunérations et la mise en place d’un quatorzième mois dès la fin 2007  ». (Newsletter CB News, du 10 décembre). Ils ont gagné sur ce dernier point (c’est tout).

 Internet, chronos de la presse informatique. «  Victime de sa spécificité, la presse informatique se réduit désormais aux titres les plus connus (Informatique, Hebdo, ’Ordinateur individuel). Elle n’a pas su renouveler son offre alors que les règles ont changé sur Internet. L’accès sur Internet à l’information gratuite mise à jour en temps réel a ajouté au décrochage de cette famille de presse.  » (lesechos.fr, 12 octobre). Rappel : le groupe Tests, propriétaire de magazines et sites internet sur les nouvelles technologies, a annoncé vendredi un plan de restructuration prévoyant des cessions et arrêts de titres jugés déficitaires et 163 suppressions de postes, deux mois après son rachat par NextRadioTV.

4. Presse en ligne

 Bonheurs numériques. Le Figaro a la joie d’annoncer, le 19 octobre, que « pour la première fois depuis juin 2006, ce sont deux sites de la presse quotidienne nationale qui arrivent en tête des sites d’information en ligne en France  ». Le sien, lefigaro.fr (2,594 millions de visiteurs uniques) et lemonde.fr (2,988 millions), devant «  TF1 News (2,468 millions de VU), Yahoo News (2,4104 millions), Google News (2,244 millions) et Orange News (1,958 million)  » (Oui, Orange est un site d’information). « Des scores qui permettent » au Groupe Figaro [quotidien, Madame, Magazine] de « revendiquer  » (aux annonceurs) « désormais une audience totale de 5,652 millions de visiteurs uniques. » (lire aussi Lagardère)

 Un Figaro encore plus clair et plus riche. Une « nouvelle version du site figaro.fr propose à ses lecteurs une grille de l’actualité encore plus claire et plus riche avec des services comme MonFigaro, une billetterie en ligne avec Ticketac, des programmes TV avec Tvmag.com.  » (Tarif Média, 22 novembre)

  Libération à voir et à ranger. Libération crée «  "LibéLabo", un site de programmes -interviews, reportages, débats - en son, en images et en diaporamas sonores  ». Le but n’est pas financier bien sûr, mais «  de décliner le savoir-faire, le regard, le ton de Libération en formats audio et vidéos".  » (Newsletter de CB News, 24 octobre)

 Edwy Plenel et la «  presse indépendante » (soutenue par Ségolène Royal). Edwy Plenel a lancé la première version de son site d’information, mediapart.fr, en se fendant d’un bien bel éditorial « [...]Nous lançons aujourd’hui le pré-site du projet, pour expliquer son ampleur, animer le débat sur la presse et l’information aujourd’hui en France, dire qui nous soutient et recruter des abonnés pour le site final. » Et d’annoncer, modestement son souhait « amener cette envie, cette espérance d’une presse véritablement indépendante". »

Médiapart, indépendant ? Cela reste à voir : Ségolène Royal a invité les militants de Désirs d’Avenir à soutenir, « au nom de la liberté de l’information et du pluralisme », le projet MédiaPart. Lire ici même : « Royal soutient MediaPart : tempêtes dans un verre à dents… longues.

Mediapart, transparent ? Ce n’est pas encore gagné. Edwy Plenel a chiffré à 4 millions d’euros les besoins de financement du site pour trois ans, entre «  Les fondateurs de la société, baptisée MediaPart », et notamment «  trois-investisseurs partenaires, issus du monde des nouvelles technologies, et dont [il] ne veut ou ne peut pas encore dévoiler les noms, apporteraient également 500.000 euros chacun. Pour le million restant, une société des amis regroupera quelques dizaines d’investisseurs individuels, entrés dans le capital pour des montants allant de 5.000 à 50.000 euros.  ». (Challenges.fr, 14 novembre.)

II Audiovisuel

1. Grands chantiers…

 « Télévision sans frontières, publicité sans limites  » [4] Le Parlement européen a adopté le jeudi 29 novembre un nouveau cadre législatif qui se substituera en applicable en 2010 à la directive Télévision sans frontières, en vigueur depuis 1989. Parmi les principales mesures (nous reviendrons ultérieurement sur l’ensemble) :
- Le placement de produit (l’introduction d’une marque dans les fims, les téléfilms, les émissions de divertissement contre rétribution) est autorisé, sauf si des Etats veulement l’interdire… et à condition de l’annoncer en début et en fin de programme ;
- Le délai minimal entre deux interruptions publicitaires tombe à 30 minutes, au lieu de 45 actuellement pour les films, les téléfilms, les journaux télévisés et les émissions pour enfants.

 Loi audiovisuelle (et publicitaire). Ne pas oublier les « chantiers de la réforme à venir de l’audiovisuel » qui remettra « à plat en 2008 » celle de 1986. Et lire ici même : « L’audiovisuel dans le collimateur de la droite « “décomplexée” » (10 octobre 2007). Parmi ces « chantiers » : l’augmentation du volume publicitaire sur les chaînes. Il est « actuellement limité à 12 minutes par heure sur les chaînes privées et à 8 sur les chaînes publiques » avec pour justification d’accroître « le financement de la production audiovisuelle française ». Ce qui n’est pas de l’avis Jacques Peskine (responsable de l’Union syndicale de la production audiovisuelle - USPA) : « Christine Albanel veut-elle être la ministre qui aura affaibli la production audiovisuelle ? » (Les Échos, 7 décembre 2007). [5] Mais d’autres se réjouissent : « Les annonces de Christine Albanel,[...], ont permis (sic) au cours de la Bourse des grands groupes privés d’effectuer un rebond spectaculaire. », (LeFigaro.fr du 10 octobre 2007) Côté radio, participant de cette philosophie de débridement publicitaire, on apprend que Radio France a « engagé des discussions avec le gouvernement pour un assouplissement des règles portant sur la diffusion de publicité sur ses antennes. » (Newsletter de CB News, 10 décembre)

 Audiovisuel extérieur, mutualisation en cours. « Dans un amendement voté le 21 novembre 2007, la commission des Finances du Sénat préconise un regroupement de l’ensemble des crédits de l’audiovisuel extérieur dans une même unité budgétaire, le programme "Action audiovisuelle extérieure" de la mission "Médias". Cette mise en cohérence "doit encourager les coopérations entre les équipes de journalistes" des chaînes France 24, TV5Monde et de la radio RFI, "tout en respectant l’identité propre de chacun des acteurs de l’audiovisuel extérieur". » (Newsletter de CB News, 23 novembre) Or cette mise en cohérence promet d’être un démantèlement si l’on considère que les chaînes en question « ont actuellement des structures de capital variées, ainsi que des tutelles et des sources de financement différentes » (AFP, du 5 décembre).

A TV5, le climat est lourd : Selon le SNJ-CGT, les « deux tiers de la rédaction » de la chaîne se sont mis en grève reconductible, le 10 décembre « pour dénoncer la "dégradation des conditions de travail, demander le recrutement de journalistes supplémentaires et l’ouverture d’une négociation salariale. » Plus généralement, dans un communiqué de soutien aux grévistes de TV5 daté du 11 décembre 2007), le Bureau national du SNJ-CGT se déclare « très inquiet pour l’avenir de l’audiovisuel extérieur après le rapport Benhamou, notamment en ce qui concerne le respect des lignes éditoriales de chaque société et le maintien pour les journalistes de l’avenant audiovisuel de la Convention collective nationale de travail des journalistes ».

Mais fi de tout cela ! Comme on pouvait s’en douter Alain de Pouzilhac, patron coopté de France 24 « a précisé qu’il était favorable à la réforme de l’audiovisuel public actuellement à l’étude et a indiqué qu’il rencontrerait vendredi matin le responsable du comité de pilotage de la réforme, le journaliste Georges-Marc Benamou, conseiller du président Nicolas Sarkozy. » (Newsletter de CB News, 6 décembre) [6]

 France Télévisions « réformée » ? Un article de Marianne du 27 octobre qui ne va pas arranger les choses : « Un Titanic nommé France 2 »... En trois ans, l’audience du fleuron du groupe public a chuté de 20,5% à 18,5%. Depuis début septembre, catastrophe, «  elle se situe en moyenne à 16,9%, très en deçà de la "ligne de flottaison" d’une chaîne grand public, qui plus est de service public » (traduction : bien moins que son modèle inavoué TF1). Conclusion du magazine « Toutes les conditions d’un naufrage sont réunies, à tel point que certains se demandent si la privatisation ne serait pas inéluctable. » Certain ? Des noms ! Marianne  ?

... La mode est aux chantiers (dont le contremaître est Georges-Marc Benamou) : en 2008 une réforme visant à « "moderniser et harmoniser" le groupe audiovisuel, avec un statut unique pour les différentes chaînes (France 2, France 3, France 4, France 5 et RFO) » est aussi prévu. D’où ce droit d’alerte voté par le SNJ-CGT, SNRT-CGT, CFDT, SNJ et CFE-CGC, justifié par Alain Vernon, élu SNJ-CGT. « "M. de Carolis nous présente la réforme petits bouts par petits bouts, mais on ne sait pas où on va, notamment si ce projet aura des conséquences sociales... Or, il y en aura sûrement". » (AFP, 13 décembre)

Ainsi (et comme dans le monde des entreprises privées où l’on audite pour fonder ses décisions) : « "Le débat sur l’audience est légitime, mais nous voulons aussi parler de qualité. D’ailleurs, annonce-t-il, nous lancerons prochainement un baromètre qualificatif, chaîne par chaîne" » selon, Patrice Duhamel, le directeur de France Télévisions qui « annonce que 2008 sera l’année de la mutualisation des moyens pour le secteur public. » (Newsletter de CB News, 19 novembre)

2. … et petites nouvelles

 Menaces sur la création audiovisuelle. En raison des retards dans la publication des décrets qui réglementent les obligations des diffuseurs. « Le Dg de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) Pascal Rogard a fustigé le renvoi sine die par le gouvernement de la parution des décrets, qui devaient faire suite à la loi sur la TV du futur votée au printemps 2007. » (Newsletter de CB News, 22 novembre)

 NRJ Groupe défend le CSA ! « NRJ Group a demandé hier au gouvernement "d’annoncer au plus vite le rejet du projet de suppression" du CSA proposé par le Comité Balladur sur la réforme des institutions favorable à la création d’un "conseil du pluralisme" aux compétences élargies. NRJ Group (NRJ, Nostalgie, Chérie FM, Rire et Chansons, NRJ 12) s’inquiète de cette "mise en cause à quelques semaines du lancement de chantiers importants pour l’audiovisuel français (télévision mobile personnelle, radio numérique...)". » (Newsletter de CB News, 31 octobre)

 Mystère du management chez LCP-AN. Motion de défiance de la rédaction contre le directeur de la rédaction de « La chaîne parlementaire-Assemblée nationale ». Il a donc été « suspendu de ses fonctions ». Motif (très pudique, cela devait être grave) : « des comportements, des faits, des problèmes relevant d’un poste précis, celui de directeur de la rédaction". » (Newsletter de CB News 21 novembre). Des comportements «  gauches » ?

 Jean-Marie Colomb’honni. La Société des journalistes de Radio France a demandé « le retrait de Jean-Marie Colombani des antennes de France Inter et de France Culture, le temps de sa mission sur l’adoption que lui ont confiée l’Elysée et Matignon. » En vain : « Le directeur de France Inter, Frédéric Schlesinger, lui a répondu que "le sujet" de la mission de M. Colombani "n’était pas politique et relevait d’un problème de société" » (Newsletter de CB News, 15 octobre)

 RMC défend le pouvoir d’achat ! Selon Newsletter de CB News, 7 décembre RMC a lancé « "système B". B comme Bourdin » … ou comme ou Business... « Le principe est assez simple : se servir de la communauté d’auditeurs de RMC pour mettre en place des offres spéciales dans des [...] boutiques, supermarchés, ou encore cinémas [...] "C’est une façon de dire à nos auditeurs que nous avons compris leurs préoccupations autour du pouvoir d’achat", indique Alain Weill, président de NextRadioTV - propriétaire de RMC. »

 Droits sportifs : un peu de fair play , svp. Canal Plus a déposé « un recours en référé devant le Conseil d’Etat pour demander la suspension de la procédure de l’appel d’offres des droits de la Ligue 1 pour la période 2008-2012 » selon CB News (10 décembre) qui note « une escalade dans la lutte d’influence entre les "deux partenaires" historiques, qui s’interpellent par voie de presse depuis quelques mois. » Nul besoin de faire de dessin, tout ce petit monde a ses raisons que seul le business n’ignore pas : « Réagissant aux procédures lancées par Canal+ contre l’appel d’offres portant sur la commercialisation des droits audiovisuels de la Ligue 1, Frédéric Thiriez, président de la ligue de football professionnel se déclare surpris de "l’attitude belliqueuse de la direction de la chaîne envers le football français et regrette que "le management de Canal + opte pour une logique d’affrontement et de dénigrement du championnat, plutôt que de dialogue ou de partenariat". . » (Newsletter de CB News, 14 décembre)

3. Numérique

 TF1 est partout. « Chute en novembre de la part d’audience sur les 4 ans et plus de TF1 sous la barrière des 30%. » (Newsletter de CB News, 4 décembre) Mais ce n’est pas grave. « Nonce Paolini, directeur général de TF1 depuis mai dernier, estime que la fragmentation de l’audience audiovisuelle "n’est pas un handicap" mais "une opportunité" pour TF1 et veut "gérer différemment" la chaîne privée afin de "dégager des ressources" sans sacrifier les programmes. » (Le Monde, 3 décembre)
- Illustration : AB, que TF1 possède à 33,5%, a lancé le 10 décembre « un bouquet satellitaire de 25 chaînes payantes qui comprendra des chaînes de la TNT gratuite et des chaînes d’AB Groupe, diffusées sur deux satellites d’Eutelsat. Cette nouvelle offre, baptisée "Bis". » (Newsletter de CB News, 7 décembre)
- Par ailleurs, « 28 chaînes locales et régionales (TLT, Nantes 7, TV8 Montblanc, TLM, LCM...) » viennent de « confier leur régie publicitaire » nationale à TF1 Publicité. (Newsletter de CB News, 29 octobre)

 Canal Plus aussi… - Dans la boutique d’en face, idem : « Face aux changements d’habitude de consommation de la télévision et à la concurrence des opérateurs de télécoms, Canal+ déploie une stratégie donnant plus de choix de programmes à l’abonné (6 chaînes) et lui facilitant la consultation des programmes où et quand il veut (à partir du 6 décembre, possibilité de visionner les programmes à la demande sur internet). » (Newsletter Tarif Média, 30 octobre)

 Guerre de la convergence. France Télécom a menacé « de porter plainte contre Canal Plus, qui lui impose de distribuer son bouquet de chaînes CanalSat en un bloc, alors que les câblo-opérateurs peuvent le distribuer chaîne par chaîne. » (Newsletter de CB News, 10 octobre). Rappel : Canal Plus c’est Vivendi, Vivendi c’est SFR, le concurrent de France Télécom. Tout s’éclaire lorsqu’on connaît la machinerie.

 La TMP is on the way. La télévision mobile sur portable « sera une réalité en France fin 2008. [...] Le CSA a donné jeudi 8 novembre le coup d’envoi pour l’appel à candidatures pour les 16 chaînes de TMP [...] 13 [...] canaux seront disponibles et les candidats ont jusqu’au 15 janvier 2008 pour déposer leur dossier. » (Newsletter de CB News, 19 novembre)
Orange (France Télécom) s’est dit « "concerné" » (ah bon ?) par l’appel à candidatures pour la télévision mobile personnelle (TMP), tandis que SFR est moins pressé (il appartient à Vivendi lequel à CanalSat) et « n’écarte pas la possibilité de se placer aussi sur les rangs. » (Newsletter de CB News, 7 décembre). A noter que Bouygues n’y va pas, mais il est vrai que Bouygues c’est TF1 ...

 La radio numérique is on the way. « La radio numérique va devenir une réalité », frétille Christine Albanel, laquelle, dit CB News : « a signé l’arrêté qui fixe les normes de diffusion », souhaitant que « cette signature "marque le coup d’envoi de la radio numérique pour que celle-ci arrive d’ici un an dans les foyers français". Et d’ajouter, un brin lyrique : "C’est un grand jour pour la radio française qui entre de plain pied dans l’ère numérique. Noël 2007 sera sans doute celui de la télévision numérique. Noël 2008 sera celui de la radio numérique". » (Newsletter de CB News, 6 décembre)

Et pour finir : Lagardère & Bolloré

 Lagardère crie Oural ! En France, côté finance, Lagardère geint mais s’accommode ... Si le groupe a « enregistré sur les neuf premiers mois de 2007 une hausse de 7,1% de son chiffre d’affaires consolidé, son activité du pôle médias a reculé de 3,4% » - ce qui ne veut pas dire perte, soyons d’accords (Newsletter de CB News, 18 novembre).
En fait, sa géopolitique du business média regarde vers l’Est. Et en Russie plus précisément où « LAM dispose d’un groupe de presse, mais aussi de radio avec trois réseaux (Europe Plus, Retro et Radio 7) ». Le pays devient « une priorité » (logique) : « un doublement du chiffre d’affaires tous les trois ans, des prix de vente augmentés deux fois par an, des diffusions à faire pâlir d’envie tout éditeur de magazines français. » (Le Figaro du 26 novembre)

Il est une autre contrée tout aussi « eldoradique » : « Lagardère Active, [...] va créer cent nouveaux sites internet dans le monde à l’horizon 2009, dont une dizaine en France d’ici fin 2007 » avec pour objectif « de passer la part du numérique dans le chiffre d’affaires de 5 à 10% en 2009. » (Newsletter de CB News, 26 octobre).

Du coup, adieu monde terrestre : Lagardère Active a cédé 100% de « sa filiale portugaise Hachette Filipacchi Publicaçoes » à l’éditeur RBA Publicaciones dans le cadre de son plan de rationalisation,(Newsletter de CB News, 31 octobre). Et «  a dû (sic) procéder à l’arrêt de 17 magazines dans le monde et a ouvert un plan de départs volontaires en France, auquel 193 employés ont répondu » (Le Figaro du 26 novembre)

  Distribution sélective. L’avenir est au kiosque en ligne. La direction des NMPP (qui appartient à 49% à Lagardère) « a présenté au comité central d’entreprise un projet prévoyant la suppression de 350 emplois sur 1200 et la fermeture de centres de tri dans le cadre de son plan de modernisation "Défi 2010" » [7] (Newsletter de CB News, 15 novembre). Et la précarisation ? Via « un nouveau concept de point de vente de journaux de petite surface dans les centre villes, qui permettra une meilleure rémunération des commerçants indépendants et de remédier à la désaffection » (Newsletter de CB News, 29 octobre). Le Syndicat général du livre et de la communication écrite (SGLCE-CGT) a jugé que ce plan dans lequel sera investit 130 millions d’euros « n’est "pas recevable en l’état" » (Newsletter de CB News, 3 décembre)

 Bolloré : et maintenant les réservoirs d’information ? Selon une information publiée mercredi 12 décembre par Le Canard enchaîné et Newsletter de CB News, Bertrand Eveno, ancien PDG de l’Agence France-Presse,et Vincent Bolloré se sont associés pour reprendre le service français de l’agence de presse américaine Associated Press Partage du gâteau : 40 % pour Vincent Bolloré et à 60 % pour Bertrand Eveno. Vincent Bolloré est déjà présent dans la presse gratuite, la télévision la création publicitaire, l’achat d’espaces, la diffusion de contenu. Lire ici même « Vincent Bolloré à l’assaut des médias ». Quant à Bertrand Eveno, il s’est déjà plusieurs fois signalé par un sens aigu et très « moral » des affaires. Lire, par exemple, ici même : « Le PDG de l’AFP passe chez Hachette : Ethique et concurrence ».

 
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Notes

[1A noter que le site Internet fait des bénéfices mais «  il faut les partager avec le groupe Lagardère, coactionnaire, qui a assuré les investissements. » (Le Nouvel Observateur, du 6 octobre).

[2Les valeurs fluctuent : La Tribune a perdu 29 millions d’euros en deux ans. Mais LVMH garderait une influence financière sur cette dernière. En effet, il «  s’engagerait en outre à recapitaliser le quotidien à hauteur d’environ 30 M€ et à verser 10 M€ sous forme de prêts remboursables. » (Newsletter de CB News, 21 novembre)

[3Nicolas Sarkozy qui ose s’insurger dans Le Nouvel Observateur du 13 décembre : « "la liberté de la presse, c’est le soutien de la gauche". "Nous atteignons le comble de l’hypocrisie française ! La presse est (...) culturellement de gauche. Cela ne gêne personne", a répondu le chef de l’Etat, expliquant que "la presse, globalement, a été opposée à (sa) candidature. C’est son droit. Dire qu’elle (l’a) aidé, c’est à exploser de rire !" ; Il a par ailleurs salué "que des industriels investissent dans la presse plutôt qu’elle appartienne à des fonds de pension anglo-saxons !", "Je vais être très clair : si je suis le seul risque pour l’indépendance de la presse, vous pouvez dormir tranquilles". »

[4Titre volé au Monde diplomatique (2005).

[5Autre projet : des règles anti-concentration qui « interdisent notamment à un groupe de détenir plus de 49 % d’une chaîne hertzienne analogique et 15 % d’une seconde chaîne. Elles interdisent aussi à un même groupe d’être présent (plus précisément, de dépasser un seuil d’audience) dans trois médias à la fois (radio, télévision et presse). »

[6Lire également, sur l’audiovisuel extérieur : « Quel avenir pour l’audiovisuel extérieur » dans « L’Actualité des médias n°62 » et « Audiovisuel extérieur : Quel avenir pour RFI ? ». Et sur Benamou : « Georges-Marc Benamou, commis de Lagardère devenu scribe de Sarkozy ».

[7Soutenu par le Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN) » et les trois grandes fédérations de presse magazine (FNPS, SPMI, SPPMO)

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