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Journalistes pigistes : les patrons de presse ne manquent pas d’air (SNJ)

Nous publions ci-dessous un communiqué du SNJ (Acrimed)

Sans vergogne, les organisations patronales de la presse écrite viennent d’annoncer qu’elles comptaient bien poursuivre la mise en place du « protocole d’étape » concernant les journalistes pigistes. Un texte qu’elles présentent comme un progrès, alors qu’il remet en cause des dispositions légales et est attaqué en justice par le SNJ, le SNJ-CGT et le SGJ-FO. Trois syndicats de journalistes qui, il faut le rappeler, ont totalisé près de 74 % des suffrages aux récentes élections à la Commission de la carte.

Dans La Correspondance de la Presse, les fédérations patronales ont l’audace d’écrire que ce protocole permet de faire accéder les journalistes rémunérés à la pige à leurs droits légaux et conventionnels. Faut-il leur rappeler que, depuis 1974, certains employeurs appliquent sans difficulté tous ces droits. Et qu’à défaut, la justice a su les mettre face à leurs obligations. Comme, par exemple, la prise en compte des journalistes pigistes dans le calcul des effectifs. Ou le paiement des primes d’ancienneté sur l’intégralité du salaire, quand aucun barème de pige n’existe.

A ce sujet, le SNJ rappelle que c’est systématiquement du fait de la partie patronale que les négociations sur un barème minimal de piges ont été interrompues ces dernières années. Et qu’aucune des fédérations relancées récemment par le SNJ pour rouvrir ces négociations n’a encore daigné répondre.

À l’inverse, des effets pervers du « protocole d’étape » nous sont déjà signalés. La prime d’ancienneté, que les organisations patronales mettent volontiers en avant, est parfois intégrée dans le tarif de pige au lieu d’être ajoutée au salaire de base. Certains employeurs se contentent ainsi de la faire apparaître sur la feuille de paye sans rien changer à la rémunération finale.

D’autres tentent de contourner l’obligation conventionnelle de maintien du salaire en cas de maladie, maternité et accident du travail, en renvoyant les journalistes concernés vers un régime de prévoyance conçu pour le décès, l’invalidité et la longue maladie.

Si les fédérations patronales avaient vraiment à cœur de respecter les droits des journalistes pigistes, pourquoi n’ont-elles pas paraphé plus tôt l’accord sur la formation, longuement négocié et signé dès 2007 par les syndicats de journalistes ? Pourquoi tant de retard à désigner leurs représentants dans la commission chargée d’examiner les dossiers de formation présentés par des journalistes pigistes ?

Le Syndicat national des journalistes, première organisation de la profession, n’est pas dupe et dénonce ce double langage permanent des patrons. Il met la profession en garde contre toute application de ce protocole dont il espère l’invalidation.

Paris, le 26 juin 2009

 
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