Les scores élevés du Front national aux élections européennes et départementales ont fait l’objet d’innombrables analyses et commentaires. On a notamment pu lire ou entendre que les « grands » médias porteraient une responsabilité particulière dans l’ascension du FN. Ce dernier ne cesse, quant à lui, de dénoncer le traitement médiatique défavorable qui lui serait réservé. Qu’en est-il réellement ?
Si le rôle effectif des médias dans la progression du Front national est indéniable, ce serait leur prêter un « pouvoir » disproportionné que d’expliquer prioritairement par ce rôle l’écho que rencontrent les « thèses » et « thèmes » portés par le FN, ainsi que ses scores électoraux. Les médias ne créent pas les mouvements d’opinion : ils peuvent les accompagner, les amplifier ou les brider. Les médias n’interviennent pas isolément : leur « pouvoir » n’existe qu’en résonance ou en convergence avec d’autres pouvoirs, à commencer par le pouvoir politique.
Dire cela ne revient toutefois pas à exonérer les médias de leur responsabilité dans la progression du FN : reste à identifier les mécanismes et les pratiques par lesquels les médias dominants contribuent à favoriser cette progression.
Pour prolonger la réflexion, on pourra se reporter au numéro 14 de notre magazine Médiacritique(s).