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Dominique Bromberger répond, persiste et signe

Quelques auditeurs de France Inter ont bien de la chance : ils ont reçu, comme l’un de nos correspondants, un courrier électronique signé Dominique Bromberger. Celui-ci répond « collectivement » à des critiques dont nous ne connaissons pas exactement le contenu, si l’on excepte celui de notre article (« Dominique Bromberger, porte-flingue de Raffarin),

La brève réponse du chroniqueur qui jette ses « Regards sur le Monde » vaut le détour...

Une réponse collective et désolée

« Paris, le 20 octobre 2003

Chers amis,

Je me permets de vous répondre collectivement car les « supporters » de José Bové sont très nombreux parmi les auditeurs de France Inter et que j’ai, apparemment, choqué bon nombre d’entre vous.

Je n’avais pas l’intention de mettre José Bové et Jean-Marie Le Pen sur le même plan. Si telle a été votre impression, j’en suis désolé et peut-être y a-t-il eu de la maladresse de ma part.

En revanche, je maintiens que le fait de faire porter tous les malheurs de la France à une seule cause extérieure relève de la démagogie.

Pour Jean-Marie Le Pen, c’est l’immigration. Pour José Bové, la mondialisation libérale. Agiter un épouvantail dispense chacun d’entre nous et la collectivité toute entière de se poser la question des rectifications que nous avons nous aussi à opérer pour maintenir notre pays sur le bon chemin.

Les difficultés, les malheurs peuvent venir en partie de l’étranger mais nous devons savoir y faire face. Accuser les autres est toujours la solution la plus facile. De même, proférer des insultes n’est pas une façon d’élever le débat politique.

Veuillez croire, chers amis, à l’expression de sentiments très cordiaux même vis-à-vis de quelques-uns d’entre vous qui se sont un peu échauffés en m’écrivant.

Dominique Bromberger »

Un courrier lénifiant et transparent

Pourquoi la réponse de Bromberger est-elle collective ? Parce que, dit-il, « les "supporters" de José Bové sont très nombreux parmi les auditeurs de France Inter et que j’ai, apparemment, choqué bon nombre d’entre vous. ».

Bromberger, donc ne veut pas choquer...

D’ailleurs : « Je n’avais pas l’intention de mettre José Bové et Jean-Marie Le Pen sur le même plan. Si telle a été votre impression, j’en suis désolé et peut-être y a-t-il eu de la maladresse de ma part. »

Rappelons les phrases que Dominique Bromberger à rédigées sans intention :

« De surcroît, tous nos gouvernements, appuyés par une bonne partie de l’opinion publique, ont toujours cherché des échappatoires pour ne pas changer, en rendant responsable de nos malheurs la mondialisation, l’immigration ou la réunification de l’Allemagne. Et il est vrai qu’il y a toujours en France des démagogues populistes, dont les derniers exemples en date sont Jean-Marie Le Pen et José Bové, pour rendre le monde entier responsable de nos difficultés. »

Donc Bromberger n’avait pas l’intention de mettre sur le même plan - celui de la « démagogie populiste » - José Bové et Jean-Marie Le Pen - qu’il place cependant sur le même plan : celui de la « démagogie populiste ». Croire qu’ils sont mis sur le même plan, ne serait qu’une « impression », suscitée tout au plus par une éventuelle maladresse : « peut-être ».

Où nous conduit cette repentance jésuitique que personne, on l’espère, n’a demandée à Dominique Bromberger ?

... A réaffirmer, benoîtement, que si Jean-Marie Le Pen et José Bové ne sont pas « sur le même plan », ils sont cependant « sur le même plan ». Qu’ils ne sont pas identiques, mais semblables...

Ce qui donne :

« En revanche, je maintiens que le fait de faire porter tous les malheurs de la France à une seule cause extérieure relève de la démagogie. Pour Jean-Marie Le Pen, c’est l’immigration. Pour José Bové, la mondialisation libérale. »

Pourquoi la « mondialisation libérale » serait-elle une cause extérieure, alors que les gouvernements et des entreprises français en sont des acteurs ? Mystère... Qui prétend que les altermondialistes réduisent tout à une seule cause ? Dominique Bromberger...

Et puisque la démagogie consiste, si l’on a bien compris, à chercher non des causes mais des boucs émissaires, il vaut la peine de s’arrêter sur cette fort rationnelle affirmation de la chronique mise en cause : « Il est absolument exact que la France est restée fossilisée dans la gangue étouffante des hauts fonctionnaires, des intellectuels marxistes, des patrons réclamant l’assistance de l’Etat pour leurs entreprises et des syndicats dominés par les employés de la fonction publique pendant très longtemps. »

Qui est l’auteur de cette bulle pontificale et démagogique ? Dominique Bromberger...

... dont les opinions, après tout, font partie du débat public : un débat qui pourrait être pleinement démocratique, s’il ne se réduisait pas, le plus souvent, au dialogue entre les voix tonitruantes et les voix susurrantes d’éditorialistes qui disent, pour l’essentiel, la même chose, notamment sur France Inter, radio publique, on ne se lasse pas de le rappeler.

Là est, outre la comparaison entre Le Pen et Bové, la véritable insulte et, comme le dit Dominique Bromberger, « proférer des insultes n’est pas une façon d’élever le débat politique.  »

 
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