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Communiqué

BHL et Cie : « "Comptes" de fées à France 5 » (CGT France Télévisions)

Nous publions ci-dessous, sous son titre original, un communiqué du SNRT-CGT et du SNJ-CGT de France Télévisions à propos d’un documentaire sur la rénovation d’une demeure d’ Arielle Dombasle, co-produit par une société appartenant à Bernard-Henri Lévy [1]. (Acrimed)

"Comptes" de fées à France 5


Madame Andrée Putman est une grande dame du design, de la décoration, de l’architecture. Benoît Jacquot est un excellent réalisateur. La rencontre de ces deux artistes pourrait être l’occasion d’une de ces œuvres de haut niveau esthétique trop rares à la télévision, y compris sur les chaînes publiques.

Choisir pour cadre de cette rencontre et pour trame d’un film documentaire la métamorphose d’une demeure de Tanger grâce au talent d’Andrée Putman n’est pas une mauvaise idée. On aimerait pouvoir applaudir France 5 pour cette initiative...

Malheureusement, il y a deux petites ombres au tableau.

 D’abord l’investissement de France 5 dans cette affaire : 150.000 €. Plus du double de l’apport habituel de cette chaîne dans le financement des documentaires.

 Ensuite, le choix du co-producteur. En effet, la maison de rêve en question appartient à Madame Arielle Dombasle et la société chargée de la production "Les films du lendemain" appartient à son époux Bernard-Henri Lévy.

La CGT de France-Télévisions souhaitait faire part à la Présidence du groupe des réserves suscitées par le montage de cette co-production, en espérant qu’elle les partagerait et qu’elle prendrait les mesures nécessaires pour y mettre un terme. La réponse a été une fin de non recevoir. C’est pourquoi nous nous décidons à rendre publiques les réflexions que nous inspire une telle situation (dont plusieurs membres du Conseil d’Administration de France-Télévisions se sont étonnés comme nous) et à poser quelques questions :

- Ne s’agit-il pas d’un cas typique de mélange des genres ?

- Ce genre de pratique n’est-il pas contradictoire avec les règles élémentaires de saine gestion d’un grand service public ?

- N’existe-t-il pas au sein du Groupe de dispositif d’alerte permettant de détecter à temps et de bloquer le montage d’une opération aussi discutable ?

- Les responsables du Groupe ont-ils laissé faire en toute connaissance de cause ? Sont-ils prêts à assumer ce type de collaboration et donc à permettre que de tels faits se reproduisent ?

Au moment où les créateurs et les personnels de France-Télévisions subissent durement les conséquences du sous-financement délibéré du service public par l’Etat, au moment où France 3 est contrainte de réduire ses activités (Informations et Programmes) en région, de telles questions exigent des réponses précises.

Le 29 octobre 2004

 
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Notes

[1Nous avions signalé cette « incongruité », à la suite du Canard enchaîné et de Libération, dans « L’Actualité des médias n°32 » (note d’Acrimed).

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