Faut-il croire les autorités militaires aujourd’ui ?
La réponse d’Eric Favereau dans Libération (vendredi 2 fevrier 2001)
" Selon une étude du ministère, la moyenne des cas est la même chez les civils.
"Aucun lien à présent." Le ministère de la Défense a affirmé hier qu’il n’était pas possible d’établir un lien entre l’utilisation d’uranium appauvri dans certaines munitions et des cas de leucémie chez les militaires, notamment ceux qui ont servi dans les Balkans et le Golfe.
"Il n’y a pas d’argument objectif pour retenir actuellement la responsabilité de l’uranium appauvri", est-il écrit dans un document diffusé par le ministère. Ce constat se base sur des examens conduits sur cinquante militaires, dont six hospitalisés en 2000 pour leucémie aiguë, après avoir été dans les Balkans, sur des données épidémiologiques et sur le contrôle des munitions françaises utilisant de l’uranium appauvri. "Nous n’avons retrouvé aucune trace d’uranium dans les analyses d’urine de ces personnels", a précisé le porte-parole du ministère : "Il n’y a pas plus de leucémies pour la population militaire sur les quinze dernières années que dans la population générale. Le nombre de leucémies chez les militaires se situe dans la moyenne, et même plutôt en dessous de la moyenne nationale constatée par le ministère de la Santé."
Le ministère précise que huit cas de leucémie au total ont été enregistrés en 2000 sur 370 000 militaires d’active, soit environ 2 cas pour 100 000, ce qui correspond "au taux d’incidence de la population générale". Et ensuite : "L’étude rétrospective des cas, recensés de 1985 à 2000, permet de retrouver un taux d’incidence, qui varie entre 0,5 et 2 pour 100 000 selon les années, pour les militaires. Il y a une légère augmentation en 2000, mais cela reste dans la fourchette des données de santé publique."
Face à ce travail, la mission parlementaire d’information sur le syndrome du Golfe a réagi a minima, annonçant "prendre acte" des résultats de l’analyse. "
La vigilance d’Eric Favereau semble avoir été prise en défaut.
Hervé, sur la liste de débat debacrimed@, commente :
" Dans l’article ci-dessous, on retrouve le traitement habituel que la presse et les chargés de comm des ministères réservent aux statistiques. Comment voulez-vous comparer les choux-fleurs et les carottes disait mon instituteur ? Ne faut-il pas renvoyer les journalistes devant leur instit ? Car si les statistiques sont faites sur 370 000 militaires d’active, le faible impact des 6 cas (ou des 50, la phrase est pas claire pour une phrase qui cite des chiffres et des études " scientifiques ") est normal.
La seule chose qui serait éclairante serait de savoir si la proportion est différente sur le nombre de militaires envoyés dans les Balkans. On aurait un pic statistiques, et pas besoin d’avoir fait polytechnique pour voir qu’il y a un problème.
Ca rend d’autant plus étrange la remarque mi-chèvre, mi-choux de la commission parlementaire.
Mais ça ne lasse pas d’interroger sur l’information. Un journaliste est-il là pour répercuter les formulations des chargés des relations de presse, ou bien pour réfléchir à la qualité de l’information que l’on veut qu’il présente.... et voir à partir des chiffres réels. Pas nouvelle réalisée par des menteurs patentés, les données réelles... si toutefois elles sont disponibles. Et si les données complètes ne sont pas fournies, pourquoi diffuser une "information" invérifiable ? "