Par exemple :
- Site de Michel Onfray, 1er oct. 2018 – Après France Culture, c’est donc France 5 qui me prive de micro. Cela confirme la censure dont je fais l’objet de la part du service public audiovisuel.
- i24news, 29 nov. 2020 – Je suis sur une liste noire à France Inter. Je suis interdit de France Inter.
- Sputnik, 10 fév. 2021 – Je ne suis plus du tout invité sur le service public.
- Europe 1, 30 sept. 2021 – Il y a un climat de terreur intellectuelle, c’est évident. Moi je ne suis pas invité sur le service public par exemple, depuis des années. France Inter ne m’invite plus.
Promenade en Censurie, uniquement depuis le 1er septembre 2018 dans l’audiovisuel public :
France 2
- « Thé ou café », 22 sept. 2018
- « C’est au programme », 5 fév. 2019
- « Vivement dimanche prochain », 21 avr. 2019
- « On est en direct », 6 mars 2021
France 3
- « La France en vrai » (9 déc. 2019) diffuse un documentaire intitulé « Michel Onfray, sur les chemins de mon enfance », co-produit par le philosophe et… France 3 Normandie !
France 5
- « C à vous », 10 sept. 2018 ; 23 janv. 2019 ; 15 janv. 2020
- « La grande librairie », 9 janv. 2019 ; 8 sept. 2021
Public Sénat
- « Allons plus loin », 3 fév. 2020
TV5 Monde
- « L’invité », 20 déc. 2018 ; 17 oct. 2019 ; 26 juin 2020
Franceinfo
- « L’invité du 23h », 24 août 2021
France Inter
- « Le club estival », 17 août 2019
- « Le grand face à face », 15 fév. 2020
- « On va déguster », 26 avr. 2020
France Musique
- « Sous la couverture », 30 nov. 2019
RFI
- « Idées », 3 fév. 2019
France Bleu
- « Paris Express » interview en cinq épisodes, diffusés quotidiennement du 22 au 26 oct. 2018
- « Dans le rétro », 27 oct. 2018
Censuré « depuis des années » donc, notre petit entrepreneur en oublierait presque que le service public (France 2) lui avait également offert une participation à la nouvelle version de « L’émission politique » animée par Léa Salamé, à compter du 28 septembre 2017. Un duo hélas tué dans l’œuf, sacrifié pour une banale histoire de rémunération – le philosophe impécunieux réclamait 2 000 euros par émission (Téléobs, 13 sept. 2017) – et une occasion manquée, rejouant le triste loupé de 2011 : « Dans le cœur de Laurent Ruquier, le philosophe Michel Onfray était le favori pour remplacer Éric Naulleau [dans l’émission "On n’est pas couché" sur France 2, NDLR]. "C’était ma tête de liste. Malheureusement, il a un problème d’emploi du temps et ne peut se rendre disponible". » (Le Point, 6 juin 2011). Malheur de l’agenda.
Mais le « ouin-ouinisme » d’Onfray ne se borne pas au seul service public. « Il ne reste plus que quelques îlots de résistance à vouloir m’accueillir pour porter ma voix dissidente » déclarait-il à L’Express en janvier 2017, avant d’ajouter : « Il me reste peu d’endroits, mais on y pratique l’hospitalité, qui est l’autre nom de la tolérance. »
Voyons plutôt la maigreur de la presse qui lui accorde régulièrement l’asile (et parfois la Une) : Le Figaro, Le Figaro Magazine, Le Point, L’Express, Valeurs actuelles, Marianne, La revue des deux mondes, la PQR, Causeur, sans parler de sa propre revue Font populaire et de son site. Et les quelques bribes d’audiovisuel qui lui offrent encore l’hospitalité : BFM-TV, RMC, Europe 1, CNews, LCI, RT France, Sputnik, i24news, Paris Première, Europe 1, Radio Classique, Sud Radio… Autant d’avant-gardes, isolées parmi les médias français, qui donnent à méditer cet adage d’Onfray Michel : « Les intellectuels les plus exposés médiatiquement sont les plus complices du système libéral. » (Le Parisien, 6 avr. 2006 [1]).
Si l’imposture de Michel Onfray est de longue date dévoilée et nombre de ses travaux de faussaire, démontés [2], le capital médiatique de l’entrepreneur ne faiblit (presque) pas au fil du temps. Et dans son cas, comme dans celui d’autres « réprouvés » tels Zemmour ou Finkielkraut, l’excommunication médiatique ne se fait jamais prophétie autoréalisatrice !
La patte du philosophe est pourtant caractérisée : « Je préfère effectivement éviter un certain nombre d’émissions où on perd son âme. Ruquier, Ardisson, d’autres endroits où on est coincé entre un chauffeur routier transsexuel (sic) et un gardien de but qui n’a pas écrit ses livres, […] un comédien qui n’a pas écrit ses livres non plus. » (BFM-TV, 21 mars 2016). Un discours qu’il tenait quasiment mot pour mot à L’Express dix ans plus tôt (1er nov. 2007).
Constance ou bouffonnerie ? Jugeons plutôt : entre décembre 2009 et janvier 2019, on dénombre douze passages dans les émissions que Thierry Ardisson animait sur Canal + et C8 (« Les terriens du samedi », « Les terriens du dimanche », « Salut les terriens ») [3]. Quant aux plateaux de Laurent Ruquier sur France 2 (« On n’est pas couché » et « On est en direct »), on y aura croisé Michel Onfray onze fois entre mai 2010 et mars 2021 [4].
C’est encore avec d’inspirantes métaphores qu’il critiquait les émissions de divan dans Le Monde diplomatique en octobre 2004 : « Si ce lieu [la télévision], n’est pas l’amphithéâtre du docte, il ne doit pas non plus en être le caniveau : mettre la philosophie dans la rue ne contraint pas à lui laisser faire le trottoir. À chacun de savoir, selon l’invitation qui lui est faite, s’il veut apparaître à "Tout le monde en parle" ou à "Vivement dimanche" – où se précipitent en revanche ceux qui vivent dans le monde libéral comme un poisson dans l’eau. » Dix ans plus tard, le poisson Onfray est dans son élément, et frétille dans les émissions de Drucker [5]… Un juste retour d’ascenseur de la part de celui qui intervenait quelques mois auparavant dans son Université populaire pour discourir « sur le temps, sur la cruauté de la télévision, sur l’éphémérité de ses vedettes. » [6] À la bonne heure !
Reste qu’aujourd’hui, ce faussaire réactionnaire occupe une surface médiatique d’ampleur, et, sans vent ni marée, déblatère à l’infini : « Dans l’air de la post-vérité dans laquelle nous nous trouvons, tout peut être dit et le contraire de tout. » (CNews, « La matinale », 11 nov. 2020). C’est en effet spectaculaire.
Ainsi, se poser en victime d’un système médiatique dont on est un rouage depuis près de trois décennies, et auquel on doit une très large part de sa notoriété et de ses succès en librairie [7], peut se révéler fort profitable… pour certains. Et il n’y a jamais de petits profits : à l’instar de nos plus grands philosophes à leurs heures (médiatiques) perdues, Michel Onfray se fait conférencier, mettant à disposition ses services via des catalogues de communicants en ligne. Pontifier sur « la médecine et le transhumanisme » lors de la Conférence nationale des unions régionales des professionnels de santé - médecins libéraux ? Fait. Pérorer sur la « fin du corps classique » en clôture du 33ème Congrès national des cardiologues français (23 oct. 2021) ? Fait. Philosopher sur « l’ontologie de l’entrepreneur [et] l’éthique du risque » devant un parterre de chefs d’entreprise à l’invitation d’un Club des ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire) de Nouvelle-Aquitaine (18 sept. 2019) ? Fait.
Dans l’ouvrage Les imposteurs de la philo paru aux éditions Le Passeur en 2019, Michel Onfray assène dans la préface qu’il rédige avec gourmandise :
Faute de fond, il ne reste à ces nouveaux sophistes que la forme. D’où l’abondance chez eux des effets rhétoriques, des jongleries faussement dialectiques, des sophisteries énoncées avec le ton du magicien, de paradoxes souvent compagnons de route de paralogismes ou de purs effets de langage, comme s’il s’agissait de briller dans un perpétuel concours de rhétorique – ou dans un dîner mondain dont il faudrait être le centre en n’étant nulle part, donc partout. Le tout en citant ponctuellement Epicure ou Platon, Hegel ou Spinoza, Camus ou Sartre comme on saupoudre de ciboulette un plat très allégé.
On n’est jamais mieux portraituré que par soi-même !
Denis Perais et Pauline Perrenot