La vidéo montre, sobrement, une personne feuilletant l’édition du Monde du 4 juin. Avec, s’étalant sur plus de 20 pages du quotidien, un large bandeau où défile un message publicitaire du groupe MAIF.
La régie publicitaire du Monde, qui poste la vidéo, se réjouit d’un « dispositif inédit » dans lequel l’annonceur bénéficie d’une « exclusivité totale sur l’ensemble des emplacements publicitaires pour déployer son discours ».
.@Maif dévoile sa nouvelle identité de marque dans le quotidien @lemondefr via un dispositif inédit : une exclusivité totale sur l’ensemble des emplacements publicitaires pour déployer son discours et une révélation en dernière page ⬇ pic.twitter.com/ONQa23RNg3
— M Publicité (@MPublicite) 3 juin 2019
Il suffit de lire les commentaires pour constater que cet enthousiasme n’est pas vraiment partagé : « donc on paie (cher) pour qu’un cinquième de la page soit de la pub… vous étonnez pas de moins vendre de papier » ; un autre s’interroge : « c’est un journal ou un prospectus payant ? » Et plus simplement : « angoisse ».
Démonstratif, ce message montre à quel point la crise de la presse écrite a conduit à légitimer, y compris au sein des « grands » quotidiens, l’emprise des annonceurs, des régies publicitaires et l’invasion de réclame [1]. Il nous rappelle que la mainmise de quelques groupes industriels sur la plupart des médias n’est pas la seule menace sur l’indépendance journalistique induite par le modèle économique dominant ; la dépendance à l’égard des annonceurs, elle aussi, ne cesse de s’accroître.
Frédéric Lemaire