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Le Fond Wendel Investissement (et le baron Seillière)

par Daniel Sauvaget,

Une holding, un clan, un chef...

Héritage, sur le terrain financier, de l’ancien empire sidérurgique Wendel/Schneider qui s’est effondré il y a trente ans et qui a été nationalisé (ou plus exactement rachetépar l’Etat), c’est un fonds d’investissement organisé en holding familiale, dirigé par Ernest-Antoine Seillière de Laborde, descendant d’un financier associé aux Wendel du Creusot, et aussi petit-neveu, par sa mère de François de Wendel, qui présidait le Comité des Forges. E.-A. Seillière, bien connu à son tour comme dirigeant du patronat français, a réorganisé les structures des groupes financiers de la famille en 2002, et modifié ses stratégies suite aux déboires des sociétés où le groupe détenait des intérêts : catastrophe d’Air Liberté-AOM, difficultés de Cap Gemini, pertes de Valéo, désillusion des investissements dans la Nouvelle économie. Wendel Investissement est la principale structure qui gère le patrimoine de la grande famille. Wendel Participations, c’est-à-dire la holding familiale, y détient 34,7 % du capital, mais 50,1 % des droits de vote - aux cotés d’actionnaires divers, dont ceux qu’on appelle investisseurs institutionnels, relais de fonds de pension et autres.

Wendel Investissement détient des parts du capital d’entreprises dont la diversité n’apporte pas la preuve d’une cohérence industrielle, mais la simple et logique volonté d’un retour sur investissement profitable : pétrole, immobilier, pharmacie, équipement automobile, industrie électrique, services informatiques. Ses filiales à 100% sont dans l’énergie et l’immobilier (Oranje-nassau, aux Pays-Bas) et la production d’abrasifs industriels (Wheelabrator Allevard). Wendel Participations détient d’autres filiales purement financières.

La particularité de la finance Wendel vient de ce que Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot (Le Monde Diplomatique, septembre 2001) ont nommé le «  mode de gestion significatif de la noblesse de l’argent », et les alliances multiples, y compris matrimoniales, autour de la fortune léguée par l’histoire industrielle et financière des familles Wendel, Seillière, Demachy, Schneider, ont renforcé les solidarités économiques.

A l’origine, un certain Florentin Seillière a été l’un des commanditaires de Wendel à la création de la Fonderie Royale du Creusot. La banque Seillière fusionnera avec la Banque Demachy, tandis que les Wendel se concentrent sur les usines lorraines et les Schneider sur le Creusot, le Second Empire fa isant de Wendel un de Wendel et de Seillière un baron. De nombreuses unions matrimoniales scellent les alliances entre les descendants - ainsi Ernest-Antoine est-il né du mariage entre le baron Jean Seillière et une de Wendel. Aujourd’hui, le clan, au sens ethnographique du terme comprend de nombreuses personnalités marquées à droite, qu’un reportage récent de Libération (17 juin 2004) a rapidement passé en revue : Françoise de Panafieu, Yves Guéna, Josselin de Rohan, Jean-François Poncet, Hubert Leclerc de Hautecloque, etc [1]. Sur le plan financier, le clan se composerait aujourd’hui de 450 bénéficiaires directs.

Ernest-Antoine Seillière de Laborde, né en 1937 à Neuilly, a fait un parcours classique : collège anglais, sciences-po, ENA puis Harvard. Il a figuré entre 1969 et 1973 dans les cabinets ministériels de Chaban-Delmas, Messmer, Schumann, Galley. Dirigeant la gestion des affaires de la grande famille, il est élu en 1997, avec le soutien de Bébéar et de Pinault, entre autres, président du CNPF, qui devient sous sa houlette le MEDEF. C’est un homme d’affaires et un actif producteur d’idéologie entrepreneuriale - une curiosité : le fonds Wendel finance une chaire dite « de la grande entreprise familiale » à l’INSEAD, institut privé pour la formation de cadres, où l’on enseigne que « une entreprise familiale présente un forme différente de capitalisme, très loin de l’anonymat du marché  ».

Daniel Sauvaget

Lire : « Quand Wendel-Seillière rachète Editis : derrière les apparences »

 
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Notes

[1E.-A. Seillière aurait dit un jour : « Quand on n’est pas de gauche à 20 ans, c’est qu’on n’a pas de cœur. Quand on n’est pas de droite à 40 ans, c’est qu’on n’a pas de tête. »

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