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L’Europe vue de Slovénie selon Les Dernières Nouvelles d’Alsace

par Stanislas,

En « Voyage au cœur de la nouvelle Europe », Les Dernières Nouvelles d’Alsace ont découvert la vulgate néolibérale qu’elles transportent toujours dans leurs bagages …

Dans son édition du 10 juillet 2003, le quotidien alsacien propose en page 7 du cahier « France/International » une page de présentation de la Slovénie, dans le cadre d’un « Voyage au coeur de la nouvelle Europe ».

Signé Antoine Latham, la page comporte un article intitulé « la Slovénie fait cap sur l’Euro », un encadré consacré à quelques considérations démographiques et constitutionnelles, ainsi qu’un deuxième article, « Généreuses entrailles de la Terre ». Le tout est illustré par une photographie du chantier d’un futur pont autoroutier. Au passage, on pourra apprécier la subtile symbolique distillée à cette occasion...

On s’attend, au vu du titre du premier article, à ce qu’on nous y entretienne d’économie ; et bien, on n’est pas déçu du voyage.

Antoine Latham s’étonne qu’on n’aperçoive « qu’un seul nom sur [les nombreux chantiers du pays] : Primorje, le groupe de travaux national. » Il nous cite alors la mission économique française à Ljublijana (capitale slovène) : « de nombreux secteurs demeurent soit dans le giron du domaine public, soit soumis à des positions dominantes qui bloquent la concurrence, soit organisés en cartels : assurances, télécoms, carburants, distribution, transports ferroviaires, autoroutes, construction.  » On retrouve la vulgate néolibérale classique : vive la concurrence à tous prix ! D’ailleurs, un secteur demeuré dans « le giron du domaine public  » bloque la concurrence, et est en position dominante, c’est bien entendu.

Comment de tels archaïsmes peuvent-ils subsister, quand on pense au paradis qu’est par exemple devenue la Russie ? Pour nous éclairer, un certain Janez Sustersic, expert local (dirigeant ce qui nous est présenté comme l’Institut d’analyse macro-économique et de développement, lié au gouvernement slovène), est appelé à la rescousse. « Notre volonté de réformer a toujours été très forte [...], bien avant l’indépendance [...], mais nous avons procédé petits pas par petits pas, [...] pour ne pas braquer les communistes.  » On commence à comprendre : qui veut aller loin ménage sa monture ! La preuve : « Nous avons conservé certains avantages sociaux, (c’est moi qui souligne) mais nous sommes conscients des réformes à engager dans la santé, pour les retraites et vers davantage d’ouverture des marchés.  »

Quel terrible aveu sur ce qu’est l’Europe ! Se conformer au modèle européen consiste donc bien à détruire tout ce qui ressemble de près ou de loin à un service public, à empêcher l’Etat d’intervenir dans l’économie là où l’intérêt général le lui demande, à casser toutes les formes de solidarité dans une population ! Amis slovènes, est-ce vraiment cela que vous voulez ?

Enfin, pour définitivement enfoncer le clou, Antoine Latham précise que l’objectif Euro passe avant tout pour la Slovénie par une maîtrise de l’inflation, dont « il est difficile [de] sortir sans rompre avec l’indexation des salaires, un des éléments du pacte social slovène. » Là aussi : pour intégrer l’Europe, il convient de mettre en place les éléments d’une politique de rigueur dont -mais c’est le prix à payer, n’est-ce pas ? - , les plus démunis vont faire les frais. Hauts les coeurs !

Après cela, la balade touristique dans les grottes du pays, proposée dans le deuxième article, paraît bien lugubre...

Stanislas

Voir aussi « Les "DNA" rendent visite au libéralisme en Slovénie ».

 
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