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Grève et manifestation du 18 juin : « Non à la casse du service public audiovisuel !

Nous publions ci-dessous des communiqués syndicaux appelant à la grève et la manifestation du 18 juin (où Acrimed sera présent), ainsi que deux communiqués consacrés aux menaces qui pèsent sur France 3 (Acrimed)

Appel à la grève du 18 juin 2008
- Non à la casse du service public audiovisuel ! (Intersyndicale)

Le 8 janvier 2008, le président Sarkozy annonçait la suppression de la publicité sur les chaînes publiques. Cette décision entrainera un manque à gagner de 810 Millions d’euros de recettes publicitaires auxquels il faut ajouter le coût de remplacement des programmes (400 Millions d’euros) soit 1,2 Milliards d’euros, représentant environ 40% du budget de France télévisions, et 45 Millions d’euros pour Radio France !

Cette simple annonce a d’ores et déjà provoqué une déstabilisation économique et financière du groupe France télévisions qui, pour la première fois depuis sa création, affichera un résultat déficitaire en 2008. Les 317 salariés de la régie publicitaire (FTP) sont les premières victimes de ce plan social élyséen.

Cinq mois après l’annonce, aucun modèle économique alternatif n’a été élaboré alors que tous les verrous semblent se lever pour accompagner le développement du secteur privé (double coupure, suppression des seuils anti-concentration, etc.). Dans le même temps, ce sont l’INA et RFI qui se voient privés de leur ressource.

Dans ce contexte, les risques de démantèlement de l’audiovisuel public sont plus que jamais évidents. Dorénavant l’onde de choc touche toutes les entreprises de l’audiovisuel public, France télévisions, Radio France, l’INA, RFI, TV5, CFI, France 24, etc.
L’Intersyndicale de l’audiovisuel public refuse cette logique de casse qui met en danger le pluralisme de l’information et la production-fabrication de nos programmes. Elle exige le maintien d’un financement intégral et cohérent de toutes les entreprises de l’audiovisuel public. Elle réaffirme son attachement à la redevance qui doit rester le socle de son financement, avec des ressources complémentaires crédibles. Elle refuse que l’ajustement économique se fasse sur le dos des salariés :

- par la réduction du périmètre,
- par des suppressions massives d’emplois,
- par la casse des conventions collectives.

A cette fin, l’Intersyndicale appelle les salariés de l’ensemble des sociétés du service public audiovisuel à cesser le travail le 18 juin et à manifester à Paris Place de la Bastille à 14h

Paris, le 9 juin 2008


La commission Copé ne représente plus qu’elle-même (Intersyndicale de l’audiovisuel public)

Ce lundi 16 juin 2008, la plénière de la commission Copé a souhaité entendre l’intersyndicale de l’audiovisuel public. Après en avoir débattu, l’intersyndicale a décidé de la réponse suivante :

Depuis le 8 janvier 2008, date à partir de laquelle le Président de la République a déclenché un séisme sans précédent dans l’audiovisuel, l’intersyndicale s’interroge sur la pertinence de la commission, tant du point de vue de sa composition que du point de vue de ses objectifs et de sa latitude à prescrire des propositions alternatives crédibles pour le financement de la télévision publique.

Depuis, d’interviews inopinées en annonces fracassantes dans les conférences de presse, la commission a jeté son masque pour apparaître enfin pour ce qu’elle est : une opération de camouflage du démantèlement de l’audiovisuel public au profit du secteur privé.

La récente démission des membres des partis socialiste et communiste illustre bien la mascarade. Ils ont analysé la réaction du Président de la République après la conférence de presse du 17 mai comme une intrusion délibérée dans leurs travaux. Celui-ci a lui-même « démissionné » la commission en affirmant autoritairement sa position sur la redevance, cassant tout caractère prospectif des hypothèses avancées par la commission. Même si la crédibilité de ces hypothèses peut être, du point de vue de l’intersyndicale, largement sujette à caution.

A quoi assiste-t-on en fait ?

A la restructuration pure et simple de l’ensemble du secteur audiovisuel visant à sa concentration pour « sauver les soldats TF1 et M6 », et au-delà, à favoriser l’émergence de grands groupes de communication privés. Dès lors, la variable d’ajustement repose sur France télévisions et c’est l’Etat, pour ne pas dire le Président, qui va orchestrer le bal via la suppression d’un tiers des ressources de France télévisions. A quoi peut servir l’ouverture d’une deuxième coupure publicitaire sinon à éviter l’évaporation de la manne issue de la télévision publique ?

Déjà un doute planait quand, au détour des premières expressions de Jean-François Copé, le manque à gagner en terme de recette publicitaire, en terme de coût des programme de remplacement, a subtilement glissé de 1 milliard 200 millions d’euros, à 800 millions pour solde de tout compte. Une évaporation d’un tiers des besoins passée quasiment inaperçue.

Dernier des événements en date : la commission a prôné la suppression de 6 régions de France 3. Quelles directions seront sacrifiées dans cette loterie ? La commission, en optant pour la création d’un réseau de 7 chaînes régionales et des décrochages nationaux, financés on ne sait comment, sacrifie dans un premier temps le statut de chaîne nationale de France 3 en attendant le démantèlement de l’ensemble de l’audiovisuel public. Devant le vide abyssal des propositions financières de la commission pour compenser le manque à gagner des recettes publicitaires, la commission choisit donc de s’attaquer aux structures des entreprises, notamment celles de France 3. Ainsi ce sont les salariés des entreprises du groupe France télévisions qui devront payer l’addition.

De même, dans l’hypothèse d’une société unique présentée par la commission, les deux tiers du Conseil d’Administration seraient tenus par « 8 personnalités qualifiées représentant le monde de l’entreprise ». En langage courant, ce serait l’appropriation par le « privé » de la structure politique de la télévision publique. Qui a dit privatisation ?

Dans tous les cas les conventions collectives et accords d’entreprise auxquels les salariés sont attachés sont remis en cause ainsi que l’ensemble de leur statut.

Désormais les choses sont claires, la commission Copé n’a pas la légitimité attendue par les salariés de l’audiovisuel public. C’est ce qu’une majorité de téléspectateurs confirme dans un sondage paru le 15 juin 2008. C’est ce que l’intersyndicale est venue dire à la commission.

Pour conclure, l’intersyndicale rappelle que, depuis l’annonce de Président de la République, elle se bat :

- Contre la réduction du périmètre de l’audiovisuel public,
- Contre les suppressions massives d’emplois qui en découleraient,
- Contre la casse des conventions collectives,

et pour le développement de l’audiovisuel public avec un financement crédible, pérenne et dynamique.


Paris, le 16 juin 2008


Tous à la Bastille pour défendre le service public audiovisuel (SNJ)

On casse d’abord, on réfléchit après : telle semble être la devise du gouvernement en matière de service public audiovisuel.

Aujourd’hui, c’est France 3 que l’on « réorganise », évidemment en supprimant des implantations régionales. Hier, c’était France Télévisions et Radio France que l’on décidait de priver de publicité avant de savoir où trouver l’argent pour la remplacer. Avant-hier, c’étaient les télévisions et radios à vocation internationale que l’on chamboulait. Et demain à qui le tour ?

Casser le service public de l’information, c’est saper les bases de la démocratie.

De déstabilisation économique en restructuration à la hache, les travaux de démolition sont maintenant bien entamés. Et il n’est pas difficile de voir à qui profite le crime : la publicité a déjà commencé à fuir le secteur public, pour le plus grand profit de l’audiovisuel privé, tellement prévenant pour le pouvoir en place. Tandis que des grands groupes de presse régionale jettent déjà un œil concupiscent sur les zones qui seront désertées par France 3 et Radio France.

Journalistes, citoyens, si vous n’êtes pas d’accord avec ce qui se passe, c’est le 18 juin, à 14h, à la Bastille, que le Syndicat national des journalistes, avec l’intersyndicale des personnels de l’audiovisuel public, vous invite à venir le dire. Très fort !

Paris, 11 juin.


 Ne nous laissons pas mener à l’abattoir  ! (SNJ-CGT, France 3 rédaction nationale)

Dans le grand bouleversement de l’audiovisuel public qui se prépare, la Rédaction Nationale est en ligne de mire !

Ne nous leurrons pas : l’arrivée de Julien Courbet qui se prépare sur France 2, face au 19/20 a un objectif bien précis : rafler des parts d’audience au journal national pour l’affaiblir. Dans la même veine, dès la rentrée, deux sujets de région seront chaque soir à l’antenne dans le Soir 3.

Ce qui est en jeu : c’est la régionalisation progressive, mais rapide, de l’information sur France 3, comme le souhaite d’ailleurs Jean-Pierre Cottet (directeur du business development et de l’innovation de Lagardère SCA et Vice-Président de Lagardère Entertainment, ex-France 2 et France 3, créateur de France 5) à la commission Copé : « France 3 doit devenir exclusivement régionale en syndication* et en partenariat avec la PQR. »


Alors, quel avenir pour la Rédaction Nationale ? Une mort à petits feux annoncée.

Une asphyxie, avec à terme un plan de restructuration, voire un plan social…

Dans le paysage audiovisuel d’aujourd’hui, le 19/20 n’est pas le 20H de France 2, il est différent : dans son ton, dans sa proximité avec les téléspectateurs, dans le choix de ses sujets. « France 3 est toujours la chaîne préférée des Français grâce à son implantation génératrice de lien social » (Geneviève Giard, directrice de France 3) « La colonne vertébrale de la chaîne, c’est la puissance de l’offre d’information » Toute la Rédaction Nationale se réclame de ce pluralisme.

Nous résignerons-nous à disparaître peu à peu ?

Mobilisons-nous, faisons-nous entendre, tous ensembles pour que vivent le service public et notre Rédaction Nationale. Demandons un moratoire immédiat de la suppression de la publicité à France Télévision. Soyons nombreux en grève le 18 Juin prochain, et dans la rue à partir de 14 heures place de la Bastille.

De notre mobilisation dépend notre avenir.

Paris, le 9 juin 2008


Tous dans la rue ! (SNJ-CGT, France 3 rédaction nationale)

Aujourd’hui, la conférence de presse de Jean-François Copé confirme ce que vous disait le SNJ-CGT sur l’avenir de la Rédaction Nationale.

La réponse est claire : il n’y en a pas !

France 3 serait dès janvier 2009 déclinée en sept grandes chaînes régionales. Chacune de ces chaînes aurait son propre journal, et décrocherait à partir de 20 heures sur ce qui resterait d’une chaîne nationale. Ainsi, seul le Soir 3 serait conservé. Pour les autres éditions, la Rédaction Nationale fournirait des reportages en syndication à chaque région qui les commanderait et qui fabriquerait son propre journal régional, national et international.

Inutile de préciser que le pluralisme de l’information en prendra un coup.

Inutile de préciser que cela signifie la fin de la Rédaction Nationale dans ses missions actuelles et que cette rédaction n’aura pas besoin de nous tous.

Hasard ou coïncidence, c’est le jour que choisit Arlette Chabot pour annoncer le recrutement de Marie Drucker sur France 2… Mieux vaut en effet se recaser quand il en est encore temps.

Ce projet n’est pas une fiction : il sera examiné au parlement dès le mois de septembre, les décrets d’application doivent paraître au journal officiel avant fin 2008. Application janvier 2009.

Le SNJ-CGT appelle tous les journalistes de la Rédaction Nationale à cesser le travail le 18 Juin. […]

Ensemble, nous pouvons y arriver. Il est encore temps.

Paris, le 11 Juin 2008

 
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