Par exemple, sur LCI :
Et le sondage Elabe pour BFM-TV, qu’en est-il ? Est-il « plus scientifique » ? C’est loin d’être évident. Pour en juger, il faut mettre la main sur la méthodologie employée par l’institut, qui n’est pas disponible sur le site de BFM-TV. On la retrouve en bas d’un graphique publié par l’institut sur son compte twitter. La voici :
Cette méthodologie pose d’emblée un gros problème : ce n’est pas parce que l’échantillon des 4011 personnes sollicitées initialement est représentatif, selon la méthode des quotas, de la population française, que le sous-échantillon des 1157 volontaires est, lui aussi, représentatif. On peut même être à peu près sûr du contraire, puisque cette sélection par le volontariat (et la résistance physique, avec un débat de plus de trois heures) ajoute un nouveau et sérieux biais à ceux, déjà connus, des sondages en ligne, et dont Alain Garrigou a fait la critique dans cet article.
La même méthode avait été employée par Elabe au soir du premier débat de la primaire du Parti socialiste (voir cet article). Résultat : Arnaud Montebourg avait été donné « le plus convaincant ». Encore une fois, les sondeurs avaient visé dans le mille...
Une méthodologie bancale, donc – pour ne rien dire du principe même de ce genre de sondages, visant à élire le « gagnant » d’un débat, comme dans une course de chevaux. En privilégiant le jeu personnel plutôt que les enjeux collectifs, en se focalisant sur « le plus convaincant » (voire « le plus séduisant » pour RTL) plutôt que sur les questions de fond, les instituts de sondage et leurs relais dans les médias ajoutent dépolitisation et confusion aux débats.
Les répondants doivent-ils juger de celui qui est le plus à l’aise dans le débat, ou de celui qui a les idées les plus pertinentes ? À quel titre ? Et sur quel sujet, en particulier ? Il suffit de commencer à poser ce genre de question pour se rendre compte de la vacuité du réflexe sondagier. Doit-on rappeler que Hillary Clinton était systématiquement donnée « gagnante » lors de ses duels télévisés avec Donald Trump ?
Une chose est sûre : les « grandes voix » médiatiques et autres experts convoqués pour « débriefer » le débat trouveront du grain à moudre dans ces pseudo-sondages, merveilleusement ajustés à leurs commentaires.
Frédéric Lemaire