Jeudi 20 février, journal de 9 heures sur France Inter : le présentateur dénonce, sans commentaire, le " dictateur Mugabe ". Comme d’ordinaire, le contexte particulier du Zimbabwe n’est pas évoqué : 20 ans après la victoire des mouvements de libération nationale, 70 % des terres restaient la propriété de quelques centaines de colons blancs parce que la Grande-Bretagne avait refusé de les indemniser pour procéder à la décolonisation.
Tout de suite après, le présentateur parle du chef d’Etat du Togo ; et là, il n’est pas question de " dictateur ". Pourtant, le Général Eyadema se maintient au pouvoir depuis 1967 dans des conditions bien peu respectueuses de la démocratie. Mais lui est un ami de la France tout à fait respectueux du néocolonialisme...
Le présentateur nous fait ensuite part de son indignation au sujet de l’arrestation de Carlos Fernandez au Venezuela : alors que l’on croyait la situation " calmée " - France Inter avait pourtant oublié de nous informer de la défaite des adversaires de la légalité démocratique -, le " Ernest-Antoine Seillière local " (sic) a été arrêté par la " police politique de Chavez " (resic). Si tous deux sont bien les chefs respectifs des patronats français et vénézuélien, il existe cependant une différence entre notre baron et Carlos Fernandez : l’organisation du second est impliquée dans un coup d’Etat (son prédécesseur à la tête de Fedecamaras, Pedro Carmona, s’était autoproclamé chef du gouvernement putschiste en avril), pas celle du premier ! Et la police qui défend la légalité démocratique n’est une " police politique " qu’aux yeux des putschistes et des médias vénézuéliens qui orchestrent le renversement de la légalité constitutionnelle. De tout cela, l’auditeur ne saura rien.
Mugabe et Chavez sont des " dictateurs ", Eyadema et le patronat vénézuélien sont des "défenseurs de la liberté et de la démocratie". Le colon et le patron blancs sont bons avec le peuple, la réforme agraire lui veut du mal ! Vive les colonies ! Vive le marché !