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États généraux de l’information : « sans hypocrisie ni déni » ?

par Maxime Friot,

Ce mardi 3 octobre débutent les États généraux de l’information, avec des conclusions annoncées « d’ici l’été 2024 ». Avec quelle ambition ? Difficile, pour le moment, d’imaginer qu’ils constitueront une opportunité pour une réappropriation démocratique des médias. Voici, sait-on jamais, une (modeste) contribution au débat.

« Nous commencerons par une phase de diagnostic, qui débutera en octobre et s’achèvera à la fin du mois de décembre, pour poser les constats sans hypocrisie ni déni » disait Christophe Deloire, délégué général des États généraux de l’information, dans Ouest-France, le 14 septembre.

« Sans hypocrisie ni déni » ? Contentons-nous déjà des grandes lignes : dépendants d’annonceurs publicitaires qui n’hésitent pas à jouer de leur influence, les médias dominants appartiennent à quelques milliardaires qui peuvent peser sur leur ligne éditoriale et captent l’essentiel des aides publiques à la presse. Pendant ce temps, les médias indépendants et à but non lucratif travaillent dans la précarité, et l’audiovisuel public, lui, ne cesse de s’affaisser, par une fragilisation de son financement, des conditions de travail de plus en plus délétères et un travail journalistique toujours plus contraint par des logiques commerciales. Ajoutons à cela un recrutement social homogène et une formation qui consiste trop souvent à préparer les étudiants à se formater au (dys)fonctionnement actuel. Le résultat ? Une information sacrifiée : commentaire qui prime sur l’enquête sociale et le reportage, monopole de la parole par quelques éditorialistes, pluralisme absent, autocritique impossible. Et comme si cela ne suffisait pas : des menaces étatiques (lois, répression, gardes à vue) et des procès-bâillon à la pelle.


« Il conviendra de s’interroger, écrivait l’Élysée, sur l’impact considérable des innovations technologiques, sur le développement de l’éducation aux médias et à l’information, sur les conditions d’exercice du métier de journaliste, sur le modèle économique et la régulation du secteur de l’information et le rôle des différents acteurs, sur les ingérences et les manipulations en ce domaine. » À quoi faut-il s’attendre ? Programme ambitieux de transformation des médias ou écran de fumée ? Les États généraux de l’information auraient la bonne idée, par exemple, de s’inspirer des propositions d’Acrimed, dont voici un résumé :

1/ Lutter contre la concentration et la financiarisation des médias, en interdisant aux groupes dépendant des commandes publiques de posséder un média et en interdisant à une personne de posséder plus d’un média ;

2/ Soutenir les médias indépendants et à but non lucratif, en leur réservant les aides publiques à la presse ;

3/ Renforcer l’audiovisuel public, en le libérant des contraintes commerciales et de sa tutelle politique, en lui garantissant un financement pérenne, en déprivatisant TF1 ;

4/ Protéger l’indépendance des rédactions, en créant un statut juridique des rédactions qui donnerait aux journalistes un pouvoir sur le choix du directeur de la rédaction ;

5/ Garantir le droit d’informer, en empêchant les procès-bâillon et les entraves policières ;

6/ Mettre en place des instances de régulation démocratiques, avec de vrais pouvoirs ;

7/ Assurer un pluralisme effectif de l’information ;

8/ Développer une éducation critique aux médias.


Verdict dans quelques mois...

 
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