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Bruno Racine reconduit à la tête de la BnF : les affaires continuent, l’entreprise de démolition aussi… (FSU)

Nous publions ci-dessous, sous un titre de notre choix, un communiqué de la section FSU de la Bibliothèque nationale de France. (Acrimed)

Le mercredi 27 mars, lors du Conseil d’administration de la Bibliothèque nationale de France, le Président Racine a annoncé que Mme Filippetti avait obtenu du gouvernement qu’il renouvelle son mandat. Cette décision, prise par la nouvelle majorité socialiste de maintenir à la tête de la BnF un homme nommé par un gouvernement de droite prend pour nous une signification politique particulière : celle d’un désengagement moral et financier du Ministère de la Culture.

Ainsi pourra être poursuivie la politique de liquidation d’un projet ambitieux qui était celui d’une bibliothèque universaliste et humaniste dont les deux niveaux d’étude et de recherche devaient participer d’une dynamique nouvelle amenant les lecteurs à entrer progressivement dans le champ des connaissances encyclopédiques.

Cette politique d’abaissement de l’offre documentaire, de réduction des espaces de lecture, et de services rendus aux lecteurs, menée sous l’impulsion de Bruno Racine, se traduit en même temps et dans la même logique par le développement de partenariats et de mécénats qui hypothèquent chaque jour davantage l’indépendance morale de la BnF et aliènent ses missions à des intérêts financiers qui ne sont pas ceux des usagers.

Ainsi, la création de la filiale « BnF Partenariats » a récemment permis que des contrats passés avec des entreprises privées transforment du jour au lendemain des documents patrimoniaux libres de droits en marchandise. Ces collections numériques sont dès lors expropriées du domaine public pour une durée de dix ans à l’exception de ceux qui pourront les consulter sur place. Cette opération, frappée au coin du plus pur libéralisme économique, a soulevé une vague de colère et d’indignation sans précédent au sein de la communauté scientifique et des associations professionnelles dans l’indifférence la Ministre de tutelle. Autre exemple : une partie de la bibliothèque a été bradée à la société MK2 alors que nous manquons de place pour faire face à l’accroissement de nos collections.

Mais le pire est encore à venir. Matignon exige 3,3 millions d’économies supplémentaires à la BnF : cela va intensifier les suppressions de postes et rendre toujours plus difficile l’accomplissement de missions dévolues à un établissement comme le nôtre. Malgré l’accroissement de la dette, d’autres choix politiques demeurent possibles. C’est pourquoi nous appelons Aurélie Filippetti à mettre fin à la curée avant qu’il ne soit trop tard. La « culture pour tous » initiée par André Malraux, avec la vision émancipatrice qu’elle proposait, est un bien inestimable en des temps de montée de l’obscurantisme et de l’intolérance. Nous sommes dépositaires et garants d’un patrimoine intellectuel qui conjugue la force des libertés avec une longue histoire : nous nous battrons pied à pied pour qu’il soit sauvé.

Aussi appelons-nous l’ensemble de la communauté scientifique, des chercheurs et usagers de la BnF à se mobiliser avec ses personnels pour défendre ce formidable outil encyclopédique et démocratique d’accès aux savoirs. Après des années d’indignation et de colère, c’est aujourd’hui à la résistance qu’appelle la FSU !

 
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