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Les lendemains du 11 septembre (3)

Le libéralisme à la rescousse

Suspecte d’indifférence à la souffrance des victimes quand il s’agit de comprendre les raisons profondes des attentats, la froideur analytique est par avance recommandée quand il s’agit de mettre en scène les "recentrages" des campagnes publicitaires et les conseils prodigués aux boursicoteurs. Parce qu’elles concentrent les intérêts supérieurs de l’humanité, les affaires continuent : il suffit de lire les pages saumon du Figaro ou les émissions économiques et boursières de LCI (« Raison garder ? » 15 septembre 2001)

Libéralismes

 Enchères

Sur le site d’Amnistia :"Attentats USA : enchères de mort sur le Net" :
« Hier, l’Amérique a subi la plus incroyable attaque de son histoire. Malgré l’énorme coût humain de cette tragédie, de véritables chacals n’ont pas hésité à chercher à vendre sur Internet des débris du World Trade Center ainsi que des noms de domaines ayant une relation avec les attentats... Flash-info : "Attentats USA : enchères de mort sur le Net" » Pour lire l’’article sur le site d’Amnistia (lien périmé)

NB. Ces enchères auraient rapidement cessé...

(Première publication 13-09-2001)

 Antiterrorisme

Dans le Figaro économie (13/09, p. V), ce titre programmatique : " La libéralisation des échanges, réponse au terrorisme ".

 Solidarité (03-10)

Sur LCI, le 16 septembre 2001, Jean-Pierre Gaillard a invité deux analystes à commenter les attentats à New York et Washington. Conclusion de l’émission : " Les événements étaient tellement horribles qu’il va forcément y avoir une réaction de solidarité dans le monde entier. Il va y avoir un front uni des banques centrales. ". Leçon d’éthique politique et de ressourcement culturel : la vraie solidarité vient des banques centrales. (Première publication 03-10-2001- Avec PLPL)

Publicité

 L’occasion fait le larron

Dans Le Figaro économie (13/09, p. XII), on peut lire ceci : " Les annonceurs et les publicitaires voient, dans cette affaire, l’occasion (sic) de repenser la stratégie des marques ". Et une article titré " La responsabilité au cœur des stratégies des marques ", dans lequel on apprend que certaines marques procèdent au " retrait transitoire des communications des secteurs directement concernés par l’événement ". (...)" Ainsi, Airbus suspend-il sa campagne mondiale, et pour cause, le spot figurait la traversée frénétique et foudroyante d’un building américain jusqu’à propulsion dans le ciel azuré. Où l’on pouvait lire : Travel in peace. ". No comment.

Mais les affaires continuent : " Dans un tel contexte, les marques doivent recentrer leur positionnement et leur territoire de communication ", précise, en langue de pub, l’auteure de l’article, Sonia Devillers. Qui cite Jacques Bouey, président de Proximity/BBDO : " le volet caritatif est déjà présent dans la plupart des opérations marketing, le mouvement est peut-être en passe de s’accélérer. Aujourd’hui, l’Occident se sent menacé, ce qui fait surgir des valeurs de solidarité. Celles-ci pourraient s’imprimer dans la démarche commerciale. ".

A relever également, cette autre déclaration, qui témoigne d’un prodigieux effort de lucidité : " En s’attaquant à un tel symbole [Le World Trade Center], les terroristes rejoignent (sic) le discours des anti-mondialistes dont la parole est devenue omniprésente (re-sic) pour dénoncer la tyrannies consumériste. Cet acte rappelle à sa manière que l’oppression dont souffrent certains pays est aussi [sic, encore] de nature économique " (Jean-Christophe Alquier, directeur général de Harrison & Wolf Corporate).

L’article précédent, qui nous plaçait au coeur de la tragédie, n’était qu’un avant-goût du suivant, de la même journaliste - Sonia Devillers -, paru dans Le Figaro Econnomie du 15-16 septembrre, p. XII, sous le titre programmatique suivant : "Les grandes causes, nouvelles priorités du marketing". On est rassuré : le mariage entre le commerce et la compassion n’a pas commencé avec les attentats.

(Première publication : 13-09 et 15-09-2001)

 A l’heure de la décence

Alors que les publicitaires, avec l’aide des journalistes en charge de la lourde responsabilité de nous faire partager leurs soucis, font l’éloge de leur "décence" après les attentats, Le Figaro (18-09) publie un supplément "Guides", sobrement intitulé ... "Le règne de l’accessoire".

(Première publication : 18-09- 2001)

 De la Bourse à la Mode

La Bourse, c’est la vie. La Mode, c’est la vie. Le "temps du deuil" imposait la "décence". Mais la "vie" reprend ses droits...

Avec Le Monde du 22 septembre, nous disposions, pour le même prix, du supplément "Styles", titre "La mode en capitales". Editorial d’ouverture : "Les premiers soleil de l’été avaient illuminé le paysage cathodique d’une crinière blond platine. Lana, l’héroïne de "Loft Story" se teinda-t-elle en brun, au trique de de paraître aussi démodée qu’Ivana Trump ? ". Cette question "branchée" sur les "phénomènes de société", comme on dit au Monde, est posée par Laurence Benaïm. Et cela s’appelle "Rumeurs noires"...Dans ce supplément "porte-pub" (près d’une page sur deux), le luxe s’expose et expose ses prix...

L’Express Magazine
du 20 septembre nous offre un "spécial Mode homme", et annonce à ses lecteurs ce qui doit les faire rêver : "Le temps libre avec classe". En guise d’éditorial, ce propos cultivé d’Anne Beaujour, qui commence par citer à contresens : "Distraire ... Pascal érigeait ce principe en philososphie. (...) A l’heure où la folie s’empare du monde, L’Express Le Magazine, plus que jamais, prend à coeur sa mission au coté de L’Express News : vous "distraire", avec dignité et avec un bonheur que nous souhaitons partagé.".

Quant au Nouvel Observateur il nous a offert, sous cellophane, non seulement ses éditoriaux et ses suppléments hebdomadaires, mais, en prime, un volumineux cahier de publicité pour les magasins du Printemps.

(Première publication : 23-09- 2001)

 
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