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« Surenchère antisémite » : Olivier Faure à son tour calomnié

par Maxime Friot,

De la « polémique » sur X à la stigmatisation médiatique.

La « polémique » et les accusations en antisémitisme n’ont pas traîné. Ce 14 septembre, le tweet d’Olivier Faure – « Le 22 septembre, quand la France reconnaîtra enfin l’État palestinien, faisons flotter le drapeau palestinien sur nos mairies » – fait aussitôt l’objet de réprimandes sur le réseau social.

Précisément, c’est un échange avec l’ex-militaire israélien, ancien journaliste sur i24 News et habitué des plateaux de BFM-TV Julien Bahloul, qui lance les hostilités : « Le 22 septembre est le soir du nouvel an juif, Rosh Hashana. Apparemment [Olivier Faure] cherche à dépasser Melenchon sur son propre terrain puant. » (Julien Bahloul, X, 14/09) La réponse d’Olivier Faure – « Tant que vous penserez que vous ne pouvez fêter le nouvel an juif et l’an 1 d’un Etat palestinien, vous ne sèmerez que la haine, le désespoir et la mort » (X, 14/09) – lui vaudra les calomnies de plusieurs figures médiatiques.

Le dessinateur Xavier Gorce par exemple : « [Olivier Faure] n’est jamais en retard d’une lâcheté ni d’une infâmie. […] C’est juste minable. » (X, 15/09) Mais aussi Sophia Aram, qui parle de « tweet infâme » (X, 15/09). « La surenchère antisémite devient ignoble » accusait déjà Jacques Attali la veille (X, 14/09), quand Denis Olivennes y voyait « un appel à la haine contre tous les Juifs » (X, 14/09).

Et la « polémique » de percer le mur médiatique… Dans Le Point (15/09), Marc Knobel revient sur un tweet « révélateur [...] des ambiguïtés et dérives relativistes de la gauche face à l’antisémitisme ». Au passage, Olivier Faure est mis en cause pour « une tendance persistante à minimiser la lutte contre l’antisémitisme ou à justifier, par calcul politique, certains discours exclusivement hostiles à Israël ». Et cette (fausse) question, renouant avec la pensée automatique : « La recherche permanente d’équilibres, et parfois l’obsession pour la préservation des alliances ou de simples calculs électoraux prennent-elles trop souvent le pas sur la clarté des principes, au détriment d’un engagement républicain résolu contre l’antisémitisme ? »

La réponse est apportée dans les matinales, le lendemain (16/09). Par Renaud Dély, sur Franceinfo :

Renaud Dély : On a l’impression […] qu’il a quelque chose à se faire pardonner, et que le parti socialiste demeurerait donc toujours un peu sous influence, si ce n’est sous sujétion, j’allais dire sous soumission, aux insoumis. Donc non seulement c’est malheureux sur le fond, et je vois pas ce que ça apporte […], mais de surcroît c’est, disons, politiquement assez inquiétant quant à la capacité des socialistes à s’affranchir de la domination des insoumis.

Ou par Christophe Barbier qui, dans le même registre à l’antenne de LCI, divague sur les stratégies supposées du député socialiste :

Christophe Barbier : Ne pas laisser à La France insoumise le monopole du démarchage électoral des citoyens musulmans et de tous les citoyens français sensibles à la cause palestinienne, ni le monopole du recrutement dans la jeunesse radicalisée. […] Faure a finalement montré qu’il était soumis aux insoumis.

Sonia Mabrouk, quant à elle, pose tout simplement la question à Marine Le Pen (CNews/Europe 1) :

Sonia Mabrouk : Autre sujet, Marine Le Pen, et il crée une vive polémique, une grande indignation […]. Cette polémique est suscitée par le premier secrétaire du parti socialiste Olivier Faure, qui appelle à hisser le drapeau palestinien le 22 septembre, je le rappelle, jour de la reconnaissance par la France de l’État de Palestine. Olivier Faure qui estime également que ceux qui ne peuvent pas fêter cela et le nouvel an juif, qui arrive concomitamment, seraient des semeurs de mort et de haine. Que veut-il ? Que veut Olivier Faure ?

Aussi la voie de l’outrance était-elle toute pavée : « Il veut ce que veut toute la gauche française et européenne, c’est-à-dire refaire des Juifs des parias […] », assène Marine Le Pen… sans que Sonia Mabrouk n’esquisse la moindre réaction. Le RN, arbitre des élégances en matière de racisme : Orwell est dépassé.



De Jean-Luc Mélenchon à Dominique de Villepin, les cabales pour antisémitisme se suivent et se ressemblent, plus ou moins délirantes, plus ou moins grossières, plus ou moins envahissantes. En plus de disqualifier encore et encore toute marque de soutien au peuple palestinien (et tout discours dénonçant le génocide perpétré par Israël), les médias et les journalistes qui alimentent ces dites « polémiques » se rendent-ils compte que, tels des apprentis sorciers, ils ne cessent de dévoyer la lutte contre l’antisémitisme ?


Maxime Friot

 
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