« Ukraine-Israël, la même histoire » : ainsi était titré un édito de François Lenglet dès le 15 octobre, dans La Provence. Sur BFM-TV, le 27/10, Nicolas Tenzer expliquait : « On a une organisation terroriste [le Hamas], un État terroriste la Russie, c’est pareil d’une certaine manière. » Quelques jours plus tard, sur LCI, c’est Abnousse Shalmani qui défend son parti pris : « Ukraine-Israël : même combat » (1/11). Même logique chez Bernard-Henri Lévy, sur RTL : « La guerre du Hamas contre Israël et la guerre de Poutine contre l’Ukraine, c’est pareil. C’est la même affaire qui se joue, c’est la même histoire qui se joue. » Ou encore : « Ça fait partie du même tableau d’ensemble. […] C’est la même guerre. » (11/11).

On voit l’inanité de l’analogie : peut-on sérieusement défendre que « c’est la même histoire » ou « la même guerre » ? On comprend en revanche son intérêt. Abnousse Shalmani : « J’ose espérer que, nous les occidentaux, et je crois qu’il est temps maintenant de dire des choses comme ça, nous les occidentaux, je pense que nous devons vraiment tenir les deux fronts, parce que ces deux fronts se retrouvent dans une chose : ils nous attaquent par haine de l’Occident. »

Un refrain qui s’inscrit parfaitement dans un discours en vogue depuis le 7 octobre pour qualifier les massacres perpétrés par le Hamas et l’intervention de l’armée israélienne à Gaza : celui de la « guerre de civilisation ». Un registre que Joseph Andras relevait dans Frustration (20/11) :

Le Figaro : « Du Hamas à Arras : une guerre de civilisation ? » ; Public Sénat, discutant avec Hortefeux : « Le combat du Hamas est un combat contre la civilisation » ; Sud Radio, par la grâce d’Élisabeth Lévy : « Guerre Israël-Hamas : le choc des civilisations » ; CNews, recevant Michel Onfray : « C’est une guerre de civilisation » ; L’Express, accueillant Bergeaud-Blackler : « Le conflit israélo-palestinien est aussi un conflit de civilisations » ; Le Point : « l’Occident fait face à un "choc des civilisations" ». Le message est passé.

Pascal Praud ne dit pas autre chose : « Israël est la pointe de l’Occident, ce qui s’y joue se jouera peut-être un jour à Paris, Londres ou New York. » (CNews, 26/10)

Quant à ce qu’il se joue dans les rédactions et sur les plateaux, on en voit chaque jour les dégâts.