Accueil > Critiques > (...) > Journalisme et/ou communication ?

En bref

Éric Brunet (RMC), communicant des cliniques privées, s’inquiète pour leur santé

par Blaise Magnin,

Journaliste qui a renoncé à sa carte de presse pour s’attribuer la profession de « polémiste », mais en vérité, comme nous l’avions montré, de « clown triste » et de « propagandiste de droite », Éric Brunet, le 6 février 2014, consacrait l’heure que lui concède RMC tous les jours de 13h à 14h à la situation économique des établissements de santé privés. Une émission qu’il sut magistralement introduire par un des numéros dont il a le secret.

«  Citoyens, citoyennes, malades, malades, patientes, patients, le privé est en colère, le privé ne va pas bien, le privé est même sur le plan financier très en difficulté. Alors ce n’est pas rien quand même le privé en France, j’ai regardé, c’est 34 % des soins hospitaliers dans notre pays, c’est 42 000 médecins, 54 000 infirmières, plus de 150 000 personnels paramédicaux, ça n’est pas rien. Et puis c’est 50 % de la chirurgie du cancer quand même dans notre pays le privé, plus de 60 % des actes de chirurgie ambulatoire, c’est l’avenir l’ambulatoire. Donc le privé c’est important.

Et pourquoi est-ce que le privé est en colère ? Ben, j’ai regardé parce que le privé quand même dérouille beaucoup sur le plan financier. J’ai regardé, vous savez, il y a une enveloppe annuelle de huit milliards de missions d’intérêt général, voilà, c’est la puissance publique, l’État qui aide tous les établissements de santé en France, publics et privés, hein. Eh bien le privé ne récolte que 1 %, un petit pour cent seulement de cette enveloppe, voyez ... Le privé c’est 33 différences fiscales, des charges, des taxes, des cotisations en plus de celles du public. […]

Alors aujourd’hui, et bien je m’interroge : est-ce que l’objectif du gouvernement, on sait que les hôpitaux publics ne vont pas bien, c’est la culture du déficit hein, c’est chaque année des déficits dans les hôpitaux qui sont comblés par le contribuable. Est-ce que la stratégie de ce gouvernement, c’est de dire, "bon bah on va faire souffrir le privé, comme ça le public ira mieux" , ça peut être une stratégie après tout ; finalement, on étrangle le secteur privé, les médecins s’en vont et donc les patients comme ça reviennent vers le public. C’est ça peut-être la stratégie de ce gouvernement. En tout cas moi je m’interroge et je ne suis pas le seul à s’interroger puisque vous avez aujourd’hui un certain nombre d’acteurs dans le monde de la santé privée qui ont décidé d’entrer en résistance. Voilà de quoi nous allons parler mesdames, messieurs, Camille bonjour. »

Une tirade grandiloquente, larmoyante et persécutive qui ne cite aucune source et aucun chiffre vérifiable, à laquelle l’auditeur est donc obligé de souscrire sans s’interroger, et qui reprend toutes les antiennes des fanatiques de la privatisation du système de santé – le même couplet est également disponible sur l’Éducation nationale, le système de retraites, de protection sociale, voire la police...

Une tirade digne d’un responsable des relations publiques des cliniques privées d’autant plus problématique que, comme l’avait déjà montré Rue 89, Éric Brunet n’en est pas à son coup d’essai dans ce registre, et fut surtout longtemps… directeur de la communication de Vitalia, « deuxième groupe d’hospitalisation privée en France » regroupant pas moins de quarante-cinq établissements. S’il a quitté ce poste stratégique, il n’en demeure pas moins, comme l’indiquait Rue 89 en janvier 2012, et rien n’indique que sa situation ait changé depuis [1], directeur de publication du magazine des cliniques Vitalia…

À croire d‘ailleurs que l’introduction de l’émission du 6 février n’était que la reprise du dernier édito de cette noble publication… Dans le cas contraire, l’édito du prochain numéro est déjà tout trouvé !

Conflit d’intérêt ? RMC, la « radio d’opinions », comme elle se définit elle-même, s’en fout ! Le CSA aussi. Tout va bien !

 
Acrimed est une association qui tient à son indépendance. Nous ne recourons ni à la publicité ni aux subventions. Vous pouvez nous soutenir en faisant un don ou en adhérant à l’association.

Notes

[1Voir sa biographie sur Wikipédia.

A la une

Nathalie Saint-Cricq dans Libération : une « pointure » et beaucoup de cirage

« Nathalie Saint-Cricq vote », et Libération vote Saint-Cricq.