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Lu, vu, entendu : « Jours agités dans le microcosme »

Tandis que nos médias s’émeuvent des mobilisations lycéennes et s’inquiètent pour le Traité constitutionnel européen - nous y reviendrons -, des « stars » médiatiques agitent le microcosme et des magazines luttent contre la sinistrose...

I. Jours agités dans le microcosme

 Josyane Savigneau perd son Monde des Livres . « La recapitalisation du Monde reportée » titre Le Figaro du 17 février 2005. L’article de Thiébault Dromard précise les raisons et les conditions de ce report et conclut, avec une infinie délicatesse : « En attendant, la direction de la rédaction du Monde ajuste son organigramme. Ecartée de la direction du Monde des livres, Josyane Savigneau sera « chargée d’une chronique hebdomadaire ». Son remplacement a provoqué quelques mouvements internes [...] » (en gras : souligné par nous). Les mouvements dont il s’agit se résument pour Le Figaro aux changements de poste.

A Libération, on se montre plus prolixe et plus acide (à charge de revanche ?) : « Le Monde sens dessus dessous en attendant les sous », titre le quotidien, le 16 février 2005. « Chaises musicales à la rédaction, alors que la recapitalisation prend du retard » précise le sous-titre de l’article signé par Olivier Costemalle et Catherine Mallaval. Extrait :

« Mais que se passe-t-il au Monde ? Le nouvel organigramme de la rédaction continue de provoquer des psychodrames internes, la recapitalisation prend du retard et les salariés de plusieurs filiales se rebiffent. Bref, l’ambiance n’est pas au beau fixe [...]. D’abord, le cas Josyane Savigneau. Rédactrice en chef, depuis 1991, du Monde des livres, elle vit très mal d’en avoir été écartée par Gérard Courtois, le nouveau directeur de la rédaction. Elle s’est bagarrée pour conserver son fauteuil. Son lobbying a provoqué des remous jusqu’à Saint-Germain-des-Prés, puisque quatorze auteurs et éditeurs ont cru bon d’envoyer à la direction du quotidien une lettre pétition s’inquiétant d’éventuels changements au sein du supplément littéraire.  »

La lettre en question, publiée par Libération, dit notamment ceci : « Il serait regrettable que des calomnies marginales finissent par influer sur la tenue du journal et par porter atteinte aux valeurs que son équipe en place défend ». Ce courrier signé par Muriel Beyer (Plon), René de Ceccatty (Seuil), Olivier Cohen (Seuil), Richard Ducousset (Albin Michel), Viviane Forrester (jury Fémina), Antoine Gallimard, Benoîte Groult (jury Fémina), Viviane Hamy, Christine Jordis (Gallimard, jury Fémina), Anne-Marie Métailié, Françoise Nyssen (Actes Sud), Olivier Nora (Grasset), Denis Roche (Seuil) et Chantal Thomas. Du beau linge, forcément désintéressé....

Jean-Marie Colombani s’est indigné de pareilles pressions, lui qui n’en exerce et subit aucune.

Pour en savoir plus sur les controverses suscités par Josyane Savigneau et sur le personnage médiatique qu’elle incarne, consultez notamment les articles que nous leur avons consacrés.

Bref, Josyane Savigneau cède la place à Franck Nouchi qui est lui-même remplacé par Patrick Jarreau. Comme le dit encore Libération (où « l’ambiance » est forcément sereine...) : « Ce jeu de chaises musicales ne contribue pas, c’est le moins qu’on puisse dire, à apaiser l’ambiance encore tendue au sein du quotidien après les affrontements brutaux qui ont accompagné le départ d’Edwy Plenel fin novembre 2004.  »

 Elisabeth Lévy renvoie l’ascenseur à Christophe Hondelatte. Après le départ houleux de Christophe Hondelatte du JT de la mi-journée de France 2 vendredi 28 janvier 2005 (un portrait de Libération - lien périmé - aurait donc suscité sa grogne... Lire Christophe Hondelatte face à la « grogne » des enseignants), Elisabeth Lévy prenait sa défense dans Marianne (5/02/05). En refusant, à quelques heures du direct, de présenter l’édition du jour, Hondelatte aurait commis un « crime de lèse-télé », c’est pour cela qu’on lui en veut, explique sur deux pages l’experte du « premier pourvoir » [1]. Hondelatte était « peu adapté à la fabrique de consensus qu’est la télévision » ; « agir sous le coup d’une émotion non contrôlée, non calibrée, voilà qui n’est guère convenable » [2].

Mais, dans sa plaidoirie, Elisabeth Lévy ne s’en tient pas à l’écume, elle se souvient qu’Hondelatte a un passé. « Créateur et animateur de l’émission “On refait le monde” sur RTL, il en avait fait l’un des rares lieux où tous les points de vue, y compris ceux que la doxa considère comme inconvenants, avaient droits de cité. »

Elle s’en souvient, mais avec un petit trou de mémoire. Parmi les collaborateurs d’ « On refait le monde » version Hondelatte sur RTL figurait en effet... Elisabeth Lévy. L’analyste du « premier pouvoir » oublie malencontreusement d’en informer le lecteur de Marianne [3]...Or, Elisabeth Lévy s’est depuis fâchée avec la nouvelle responsable d’ « On refait le monde », Pascale Clarke (lire Lu, vu, entendu : « Joies simples & idées saines »). Le 30 novembre 2004, Elisabeth s’était indignée à l’antenne d’un portrait où Pascale exécutait le nouveau ministre de l’Economie, Hervé Gaymard, insistant sur le fait qu’il est catholique et père de huit enfants. Résultat : Elisabeth avait été virée par Pascale. L’affaire était relatée dans Le Figaro (13/12/04) ; Christophe Hondelatte, fondateur d’" On refait le monde ", y expliquait à quel point l’absence d’Elisabeth Lévy allait dénaturer l’émission. Toutes choses dont le lecteur de Marianne n’était sans doute pas digne d’être informé...

 Elisabeth Lévy (encore !) rejoint l’équipe de Laurent Ruquier

Le 30 novembre dernier, après deux ans de bons et loyaux service sur l’antenne de RTL, Elisabeth Levy était limogée par la présentatrice Pascale Clark (Voir Lu, vu, entendu, n°7).

Dans Le Figaro du 07 février 2005, la journaliste Virginie François nous rassure : « Moins de deux mois après avoir dû quitter “On refait le monde”, [...] Elisabeth Levy a déjà retrouvé un micro sur une radio généraliste. Depuis le 25 janvier, elle participe à “On va s’gêner”, l’émission quotidienne de Laurent Ruquier sur Europe 1. »


Elisabeth Levy était d’abord réticente. « Quand Ruquier m’a fait cette proposition, je lui ai d’abord répondu que je ne me voyais pas me conformer à l’obligation d’être drôle sur tous les sujets  » ; «  Ce que je sais faire, c’est réfléchir sur l’actualité, argumenter et polémiquer, parfois sur le mode de l’humour et parfois non  », a expliqué la journaliste au Figaro. « Mais, précise-t-elle, il m’a assurée que je pouvais intervenir très librement, sur la forme comme sur le fond. »

C’est donc rassurée - mais un peu intimidée - qu’Elisabeth Levy apparaît pour la première fois au micro d’Europe 1, le mardi 25 janvier 2005 à 16 h 30. « J’ai l’impression d’arriver dans une nouvelle école », avoue-t-elle au début de l’émission, avant de se présenter très sérieusement comme « journaliste indépendante » ; « on m’a dit il n’y a pas longtemps “mercenaire”, mais je trouve que “journaliste indépendante” est plus chic. » Indépendante de qui ?, de quoi ? Indépendante économiquement ? Peut-être ; politiquement ? Possible ; idéologiquement ? Rien n’est moins sûr.

Laurent Ruquier lit alors, comme à son habitude, quelques courriers d’auditeurs. Il annonce qu’il y a déjà des réflexions sur la présence d’Elisabeth Levy (annoncée quelques heures plus tôt à l’antenne). Celle-ci ne cache pas son inquiétude : « oh là là, la démocratie directe, c’est terrible ! » Puis quand l’animateur lit un courrier reprochant à Paul Wermus (autre chroniqueur de l’émission) une inexactitude dans une anecdote qu’il avait raconté à l’antenne, la crainte d’Elisabeth se confirme : « Moi il y a un truc qui m’inquiète avec vos auditeurs qui réagissent ; c’est que normalement dans notre boulot on a l’impunité [« absolument ! », s’exclame Claude Sarraute, ex chroniqueuse au Monde...]  ; on peut dire n’importe quelle connerie, personne nous en reparle jamais. Alors si maintenant, on doit répondre de ce qu’on dit... c’est très inquiétant. »

Heureusement, comme le note Le Figaro, si les discussions de l’émission de Laurent Ruquier sont « aussi agitées que sur RTL », elles sont en revanche « bien plus légères sur le fond » ; ce qui limite d’autant le risque de commettre de graves impairs. Reste à savoir comment la journaliste parviendra, si elle y parvient, à atteindre le but qu’elle semble s’être fixé : « défendre [son] point de vue dans une émission très écoutée ».

A suivre...

 Pierre Marcelle, lecteur critique de Charlie Hebdo

Pierre Marcelle (dans Libération du 15 février 2005) remarque que « même à Charlie Hebdo », on a du mal à percevoir l’humour du dessinateur Willem. Le chroniqueur de Libé rappelle que « le 26 janvier, Willem avait évoqué l’élection à la présidence palestinienne en croquant Mahmoud Abbas en chien sceptique auquel Ariel Sharon ordonne d’attaquer deux terroristes encagoulés et ceinturés d’explosifs. Considérant l’objectif du Premier ministre israélien d’enfermer le Hamas dans Gaza, c’était, m’avait-il semblé, façon de dire l’inconfort en lequel se trouve le nouveau président de l’Autorité palestinienne. Dans Charlie du 9 février, et au prix d’un gros mensonge dans un raisonnement spécieux, le dessinateur Joann Sfar, arguant qu’Abbas est représenté « à quatre pattes et en laisse, près de Sharon », voit, lui, sous le trait de son collègue, une apologie du terrorisme ; et en remet une couche en laissant carrément entendre que Willem est antisémite. Le problème est que, précise Pierre Marcelle, dans le dessin de Willem, Mahmoud Abbas est assis au pied des terroristes, et que personne ne le tient en laisse. La laisse, Sfar l’a rêvée, ou ¬ pire ¬ inventée. » Ceci lui permet de conclure sur une question qui anime bon nombre de lecteurs de Charlie Hebdo depuis quelques années : « Qu’est-ce qu’ils ont, en ce moment, à Charlie ?  » Et de nous rappeler ce que l’on est forcé de constater : « Du Forum social européen de Londres jusque dans leurs propres pages, une psychose les fait chercher partout des « gauchistes » antisémites ou des Verts devenus bruns pour instruire des procès en sorcellerie. Ici comme là, toutes les spéculations peuvent être avancées. Mais lorsque, au mépris du réel, elles viennent jeter sur un esprit libre un opprobre infamant, elles s’honoreraient de vérifier ce qui les fonde » [4].

 Le seul « échec » de son éminence Raymond Soubie . Le Monde (daté du 3 février 2005) consacre sa page « Horizons » à un portrait de Raymond Soubie, « consultant en cour ». Le chapô résume : « Technocrate, expert en négociations sociales, il avait créé Altedia, premier cabinet français en ressources humaines. L’entreprise vient d’être cédée à Adecco ». Si l’on en croit ce papier, M. Soubie est un génie. Une seule (petite) tâche, évoquée rapidement au début de l’éloge, subsiste dans le véritable chef d’œuvre qu’est sa carrière :

« Le parcours de Raymond Soubie est hors normes. Sans faute ? Presque. Sur son curriculum vitae figure un échec. Un seul. En 1990, le tandem qu’il compose avec Jean-Marie Colombani pour diriger Le Monde ne reçoit pas l’aval des actionnaires. Ceux-ci lui préfèrent Jacques Lesourne. Jean-Marie Colombani devra attendre quatre années supplémentaires. » Sans commentaire... (Voir le portrait - plus... nuancé - brossé par PLPL).

 Antisémitisme : le mea culpa de Laurent Joffrin (et du Nouvel Obs ) - Au dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), le 12 février, Raffarin stigmatisait « certaines initiatives supposées littéraires, telles que celle présentée dans la presse comme un livre "inqualifiable". Je n’en dirai pas plus, ici et maintenant, pour ne pas faire de la publicité à l’indignité. » Il n’en a pas dit plus, mais « on » a reconnu - « et son entourage a confirmé » (selon Le Monde du 15 fév. 05) - le livre Pogrom, d’Eric Bénier-Burckel (Flammarion). Sur lequel les « grands » médias se sont alors précipités, découvrant, pour la plupart, son contenu antisémite (la veille du dîner du CRIF, Le Monde avait publié une tribune qui tirait la sonnette d’alarme).

Le 15 février, le directeur de la rédaction du Nouvel Observateur Laurent Joffrin fait son mea culpa sur le site de l’hebdo : l’Obs a publié trois semaines plus tôt (n°2098, 20 janvier 2005) une critique plutôt positive de Pogrom, « une critique littéraire classique - trop classique - qui évaluait le style d’un romancier en phase avec un certain air du temps passablement fétide », assène Joffrin - il n’est jamais trop tard pour prendre ses distances avec l’ « air du temps »... « Il manquait à notre petit article une précision essentielle : celle qui consiste à appeler un chat un chat et "Pogrom" un livre antisémite », conclut le directeur de la rédaction de l’ Obs [5].

En effet, le 20 janvier, le Nouvel Observateur, dans un article intitulé « Napalm d’or » (sic), trouvait le livre d’Eric Bénier-Burckel « célinien en diable » : « une sorte de “Guerre des Rose” sous amphétamines qui serait atrocement réelle si elle ne virait, à chaque embardée, au psychédélique le plus débridé », « huis clos de deux voix qui s’entrechoquent, aux frontières du manifeste poétique ». A l’appui de son émerveillement, le critique, manifestement inspiré, convoque successivement Michel Butor, Vauvenargues, Schopenhauer, et... Nietzsche. Il écrit : « l’artiste véritable, nouveau Zarathoustra dont la langue fulmine en “napalm et shrapnel”, serait, à en croire l’auteur, celui qui parviendrait à “danser dans les holocaustes”, et qui n’aurait d’oreille que pour un “Auschwitz en symphonie dodécaphonique”. »

Coïncidence ? Le 15 février, quand Joffrin fait son mea culpa en ligne, est aussi le jour de bouclage du Point, qui, dans son numéro du jeudi 17 février, souligne : " un quotidien et un hebdomadaire ont publié des critiques plutôt positives de ce roman “célinien en diable” "... Dénoncer l’antisémitisme, c’est bien. Mais si l’on peut en même temps taper sur la concurrence, c’est encore mieux !

  Libération, toujours intransigeant. A propos de Rothschild, Gérard Dupuy a écrit dans Libération :
" Plus le baron s’explique et mieux je perçois ce qui nous sépare. Non tant l’écart - incommensurable - de nos fortunes, ni la divergence - radicale - de nos opinions. Quelque chose de plus subtil, mais d’irrémédiable : l’idée qu’il se fait de la nature des choses. (...) En l’écoutant, je pense au mot de Genet : "Tous les hommes se valent, mais c’est parce qu’ils ne valent rien." Mais ils ne fréquentent pas forcément le même univers. "
C’était le samedi 21 novembre 1981, à propos de Guy de Rothschild, alors en butte à la menace de nationalisation (et c’est Le Monde daté 6 fév. 05 qui le rapporte : “La nouvelle casaque d’Edouard de Rothschild”)...

Vingt-deux ans plus tard, Libération assène dans son éditorial :
" S’en prendre aux banquiers est une figure obligée, et facile, de toute démagogie populiste. Il ne faut pas ignorer que les banques sont un rouage essentiel de toute économie qu’elles ont pour fonction de financer. De leur bonne santé dépend en partie la prospérité de toute société " (“Rentiers”, par Patrick Sabatier, Libération, 11 fév. 05 [6]). Sans commentaire.

II. Adieu la sinistrose !

Les Français ont la sinistrose ? Qu’à ce la ne tienne, le magazine du philosophe des idées saines (et simple) a la solution toute trouvée :

Et comme Dassault (ledit philosophe) essaime ses idées bienfaitrices, c’est au tour de Challenges (17 février) du groupe Nouvel Observateur de diffuser les bonnes odeurs :

III. En vrac

 Sarkozy chez Fogiel - Une claque et des caresses. Nicolas Sarkozy était, le dimanche 6 février 2005, l’invité de Marc-Olivier Fogiel, sur France 3. Un événement médiatique, bien sûr. Mais les journalistes du Parisien, du Monde et du Figaro n’ont vraisemblablement pas vu le même programme...

Dans Le Monde (8 février 2005), le chroniqueur Dominique Dhombres lui trouve un « sens de la repartie » et indique qu’il ne se laisse pas « démonter par les questions les plus aigrelettes ». Or, pour Le Parisien (7 février 2005) Sarkozy au « jeu de petites questions sur fond de rire du public » était « mal à l’aise » : « Le patron de l’UMP est cerné, pris en tenailles ». Pourtant, Le Monde (8 février 2005) révèle : « Cécilia était au premier rang, en T-shirt noir. Une claque nourrie de jeunes militants de l’UMP applaudissait à tout rompre chacun de ses propos.  ». Pas sympas les militants ...

Pour Le Figaro (7 février 2005), il a été « très à l’aise », « le patron de l’UMP n’a pas cédé à la démagogie  », et, « une seule question a réussi à déstabiliser Nicolas Sarkozy, l’espace d’un instant : et si Jacques Chirac l’appelait à Matignon ? » Bref, « Nicolas Sarkozy n’a pas essayé de “plaire à tout le monde” : il a défendu ses convictions et ses ambitions ». Mieux, Sarkozy a su bouleverser les genres : « D’une émission de divertissement, Nicolas Sarkozy et ses interlocuteurs ont fait un rare moment de vérité. Marc-Olivier Fogiel et les journalistes présents sur le plateau ne lui ont à peu près rien épargné, et il a tout assumé » ... Moralité : chapeau (à claque) bas.

Ondoyants commentaires : ça doit être ça le pluralisme ! Quant à l’information, la voici :
« Nicolas Sarkozy s’est vu remettre la Légion d’honneur hier en fin de journée par Jacques Chirac. A la sortie, les photographes, à l’affût, ont pu saisir le tête-à-tête des deux hommes, dont certains imaginent qu’ils pourraient s’affronter en 2007 » (c’était le 12 février 2005). Qui sont donc ces « certains » apparemment si « imaginatifs » que Le Parisien (14 février 2005) se montre si rigoureux et incrédule ?

 Sommet de l’OTAN à Nice : où sont les anti-guerres ? Le 9 février 2005, des anti-guerres ont manifestés à Nice (en France) contre le sommet de l’Otan, émanation américaine « illégitime et dangereuse » (L’Humanité, 10 février 2005) dans l’indifférence générale (exception faite de l’Humanité, justement). Effet « Condo Rice » qui a vampé notre presse quelques jours auparavant ?

 Anti-gauchisme élégant sur France Inter. Sur la radio, vers 15 heures 35-40, émission « quand j’s’rai grand », l’invitée - Leslie Kaplan (écrivain de fibre sociale) donne des éléments de sa biographie : « A l’époque (68) j’étais marxiste-léniniste ». L’animateur (Philippe Bertrand) sur un ton badin et ... complice : « C’n’est pas joli joli... » Mais Leslie Kaplan ne semble pas avoir honte, mais, prise de court, elle bredouille un « Oh ... » Et Philippe Bertrand sinon persiste et signe : « Y a eu pire ».

 Titre embrouilleur. « La baisse du nombre de fonctionnaires va être doublée l’année prochaine  » (Les Echos, 8 février 2005).

 Promo de film... Les grands esprits de la communication se rencontrent. Les grands esprits de la communication (relation presse et médias) savent se rencontrer pour faire vendre un film médiocre et booster leur ventes (pour les médias) sur le dos d’un mort. « Iznogoud Youn parle de Villeret » et « Sortie d’Iznogoud : Michaël Youn parle de Villeret » (il manque le « enfin » ?), respectivement France-Soir et Le Parisien (9 février 2005). Dès lors, comme le film « marche », Le Parisien (12 février 2005) se devait de consacrer un article prétendant expliquer pourquoi. Attention, c’est de la critique avec un grand C comme ... complaisant « D’abord, évidemment, il y a la distribution. [...] Michaël Youn, [...] Et puis, à ses côtés, on retrouve Jacques Villeret... La brutale disparition du comédien, le 28 janvier, a suscité une vive émotion et a sans doute encouragé les spectateurs à lui rendre hommage en venant le voir dans ce rôle de calife taillé pour lui.  ».

IV. Et pour finir

 Papisme aveuglé et enamouré. Certains ont dû se sentir extra-terrestres suite à l’hospitalisation du Pape, lorsque les médias ont décrété que « le monde entier » était « au chevet de Jean-Paul II » (au hasard, Le Figaro Magazine du 12 février 2005).

Un cas (parmi tant d’autres) : Paris Match (10 février 2005), au nom du « monde entier ». D’emblée, l’éditorial d’Alain Genestar coupe court aux éventuelles critiques des mécréants et autres agnostiques qui pourraient trouver la couverture médiatique de l’hospitalisation de Karol Wojtyla (dit Jean-Paul II) un tantinet partiale et, disons pudiquement, disproportionnée : « Quand un père est malade, on prend de ses nouvelles. Jean-Paul II n’est pas le père de l’humanité (certes - ndrl) mais il en a le regard ». Ce postulat posé, il déroule son article  : « le monde regarde aujourd’hui Jean-Paul II » (re-belote) ; « toute sa vie le Pape a agi dans la vérité » ; « Jean-Paul II n’a cessé d’adresser et de faire triompher un message extraordinaire  » (il ne croit pas si bien dire ! Mais oublie d’évoquer, entre autres, ses positions sur le sida) ; « Jean-Paul II a transformé sa faiblesse en force, comme dans les Evangiles le Christ a changé l’eau en vin »...

 
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Notes

[1Titre de son émission consacrée aux médias le samedi à 8 heures sur France Culture.

[2Depuis, Hondelatte a apparemment su re-« calibrer », puisqu’il aurait produit un certificat médical, transformant la séparation en un licenciement, avec à la clé des indemnités non négligeables. Une négociation avec la direction de la chaîne s’est donc engagée, sur les termes d’un " accord transactionnel ". Dès lors, le volet financier de cette négociation a régulièrement " transpiré " dans la presse, la somme due à l’ex-présentateur se réduisant comme peau de chagrin au fur et à mesure des " indiscrétions "... Hondelatte devait percevoir la modique somme de 180 000 euros (Le Point, 10 fév. 05), puis " moins de 100 000 euros " (L’Express, 21 fév. 05), et enfin 60 000 euros (Le Monde, 24 fév. 05). On est soulagé (note d’Acrimed, 24 fév. 05).

[3Marianne, volontiers donneur de leçons à ses confrères, est coutumier de ce genre de « trou de mémoire », lire notamment " Affaire Alègre " : un trou de mémoire de J.-F. Kahn.

[5Mardi 15 février, le jour même où le site de l’Obs a publié le mea culpa de Joffrin, le site de l’ « Observatoire du communautarisme » ironise, qualifiant le directeur du Nouvel Observateur de « résistant de la dernière heure ».

[6Relevé par Marianne, 19 fév. 05.

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