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Alain Finkielkraut, ses pensées immortelles

Alain Finkielkraut vient d’être élu membre de l’Académie française. S’il s’est fait plus discret depuis quelques années – notamment pour des raisons de santé – le bouillonnant philosophe occupe toujours le devant de la scène et reste régulièrement invité dans les médias pour s’exprimer sur tout et n’importe quoi. De 1995 à 2010, il a été partout, du petit écran à la radio en passant par la presse écrite : seul Internet ne trouve toujours pas grâce à ses yeux. Voici un condensé du meilleur d’Alain Finkielkraut. Pour mémoire, et pour la postérité...

Sur le conflit israélo-palestinien et l’antisémitisme

« Israël n’avait pas d’autre choix que de tenter de juguler lui-même le terrorisme. Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de solution militaire qu’une réaction militaire est frappée d’illégitimité. [...] On ne peut à la fois terrifier les gens et leur demander d’obéir scrupuleusement aux conventions de Genève. » La Croix, 17 avril 2002.

« Dans un premier temps, on dit : les Israéliens sont des nazis, et tous les Juifs qui les soutiennent aussi. Dans un deuxième temps, une fois qu’on a nazifié les Israéliens, on reverse sur Israël l’image de la pieuvre ou de l’araignée et le discours paranoïaque des Protocoles des Sages de Sion : ce sont les Juifs qui tirent tous les fils. » L’Arche, mai-juin 2002.

« Pour Le Monde diplomatique et pour Télérama, tous les sionistes sont des chiens, presque tous les Juifs sont des sionistes et donc des chiens, sauf Rony Brauman, ce juif qui sauve l’honneur. » Le Point, 3 octobre 2003.

« Hier, l’idéologie marxiste réduisait la réalité à la lutte des classes : tout était ramené à l’exploitation. Aujourd’hui, l’idéologie antiraciste réduit la réalité à la grande antithèse de la discrimination et des droits de l’homme : tout est ramené à l’exclusion. De la pluralité humaine et de la complexité du monde, il ne reste que deux camps : les oppresseurs et les opprimés. Dans l’idéologie communiste, l’oppresseur avait le visage du bourgeois. Dans l’idéologie antiraciste, l’oppresseur a le visage du nazi. Les juifs n’étant plus les opprimés, il faut donc qu’ils soient des nazis . » L’Express, 30 août 2004.

« Juppé a été très atteint, parce que 10 ans d’inéligibilité, ça veut dire aussi 10 ans... où il est rayé des listes électorales. C’est-à-dire, cet homme, qui a fait cette carrière, ne peut plus voter. C’est-à-dire, c’est le déshonneur auquel on condamnait les collabos après 1944 ! » France Culture, 23 octobre 2004.

Sur la critique des médias, les altermondialistes et l’extrême gauche

À propos de Serge Halimi et de son livre Les Nouveaux Chiens de garde : « Les vieux démons de l’extrême droite n’ont pas mis longtemps à ranimer ceux de l’ultra-gauche ». Le Monde, 12 décembre 1997.

«  Ce qu’il [Pierre Bourdieu] met tant d’énergie à combattre, ce n’est pas le rétrécissement de l’espace public, c’est son existence ; ce n’est pas le journalisme et ses dérives commerciales, c’est l’insulte quotidienne faite par ce qui reste de pluralisme dans notre pays à sa vérité. » Le Monde, 18 septembre 1998.

« Ce ne sont pas seulement des voyous déstructurés qui transposent le conflit du Moyen-Orient en France : l’élite est, une nouvelle fois, au diapason de la racaille. […] L’homme qui fait des sauts de puce de Seattle à Porto Alegre et de Porto Alegre à Ramallah, ce n’est pas Astérix, c’est Touristix. José Bové, c’est le tourisme érigé en politique. » L’Arche, mai-juin 2002.

«  Là-dessus, il faut donc être très clair : soit José Bové est désavoué par le mouvement antimondialisation, la Confédération paysanne, ATTAC et Le Monde diplomatique, soit nous pouvons tenir ces mouvements pour comptables de ses discours et affirmer que l’antisémitisme de demain viendra de ce camp-là. » L’Arche, mai-juin 2002.

« C’est le progressisme aujourd’hui qui est en train d’engendrer les monstres. José Bové est l’un de ces monstres, et il n’est pas le seul. » L’Arche, mai-juin 2002.

« Quel est aujourd’hui l’intellectuel planétaire le plus populaire, celui en tout cas dont les livres se publient, prolifèrent partout, c’est à ma... à ma grande surprise Noam Chomsky ? On ne voit que Noam Chomsky. Or qu’a dit Noam Chomsky au moment du génocide cambodgien ? Là il n’y avait pas d’image, mais il a dit il ne s’est rien passé au Cambodge, parce que pour Noam Chomsky, rien ne peut avoir lieu... si vous voulez, aucune oppression n’est possible, sinon l’oppression américano-sioniste. Donc tous les autres événements n’existent pas, et ça c’est très très grave. » France 2, le 12 octobre 2003.

Sur l’équipe de France de football (lors de ses déboires à la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud)

« Si cette équipe ne représente pas la France, hélas, elle la reflète : avec ses clans, ses divisions ethniques, sa persécution du premier de la classe, Yoann Gourcuff. Elle nous tend un miroir terrible. Ce qui est arrivé à Domenech est le lot quotidien de nombreux éducateurs et de professeurs dans les cités dites sensibles. Cette équipe renvoie à la France le spectacle de sa désunion et de son implacable déliquescence. » Le Journal du Dimanche, 20 juin 2010.

« Une bande de 11 petites frappes ça ne fait pas une équipe et ça ne fait pas une équipe qui nous représente. […] On n’est plus dans l’univers mental du football ; on est dans l’univers mental des sopranos, de la mafia, de l’omerta ». France Inter, 21 juin 2010.

Sur la culture

« La culture commune est à la culture générale, ce que l’auto-école est à l’école. » France Culture, 23 octobre 2004.

« Si la valeur esthétique se confond avec une valeur de découverte, si on considère l’œuvre si vous voulez, comme un mode de connaissance, tout change. Dans le cas où l’on ne dit pas cela, alors l’art devient un certain type de divertissement, et très vite on pense que c’est un divertissement snob ! C’est quand même tout ce que dit La Distinction  ! » France Culture, 23 octobre 2004.

À propos de « Underground », film réalisé par Emir Kusturica : « Il [le jury de Cannes] a honoré un illustrateur servile et tape-à-l’œil de clichés criminels ; il a porté aux nues la version rock, postmoderne, décoiffante, branchée, américanisée, et tournée à Belgrade, de la propagande serbe la plus raboteuse et la plus mensongère. [...] Ce que Kusturica a mis en images, c’est le discours même que tiennent les assassins pour convaincre et pour se convaincre qu’ils sont en état de légitime défense car ils ont affaire à un ennemi ». Le Monde, 2 juin 1995.

Nota bene : quelques mois plus tard, l’éminent philosophe avouera dans Libération ne pas avoir vu le film : « Maintenant que j’ai pu voir le film, je reconnais que j’ai été injuste avec Emir Kusturica. […] Ce film crée un genre nouveau : la propagande onirique. [...] Mensonges, démesure et citations : les naïfs en prennent plein la vue et les cyniques relèvent la tête ».

 
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