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Retraites : Ouvrir un vrai débat sur le service public (SNJ-CGT)

Nous publions ci-dessous un communiqué du SNJ-CGT Audiovisuel public (Acrimed)

Depuis le début de la semaine, les sociétés du service public de l’audiovisuel multiplient les reportages et interviews en plateau des acteurs de la réforme sur le régime des retraites.

À coups de petites phrases, de trois ou quatre questions convenues, d’exemples synthétiques sur les différentes dispositions prises dans d’autres pays européens voire en… Amérique latine (!!!) la tendance générale qui se dégage de ces reportages est que nous serions contraints à accepter le chantage du Gouvernement : soit l’allongement de la durée des cotisations, soit le recul de l’âge de départ en retraite à 66, voire 71 ans en 2050, comme le préconise notamment le rapport du Conseil d’orientation des retraites dont les membres ont été choisis par le Gouvernement.

Le fameux chiffre des 100 milliards manquants en 2050, avancé par le Gouvernement (sans qu’aucun journaliste ne se soit interrogé sur la provenance de ce chiffre !), sert de justification à ces deux alternatives posées comme incontournables.

Nul doute que jusqu’à l’automne ces rengaines nous soient servies à longueur d’antenne, avec en prime les éternels experts, économistes et autres « spécialistes des retraites », défendant tous les mêmes solutions libérales.

Où avez-vous entendu que les États ont été incapables de prendre des mesures pour briser la toute puissance des marchés financiers, les mêmes qui aujourd’hui font pression pour imposer des réformes brutales visant à réduire les dépenses de santé et de retraites ?

Où avez-vous entendu les solutions alternatives proposées par les syndicats ou les partis de gauche dans leur diversité :
- taxer à 8% les revenus financiers des banques et des entreprises, au même titre que les salaires, en élargissant l’assiette, apporterait 22 milliards d’euros dans les caisses de retraite ;
- en finir avec les exonérations sociales dont bénéficient les entreprises, qui coûtent 10 milliards de manque à gagner pour le système de retraite, alors qu’elles ne sont d’aucune utilité sur l’emploi ;
- taxer les stock-options, la spéculation boursière, les dividendes versés aux actionnaires ;
- augmenter les prélèvements…

Selon les vœux de Sarkozy et Parisot, tout devrait être ponctionné sur les revenus du travail !

Comment la France qui a doublé ses richesses en 30 ans pourrait-elle mettre en place cette réforme qui conduirait à partir à la retraite sans avoir droit au taux plein, à la diminution des pensions, à augmenter le chômage des jeunes et des seniors ? Alors que déjà la pension moyenne brute est de 1.426 euros et de 599 euros pour le régime général, au niveau du seuil de pauvreté !

Le droit à la retraite à 60 ans est une conquête sociale.

Les rédactions du service public et chaque journaliste doivent résister au truquage des termes du débat. Les téléspectateurs et auditeurs ont droit à un véritable débat sur cet enjeu de société.

Si nous ne voulons pas, une fois de plus, être en décalage avec ce que pensent nos auditeurs et téléspectateurs, les sociétés du service public doivent ouvrir le débat avec des émissions en prime time confrontant les idées et les solutions alternatives.

Sans cela nous manquerions à notre devoir d’informer.

Paris le 14 avril 2010

 
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