Accueil > Critiques > (...) > Après le scrutin du 29 mai 2005 [Référendum de 2005]

Bernard Guetta, "pédagogue" au bord de la crise de nerf

par Benoît Vernière,

Lors de la campagne référendaire du TCE, Bernard Guetta s’est vanté d’avoir réalisé un « énorme travail d’explication » [1] sur France Inter, à l’Express et au Temps… Il a excellé dans son rôle de « pédagogue ». Il a affronté, croit-il encore, les hordes du « camp noniste », comme il le nomme subtilement, sur les ondes de France Inter.

Pourtant, ce Don Quichotte des temps modernes européens n’était qu’un ardent propagandiste du « oui ». Avec moins de panache qu’un Alexandre Adler, avec moins de mauvaise foi qu’un Jean-Pierre Elkabbach, avec moins d’arrogance qu’un Philippe Val, ou avec moins d’humour qu’un Alain-Gérard Slama (sic), il n’a été qu’une pâle copie de ce que l’on pouvait entendre partout ailleurs.

Deux ans après une défaite qui est aussi un petit peu la sienne, il veille toujours, le verbe haut, le ton acerbe, en polémiste incontinent qui se prévaut de sa fonction d’éditorialiste pour asséner ses vérités incontestables et ses mensonges qui ne le sont pas moins notamment quand il attribue aux partisans du "non" l’invocation d’un "Plan B" qu’ils ont aussi peu évoqué que l’exemple du "plombier polonais". Illustration de ce que peut oser la morgue sans contrepartie avec le 7-9 du 28 juin 2007 sur France Inter, où il a fallu tout le flegme d’Henri Emmanuelli pour contenir les excès du chroniqueur, dont il prétendra sans doute qu’ils étaient « pédagogiques ».

Extrait sonore (savoureux) sans commentaire, suivi de la transcription écrite.

http://www.acrimed.org/IMG/mp3/emmanuelli_guetta2_280607.mp3


Format mp3 - Durée : 4’ 33" - Téléchargeable ici

Transcription :

Un auditeur : Monsieur Emmanuelli, lors du référendum du 29 mai 2005, les partisans du NON, dont vous faisiez partie, avaient parlé d’un plan B. Aujourd’hui, 2 ans après, on a vu que le moteur européen s’est arrêté. Je voulais savoir où est passé ce plan B et en quoi consistait-il ?
Henri Emmanuelli  : C’est pas les partisans du Non qui ont parlé du plan B, c’est Monsieur Giscard d’Estaing qui a parlé du plan B, en se montrant à la télévision (...) avec un gros ballon, qu’il a d’ailleurs fait exploser avec une épingle, je m’en souviens parfaitement. Et depuis 2 ans, on dit aux partisans du Non : le plan B, le plan B, le plan B ! (...)
Nicolas Demorand : Bernard Guetta...
Bernard Guetta : Henri Emmanuelli, je ne sais pas si vous avez personnellement employé l’expression plan B, peu importe mais euh...
H. Emmanuelli : Non je ne l’ai jamais employée...
B. Guetta (le coupant) : Bon, très bien, très bien. Dont acte, dont acte !
H. Emmanuelli : …mais cela fait deux ans que je lis dans la presse et que j’entends dire que nous avons proposé un plan B…
B. Guetta : Alors vous, personnellement, peut-être pas, mais le camp Noniste certainement oui.
H. Emmanuelli : Mais c’est quoi le camp Noniste ?
N. Demorand : Ben, c’était les gens qui appelaient à voter non.
H. Emmanuelli : Non, monsieur Guetta, y a eu…
B. Guetta (le coupant) : Non, le camp Noniste… on va s’arrêter sur la définition du camp Noniste ! Le camp Noniste, monsieur Emmanuelli, ce sont les gens qui ont voté non. Donc je poursuis…
H. Emmanuelli : le camp Noniste c’est 54 virgule …
B. Guetta : Très exactement, c’est 54, 6%...
H. Emmanuelli : …des Français.
B. Guetta : …Donc les lignes, les grandes figures, les grandes figures de ce non disaient qu’il y avait évidemment un plan B et notre auditeur a parfaitement raison ….
H. Emmanuelli : il y a eu...
B. Guetta (le coupant) : Et où il est ?
N. Demorand : Henri Emmanuelli !
H. Emmanuelli : non, non Monsieur Guetta
B. Guetta : …a parfaitement raison de dire qu’il n’y en avait pas…
H. Emmanuelli : monsieur Guetta…
N. Demorand : Henri Emmanuelli !!
H. Emmanuelli : Monsieur Guetta, je suis sensé répondre à l’auditeur, vous pouvez répondre à ma place, il n’y a pas de problème...
B. Guetta (le coupant) : Mais je ne vais pas répondre à votre place, je réponds après vous !!!
H. Emmanuelli : Il n’y a pas de problème. Moi je répète que la seule personne que j’ai entendue à la télé, à la radio parler de plan B s’appelait monsieur Giscard d’Estaing et qu’il s’est présenté avec un gros ballon et une épingle et qu’il a fait exploser le ballon en disant le plan B,
B. Guetta : on peut pas,
H. Emmanuelli : … ça n’existe pas…
B. Guetta : on ne peut pas nier le passé...
H. Emmanuelli : Deuxièmement...
B. Guetta : …comme ça enfin voyons...
H. Emmanuelli : mais je ne nie rien du tout !
N. Demorand : Henri Emmanuelli.
H. Emmanuelli : Mais monsieur Guetta, je sais que vous n’avez jamais admis les 54,6 mais c’est une réalité !!
B. Guetta : Mais qu’est-ce que ça veut dire, jamais admis ? Bien évidemment que je les ai admis !
N. Demorand : Alors politiquement.. Alors politiquement on fait quoi derrière ? [brouhaha]
H. Emmanuelli : Non, jamais ! Jamais : je vous écoute depuis deux ans, vous expliquez que tout ça, n’est-ce pas, a été catastrophique. Moi je répète…
B. Guetta : Ah oui, ça oui !!!
H. Emmanuelli : ...je répète que le non l’a emporté dans ce pays, qu’il l’a emporté aux Pays-Bas, qu’il l’aurait emporté en Grande-Bretagne et en Pologne mais là on a évité de faire voter les populations. Je répète que c’est parce que nous avons voté non qu’aujourd’hui on essaie de faire avancer les choses... Sinon...
B. Guetta : Parce que vous trouvez ça mieux ?
H. Emmanuelli : sinon n’est-ce pas on se... Je vais voir, je vais voir ce que sont les travaux de la conférence...
B. Guetta : Mais où sont les mieux ?
H. Emmanuelli : ... intergouvernementale, je vais voir.
B. Guetta : Où sont les mieux ?
H. Emmanuelli : Je ….
B. Guetta (le coupant) : Vous avez critiqué les anciens traités,
H. Emmanuelli : ...et, et...
B. Guetta (le coupant) : Ils sont toujours là, ça n’a pas bougé !!
H. Emmanuelli : Je vous trouve très énervé
N. Demorand : Henri Emmanuelli.
B. Guetta : Je suis pas du tout énervé !
N. Demorand (le coupant) : Oh, c’est un questionnement vif.
H. Emmanuelli : Où sont, où sont... Oui, je vois que la tension n’a pas baissé et que le sujet reste vif !
N. Demorand : Il reste passionnant, hein !
H. Emmanuelli : Il reste passionnant, oui, monsieur Guetta, parce que je suis pour une Europe politique !
B. Guetta (le coupant)  : Mais moi aussi !
H. Emmanuelli : Je ne suis pas pour une zone de libre échange…
B. Guetta (le coupant) : Mais moi aussi !! Et c’est pour ça que j’ai voté oui !!!
H. Emmanuelli : Je suis pour des échanges équilibrés.
B. Guetta : Oui, moi aussi ! C’est pour ça que j’ai voté oui !
H. Emmanuelli (le coupant) : Et bien vous avez eu tort parce que dans le traité il était écrit qu’il fallait faire sauter les dernières barrières douanières et contingentées !
B. Guetta : Ah bon ? et les anciens traités qui disaient ça, où sont ils ???
H. Emmanuelli : Non, Bernard Guetta...
B. Guetta (le coupant) : Ils sont toujours en vigueur.
H. Emmanuelli : Non, non.
B. Guetta : t ils vont le rester !
N. Demorand (le coupant) : Allez, Henri Emmanuelli.
B. Guetta : Vous ne les avez pas fait sauter…
H. Emmanuelli : Monsieur Guetta, vous n’êtes pas... objectif.
B. Guetta : Si, bien sûr que si !
H. Emmanuelli : Dans le traité que l’on nous demandait de voter, il était écrit qu’il fallait faire sauter celles qui restaient encore ! Je vous enverrai le traité puisque manifestement vous l’avez oublié et ça a été une des raisons pour lesquelles j’ai dit « ce n’est pas possible » ! Nous devons avoir des échanges équilibrés. Je constate aujourd’hui que le président de la république parle lui de réciprocité...
B. Guetta : Uh, uh…
H. Emmanuelli : comme quoi je n’avais pas tout à fait tort !!
B. Guetta : La charte des droits, hein, et la charte des droits alors ?
H. Emmanuelli : La charte des droits...
B. Guetta (le coupant)  : …qui disparaît là, hein ? Etc. c’est un progrès social ?
H. Emmanuelli : La charte des droits, mais je me suis exprimé à l’époque dessus, je n’étais pas pour une charte des droits qui pouvait faire peser des menaces sérieuses sur certaines de nos libertés.
B. Guetta : ah bah !!
N. Demorand : Allez Carole de Rhône-Alpes nous appelle...

 
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Notes

[1Ce sont ses propres mots. Voir l’article consacré aux « lamentations des « pédagogues » incompris ».

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