Accueil > Critiques > (...) > 2012-2014 : A propos du film Les nouveaux chiens de garde

En bref

Débat sur Les Nouveaux Chiens de garde : LCP s’enfonce en tentant de se justifier

par Acrimed,

Bref rappel : le débat organisé sur LCP, à la suite de la diffusion des Nouveaux Chiens de garde, donnait la parole à Elie Cohen, Franz-Olivier Giesbert et Dominique Wolton, à l’exclusion des réalisateurs, des auteurs, des intervenants du film lui-même.

Le 7 mai 2014, alors que nous avions publié deux jours auparavant, un bref article pour dire notre stupéfaction [1], nous avons voulu en avoir le cœur net et nous avons fait parvenir ce message électronique à la présentatrice du débat :

Est-ce parce que notre article, plutôt acide, n’était guère louangeur ? Toujours est-il qu’Émilie Aubry n’a pas daigné répondre directement à notre demande d’explications, pourtant nettement plus affable. Et c’est par le plus grand des hasards que nous avons découvert sur le site de LCP cette mise au point allusive, publiée a posteriori :

« LCP est fière de diffuser Les nouveaux chiens de garde réalisé par Gilles Balbastre et Yannick Kergoat, un documentaire stimulant qui nous invite à ré-interroger les fondements de notre profession. Il n’allait pas forcément de soi de diffuser ce film sur notre antenne, mais nous l’avons fait, après réflexions de notre Comité de programmes. Nous avons également réfléchi à ce que nous voulions proposer comme discussion sur le plateau après le film. Le film étant l’exposé d’une thèse dénonçant pendant 97 minutes les connivences entre médias, politiques et groupes industriels, il nous a semblé juste et équitable de donner ensuite pendant 25 minutes la réponse à deux des personnes incriminées et nommées dans le film, le journaliste Franz-Olivier Giesbert, et l’économiste Elie Cohen. Par ailleurs, nous avons également convié Dominique Wolton, qui travaille sur le monde médiatique français depuis des années, chercheur au C.N.R.S, et difficilement assimilable à ceux que le film nomme "les nouveaux chiens de garde" ! J’ai de mon côté veillé tout au long du débat à reprendre les principaux arguments du film pour les soumettre à mes invités. Au final, nous sommes l’une des rares chaînes de télévision à avoir diffusé ce film, à avoir rouvert le débat sur notre métier de journaliste, et à avoir laissé s’exprimer TOUS les arguments. Emilie AUBRY »

Reconnaissons à LCP, et plus particulièrement à Émilie Aubry et à l’émission « Grand angle », le mérite d’avoir diffusé un film qu’aucune autre chaîne publique n’a diffusé malgré un succès populaire exceptionnel pour un documentaire d’information et une nomination aux Césars… Mérite que l’on ne saurait toutefois surestimer, compte tenu de la frilosité mâtinée de censure de France Télévisions et de la médiocrité de ses dirigeants…

Reconnaissons également à Émilie Aubry d’avoir tenté, si ce n’est de « reprendre les principaux arguments du film pour les soumettre » aux trois intervenants, du moins de recadrer des échanges qui avaient bien peu à voir avec le contenu du film, alors même que le thème du débat – « Médias, politiques, le même discrédit ? » – n’entretenait lui-même qu’un lointain rapport avec les thèmes développés dans Les Nouveaux Chiens de garde

Sur tout cela nous nous sommes déjà expliqués, sous le titre, « Grognements dans le chenil de LCP contre le film Les Nouveaux Chiens de garde ».

Reste l’argument central du billet d’Émilie Aubry, qui serait franchement hilarant s’il ne témoignait pas d’un aveuglement hélas très significatif. Ainsi donc, le souci de la présentatrice était de permettre l’expression de « TOUS les arguments », en opposant, à un film « dénonçant pendant 97 minutes les connivences entre médias, politiques et groupes industriels », 25 minutes offertes à Franz-Olivier Giesbert, Élie Cohen... et Dominique Wolton ! Passons sur la présentation très réductrice du film, dont une partie est notamment consacrée au pluralisme. Ce pluralisme dérisoire quand il consiste à opposer à un film de 97 minutes des représentants de positions qui bénéficient de milliers d’heures d’antenne d’avance. Un pluralisme qui accorde une sorte de droit de réponse, sous prétexte qu’ils étaient « incriminés et nommés » pendant quelques secondes, à un médiacrate et un économiste à gages qui cumulent à eux deux, sur les dernières années, des centaines de passages dans les radios et les télévisions, alors que dans le même temps on peut quasiment compter sur les doigts d’une main [2] les apparitions médiatiques des tenants de notre critique des médias ou de l’économie hétérodoxe !

La composition du plateau, le contenu du débat et la mise au point d’Émilie Aubry confirment ce que le film dénonce. On ne saurait trop remercier cette dernière de l’avoir, apparemment en toute sincérité, démontré.

 
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