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Constitution européenne : ironiques DNA

par Stanislas,

Dans un court article consacré au travail de la Convention sur l’avenir de l’Union Européenne, Les Dernières Nouvelles d’Alsace du 16 juillet 2003 raillent l’activisme tapageur de VGE...

Signé Philippe de Casabianca, correspondant à Bruxelles des DNA, cet article intitulé « Convention : retour sur un moment d’histoire européenne » ne ménage pas Valéry Giscard d’Estaing, apparemment toujours aussi avide de reconnaissance, la fin justifiant au passage quelques moyens...

« Le président de la Convention a triomphé des réticences des gouvernements. Certes, la Pologne, l’Espagne, la Grande-Bretagne étaient réticentes devant le texte de la Convention. Il n’empêche ! Des coups de téléphone confidentiels mais pas très transparents ont permis à la France et à l’Allemagne de se rallier au texte sans réserve [...], obligeant tous les pays, même les moins convaincus, à envoyer leurs délégués à la Convention signer le 10 juillet, sous l’oeil des caméras, le document final.  »

Premier coup de canif : VGE en lobbyiste de sa chère Convention ! Une question simplement, au passage : Giscard est-il le seul, ou le premier, à fonctionner ainsi en Europe ?

La suite n’est pas en reste : « [...] Giscard n’a jamais oublié de se mettre en valeur. [...] La méthode du consensus, technique de détection d’un assentiment d’une assemblée sans passer au vote ?une version inédite de la démocratie ? lui a permis de pousser en avant certaines de ses idées[...].  »
Il est amusant de noter qu’on regrette ici le déficit chronique de démocratie en vigueur dans les affaires européennes, déficit d’habitude si pratique pour décider de tout sans demander aux peuples leur avis ...

VGE, accusé d’avoir « réussi une opération médiatique  », n’a pas dû être ainsi malmené par un journal aussi farouchement pro-Europe depuis longtemps !

Le mieux, c’est que ça n’est pas fini. Citant un fonctionnaire anonyme du Parlement européen, Philippe de Casabianca en remet une couche : « La transparence ? Douteuse quand on voit que Giscard a sorti au dernier moment un accord sur l’exception culturelle ! La clarté du texte ? Pas évident quand on voit qu’il y a droit de veto en cas de risque d’atteinte à le diversité culturelle. C’est difficile à apprécier. On a dit aussi que le Parlement européen était le grand gagnant. C’est loin d’être certain quand on voit les pouvoirs donnés aux parlements nationaux qui le concurrencent.  »

On n’est pas plus aimable ! Incidemment, invoquer la notion de concurrence pour décrire les relations entre parlements nationaux et européen provoque un léger malaise...

Au final, notons que le ton employé dans cet article est inhabituellement caustique ; les DNA adoptent généralement un ton plus « factuel », c’est-à-dire se voulant neutre (qui a dit révérencieux ?). Ça change ? Tant mieux.

Ce n’est pas ici qu’il faudra attendre une réhabilitation sans objet de VGE : il est largement capable de se défendre tout seul. Il y a d’ailleurs fort à parier que les reproches qui lui sont adressés doivent rappeler des souvenirs précis à nombre de personnes ayant pu le fréquenter.

Toutefois, on peut regretter que les faiblesses à peine entrevues de la construction européenne, à savoir son déficit démocratique permanent, mais aussi le néo-libéralisme échevelé de la Commission et des gouvernements, l’absence de politique sociale, de politique étrangère autonome, etc. ne soient pas enfin évoquées en détail, à l’occasion d’un « moment d’histoire » tellement caricatural que même les DNA n’ont pas pu faire comme si de rien n’était.

 
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