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Journée de la critique des médias : « "Que fait la Justice ?" La construction d’un discours médiatique »

par Laurence Blisson,

Lors de la première journée de la critique des médias, tenue le 31 janvier 2015, une table ronde - « Des informations aux yeux bandés ? L’information c’est notre affaire ! » - réunissait les représentantes d’Attac (Aurélie Trouvé), de Bastamag (Agnès Rousseaux), de Solidaires (Nathalie Bonnet de Sud Rail) et du Syndicat de la magistrature (Laurence Blisson). Nous publions ci-dessous la contribution de Laurence Blisson, Secrétaire générale du Syndicat de la magistrature, rédigée à partir de l’intervention orale (Acrimed).

Rarement présentée comme institution où s’exercent des droits et encore moins comme lieu de production et de reproduction de rapports sociaux par le droit, la Justice est bien plus dépeinte comme ce théâtre où se joue le combat de la société - réduite à une « opinion publique » largement fantasmée et mise en scène - contre le criminel.

Dans le rapport à trois ainsi institué par la médiation d’une « opinion publique » entre le journaliste et le juge, ce dernier est sommé par les deux premiers en ces termes : « Que fait la justice ? »

Et c’est donc tout naturellement à la question inverse que l’on voudra d’abord répondre pour identifier les impasses et les sens uniques de l’information judiciaire.


Que ne fait pas la Justice ?

L’invisibilité médiatique est sans nul doute le propre de la justice civile et sociale [1]. Cette justice quotidienne, sans fard ni ténor, est aussi - à bien des égards quoi que non exclusivement - la justice des précaires. Un cénacle où se révèlent la misère, les inégalités, l’injustice sociale, terrain de combats collectifs parfois, mais bien souvent de défenses isolées voire absentes d’hommes et de femmes sur lesquelles l’information jette un voile pudique.

Représenter cette justice civile et sociale, ce serait mettre à jour ce qui nourrit, ou pourrait nourrir, les luttes : les visages de l’injustice sociale et de la précarité, et les effets de la loi, moins souvent expression d’une volonté générale abstraite qu’outil concret de reproduction d’un ordre social inégalitaire.

Il en est ainsi des expulsions locatives. Du tribunal où s’étalent la misère, les impayés, le cercle vicieux de la précarité au moment - pourtant très visuel et empli d’émotions - où l’huissier, accompagné par la force publique frappe à la porte pour expulser, ces procédures sont quasiment absentes du terrain médiatique. À peine les expulsions s’invitent-elles deux fois par an, au début et à la fin de la trêve hivernale. Mais ce qui s’y joue alors, c’est surtout la course des propriétaires à l’expulsion rapide avant que la trêve n’arrive et dès lors qu’elle a pris fin sur fond de « dénonciation » d’un carcan administratif contraignant.

Et lorsque l’expulsion surgit, comme par effraction, sur la scène médiatique, c’est qu’elle est sortie de sa quotidienneté banale pour rencontrer l’insécurité, fétiche médiatique. Que n’a-t-on pas lu et entendu sur ces expulsions locatives prononcées au motif du trouble causé dans l’immeuble par des membres d’un foyer, suspectés ou condamnés pour des faits de trafic de stupéfiants. Où l’on retrouve la narration classique et hégémonique d’une Justice qui se confond avec la sécurité.

Car la délinquance, elle, n’est jamais trop quotidienne…


Que fait la Justice ? Elle « sécurise ».

S’il est un objet médiatique qui a su se rendre permanent tout en se présentant sous les traits d’un perpétuel renouveau, c’est bien l’insécurité. Victime d’amnésie répétée, le discours médiatique dominant relance, avec une régularité sans faille, les mêmes propos déclinistes sur la délinquance. Ainsi, L’Express enquête-t-il sur « les petits durs qui terrorisent les ménagères, dévalisent les supermarchés et pillent les caves [parce qu’]ils s’ennuient » en… septembre 1973 [2] !

La construction médiatique de l’insécurité a ses entrepreneurs, ceux qui sondent et ceux qui sécurisent. Des sondeurs qui surveillent, comme le lait sur le feu, le « sentiment d’insécurité » - pourtant stable depuis plus de quarante ans - qui n’existe médiatiquement que par eux et dont il faudrait croire qu’il ne cesse de croître [3]. Et, appuyés par des syndicats policiers aux relais nombreux, des « marchands de peur » [4], Alain Bauer et Xavier Raufer en tête, qui s’affairent sur les plateaux et dans les colonnes des quotidiens à modeler les réalités qu’ils se proposent d’analyser… et de « traiter » en vendant leurs conseils et leurs outils sécuritaires.

Cette construction n’ignore pas les cycles politiques qu’elle accompagne et dessine : l’embrasement, tant quantitatif que « qualitatif », des rédactions autour de l’insécurité à la veille des élections présidentielles de 2002, l’a largement montré.

Elle prospère au-delà même de la passion ancienne pour le fait divers avec la transformation des formats journalistiques, aspirés par l’obsession du direct et du temps réel - qui fait écho à la même transformation du temps policier et judiciaire [5] - et la scénarisation du journalisme embarqué dans des véhicules policiers aux dérapages contrôlés et aux sirènes hurlantes.

La focalisation médiatique sur les illégalismes populaires trace les lignes de l’insécurité, notion qui se substitue à celle de délinquance. Tronquée, cette représentation n’en est pas moins « productive ». Et l’on peut dire aujourd’hui des médias dominants ce que Michel Foucault disait des prisons :

La prison [lire ici : la presse dominante], en « échouant » apparemment, ne manque pas son but ; elle l’atteint au contraire dans la mesure où elle suscite au milieu des autres une forme particulière d’illégalisme, qu’elle permet de mettre à part, de placer en pleine lumière et d’organiser comme un milieu relativement clos mais pénétrable. Elle contribue à mettre en place un illégalisme voyant, marqué, irréductible à un certain niveau et secrètement utile, - rétif et docile à la fois ; elle dessine, isole et souligne une forme d’illégalisme qui semble résumer symboliquement tous les autres, mais qui permet de laisser dans l’ombre celles qu’on veut ou qu’on doit tolérer [6].

Pourtant hautement préjudiciables au corps social si l’on examine leur coût social, les infractions économico-financières (fraudes fiscales, abus de biens sociaux, corruptions…) ne bénéficient pas d’une couverture médiatique à la mesure de leurs enjeux. En revanche, le traitement médiatique épouse et renforce d’autres priorités : la défense de la « tranquillité publique » (à la définition très englobante) et la lutte contre la délinquance juvénile des zones de sécurité prioritaire (comprendre des quartiers d’habitat social en déshérence) sont encore les objectifs principaux du fond de prévention de la délinquance en 2013 (et en 2014), l’argumentaire est aussi constant : il faudrait « lutter contre le sentiment d’impunité conduisant à des logiques de caïdat ».

Laisser dans l’ombre les formes tolérables de la délinquance et délimiter les territoires de l’insécurité, explorer ces « zones de non droit » où se nichent les fauteurs de troubles, cibles gouvernementales privilégiées, recrutées dans le sous-prolétariat vivant dans les franges urbaines majoritairement d’origine immigrée [7], ce sont bien là les biais classiques du discours médiatique dominant.

Le tropisme médiatique vers une narration classiste et racialisée de l’insécurité - et de la justice pénale - ne se borne pas à certaines publications. Les articles à scandale, telle l’infographie publiée en 2014 par le quotidien régional Le Progrès faisant état de statistiques de la délinquance par nationalités, permettent à beaucoup de dénoncer à peu de frais une lecture raciste de la délinquance. Sans pour autant interroger des pratiques journalistiques et choix éditoriaux plus communs.

Ainsi, comment ne pas s’étonner du traitement significativement large donné dans la presse nationale à des plaintes déposées dans la municipalité de Calais pour des faits d’agression sexuelle ? La qualité des suspects, des migrants, nourrit alors une véritable panique morale : la présentation anxiogène du « problème » de l’afflux de « hordes » d’étrangers à Calais est redoublée par l’introduction d’une crainte nouvelle, celle de la mise en danger par ces inconnus des résidentes de la localité nordiste.

Que la très grande majorité des violences sexuelles soient commises dans la sphère familiale ou dans le réseau de connaissance de la victime importe visiblement peu. L’enquête « Cadre de vie et sécurité » de 2008 à 2012 de l’Insee-ONRDP rapporte ainsi que seules 15% des femmes ayant subi des violences sexuelles désignent un auteur inconnu d’elles.

Ce fait divers mettant en scène la vision aussi erronée que répandue de l’agression par un inconnu se voit propulsée au statut d’information pertinente au niveau national. L’identité des personnes suspectées n’y aura clairement pas été indifférente.


Mais, que fait la Justice ! L’impasse de la coupable tolérance.

Le traitement médiatique de la Justice - avec ses impasses - se dessine également au travers des débats et polémiques politiques qu’elle ne manque pas de susciter.

En matière pénale, le discours a trouvé sa matrice : le « laxisme ». Ce nouveau lieu commun journalistique, encouragé par le choix socialiste de sortir publiquement d’un prétendu état de naïveté lors du colloque de Villepinte d’octobre 1997 [8], est revenu avec une force remarquable depuis 2012.

La réalité des trois premières années de l’alternance est celle d’une quasi impuissance à démanteler un arsenal sécuritaire bâti depuis la fin des années 1990 : rétention de sûreté, tribunaux correctionnels et présentations immédiates pour mineurs encore en vigueur en 2015, régime du fichage policier inchangé, récépissés de contrôle d’identité enterrés, dépénalisations oubliées (sauf en matière de droit pénal du travail…). Le nombre de personnes sous écrou a explosé, passant de 48 594 personnes en 2002 à 77 883 en 2014. Et la réforme pénale, votée avec difficulté en août 2014, est loin d’avoir marginalisé l’emprisonnement et signé la fin du « tout carcéral ». Rien n’y fait. La question médiatique demeure lancinante : la Justice est-elle laxiste ?

Or, l’invocation médiatique quasi omniprésente du laxisme, le plus souvent adressée aux responsables politiques, est productive : elle permet de polariser fictivement le débat. Ignorant largement l’influence des doctrines sécuritaires sur le discours et les actes de la gauche de gouvernement, elle entretient l’illusion d’un clivage entre sévérité et indulgence. De fait, elle empêche d’analyser le glissement idéologique opéré par cette gauche [9] et nuit tout autant à la réflexion sur le sens et les objectifs de la justice pénale, qui ne saurait se limiter à la recherche d’efficacité et au souci de prévention de la récidive.

Mais cette matrice du discours médiatique ne fonctionne que parce que les prétendus laxistes acceptent d’en disserter. Et plutôt que de rappeler que le débat ne se pose pas en ces termes là, en viennent à chercher à être plus royalistes que le roi, en vantant leur propre fermeté ou même en accusant à revers la droite de laxisme.

Ainsi Manuel Valls brandit il les statistiques en hausse du nombre de détenus lors de l’émission « Des paroles et des actes » du 6 février 2014 sur France 2, face à Xavier Raufer, Éric Ciotti et Samira Gerrouj. Et Christiane Taubira de fustiger, le 7 août 2013 sur France inter, la « désinvolture » de la droite, qui « met en danger les Français » - et sur Twitter son « laxisme » - pour avoir prévu par décret (et non dans la loi) des conditions plus restrictives d’application des peines, en définissant largement ce qui interrompt la prescription d’une peine.


La Justice a fort à faire ! Sens unique médiatique, effet politique

Le discours médiatique dominant ne se borne pas à tracer les lignes du débat politique sur la justice : il contribue à asseoir et à légitimer les problèmes à résoudre, les vides juridiques à combler, les régimes à durcir.

Ce n’est pas nier la gravité ni la réalité de l’embrigadement de certains jeunes dans des réseaux djihadistes que de relever la surreprésentation de ces questions dans l’information quotidienne de l’année 2014. Ainsi, alors que, selon le ministère de l’Intérieur, le nombre total de personnes impliquées dans des réseaux (qui sont à l’étranger, y sont partis ou en reviennent) s’élève à 1400 (selon les chiffres publiés en mars 2015), les départs vers l’Irak et la Syrie de près de 400 personnes en 2014 ont fait l’objet d’une attention médiatique toute particulière. Le même effet d’amplification a modelé le discours sur le rôle joué par les réseaux sociaux et par l’internet dans ces parcours comme dans la diffusion potentielle de l’idéologie meurtrière.

Et façonné l’évidence des réponses. Cette préoccupation quasi quotidienne fut loin d’être anodine tandis qu’était examiné, selon la procédure d’urgence si peu propice au débat, un projet de loi anti-terroriste venant alourdir l’arsenal pénal et administratif en la matière, notamment en matière de contrôle et de surveillance du net.

L’effet légitimant de la trame médiatique, allié à l’effet d’autorité que recèle déjà le discours anti-terroriste [10]ont produit un débat atone, réduisant à portion congrue les oppositions exprimées face à l’érosion continue des libertés individuelles.

Atone ou plus exactement à sens unique, avec des variations de degré, servies par un concept médiatique obsédant : le « Patriot Act ». La récurrence - quasi sans exception - de l’évocation dans les médias - pour le souhaiter ou l’annoncer - d’un « Patriot Act à la française ? » suite aux attentats de janvier 2015 traduit cette imprégnation. Dans le seul Figaro, on comptait plus de 25 occurrences de cette terminologie au mois de janvier 2015.

Cette invocation du « Patriot Act », sans rapport avec le contenu réel et précis de ce texte de loi adopté aux États-Unis après les attentats du 11 septembre 2001, produit un bien curieux débat. Présenté tantôt comme un repoussoir, tantôt comme un horizon, parfois par des membres d’un même parti, ce texte épuise toute la discussion, permettant aux uns de se faire les défenseurs des libertés individuelles prônant un modèle dit raisonnable de l’anti-terrorisme, aux autres de reprendre des accents guerriers.

Au final, un concept qui polarise un débat pourtant si peu discuté politiquement : ainsi la loi anti-terroriste a-t-elle été adoptée à la quasi unanimité et nul n’a songé à la déférer au Conseil constitutionnel malgré les pouvoirs exorbitants conférés à l’administration. L’invocation du Patriot Act est utile : elle rejette dans l’ombre la réalité de l’arsenal anti-terroriste français, l’un des plus lourds au sein des pays occidentaux, qui a étendu progressivement les poches d’exceptionnalisme de notre droit. Elle est aussi totalement absurde puisque le droit français comporte déjà des mesures similaires à celles contenues dans le « Patriot Act » [11]

Des réalités dont les sondeurs ne jugent pas nécessaire de s’encombrer. Et c’est sans attendre que les instituts ont dégainé leurs thermomètres pour « apprendre » que 76% des sondés exprimeraient le « souhait de voir voter des mesures d’exception, quitte à limiter les libertés individuelles » dans une enquête Odoxa pour Itélé et Le Parisien des 15 et 16 janvier 2015, moins d’une semaine après des attentats. Décrire ou produire ?

La course aux sondages étant lancée, voilà que Le Monde et Europe 1 diffusent un sondage Ipsos/Sopra-Steria effectué les 21 et 22 janvier dont l’une des particularités est de poser des questions qui n’en sont pas ou de proposer des réponses impropres.

96% des sondés souhaiteraient « que les différents partis politiques travaillent ensemble pour apporter une réponse commune face au terrorisme » : bien peu surprenante, cette « opinion » semble ignorer que l’unanimisme politique est précisément le propre de l’anti-terrorisme.

À une question concernant des « mesures destinées à lutter contre l’extrémisme religieux », l’institut propose des réponses qui sont :
- au mieux imprécises (« durcir les conditions de détention des détenus qui contribuent à propager les idées extrémistes en prison ») ;
- sans objet (« pouvoir perquisitionner des domiciles sans accord d’un magistrat / « pouvoir mener des interrogatoires de suspects sans l’assistance d’un avocat » / « généraliser les écoutes téléphoniques sans accord préalable d’un magistrat » [12])
- au pire inconstitutionnelles et contraires aux engagements internationaux de la France (« prononcer la déchéance de nationalité des Français qui partent faire le djihad en Syrie »).

Les journaux ne sont pas en reste avec leurs sondages-maisons. Ainsi, Le Point demande-t-il le 12 janvier 2015 à ses internautes « Quelles mesures la France doit-elle prendre après les attentats qui ont ensanglanté la France ? ».

Les réponses proposées sont édifiantes tant elles trahissent la grille de lecture des analystes. Des réponses proposées, on en déduit que les sources du problème sont à rechercher dans l’islam (« mieux former et contrôler les imams », « donner des cours de religion à l’école ») et l’insuffisance supposée de l’arsenal répressif (« renforcer les moyens et les pouvoirs des services secrets », « revoir notre politique judiciaire et carcérale » - dans un sens plus sévère se doute-t-on). Surtout, on constate que deux catégories de personnes sont visées par ces mesures : les étrangers (« revoir les accords de Schengen ») et les habitants des banlieues (« que les forces de l’ordre surveillent plus efficacement les banlieues »). Quant à la dernière réponse, le lecteur se fera sa propre idée de sa signification, accessible aux seuls initiés : « que nos intellectuels et penseurs cessent de se prendre pour des hommes politiques ».

Dans ce traitement médiatique effréné, le sondage n’est qu’un outil au service d’une information largement à sens unique, venant enraciner l’idée d’un alourdissement inéluctable de la répression et de la surveillance en direction de certains.

Toute une conception de la Justice !

Laurence Blisson

 
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Notes

[1La justice civile et sociale régit les rapports entre particuliers : contentieux de la protection des personnes vulnérables, de l’enfance en danger, du surendettement, des crédits à la consommation, des expulsions locatives, du licenciement, des aides sociales mais aussi de l’héritage, du droit immobilier…

[2Cité in Laurent Bonelli, qui, dans La France a peur (2008), a parfaitement analysé les mécanismes de cette construction médiatique et politique de l’insécurité.

[3Malgré la stabilité mais aussi l’imprécision du concept et surtout le décalage constaté entre l’exposition au risque et les taux de prévalence de ce fameux sentiment…

[4L’expression est de Mathieu Rigouste, à lire dans Les marchands de peur. La bande à Bauer et l’idéologie sécuritaire, 2011.

[5Depuis la fin des années 1980, le temps d’enquête et de traitement judiciaire de la délinquance de voie publique s’est contracté avec la généralisation hypertrophique du « traitement en temps réel », centre névralgique des tribunaux, qui, sous la forme d’un « call center » absorbe et traite prioritairement les cibles privilégiées du travail policier.

[6Michel Foucault, Surveiller et Punir. Naissance de la prison, 1978.

[7Ainsi que l’analyse Didier Fassin dans L’ombre du monde, une anthropologie de la condition carcérale (2015), qui met en lumière les mécanismes du traitement différencié (et discriminatoire) selon un double axe social et racial des formes de délinquance.

[8Dont le grand maître d’œuvre n’était autre qu’Alain Bauer…

[9Glissement, exprimé par exemple lors des débats sur la réforme pénale de 2014 par une députée PS : « Nous voulons substituer la culture du contrôle à la culture de l’enfermement » (Elisabeth Pochon, le 3 juin 2014 à l’Assemblée nationale).

[10Le recours à la procédure d’urgence, le quasi unanimisme politique, la rareté du déferrement au Conseil constitutionnel des textes votés sont des constantes de la matière anti-terroriste qui a connu quinze textes en près de vingt-cinq ans.

[11Ainsi que l’a fort justement montré Rubin Sfadj, avocat de formation et enseignant, sur son blog.

[12En procédure de flagrance, la perquisition est d’initiative policière. L’intervention d’un avocat en garde à vue peut déjà être repoussée de 72 heures en matière terroriste. Les écoutes téléphoniques administratives existent en France, l’avis de la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS), commission administrative, ne liant pas le premier ministre dans sa décision, seule soumise à des quotas dont le maximum n’a pas été atteint.

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