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« Jeudi d’Acrimed » : « La politique, un divertissement médiatique comme un autre ? » (16 octobre)

En 2012, avant que ne débute la campagne présidentielle, le CSA décidait d’appliquer aux émissions de « divertissement » les mêmes règles que celles en vigueur dans les émissions politiques « classiques » s’agissant du décompte des temps de parole des candidats. Une évolution qui vient attester de la place prise par ce type de programmes dans la médiatisation de la parole des responsables politiques : alors qu’il y a encore 20 ans, celle-ci ne se déployait que dans des cadres ad hoc et solennisés (conférences de presse, entretiens, émissions spécifiquement politiques ou encore journaux télévisés), rares sont aujourd’hui les dirigeants politiques qui ne considèrent pas le passage sur le plateau d’un talk-show comme une étape médiatique obligée. Comment expliquer cette transformation de la place de la politique à la télévision ? Comment les journalistes spécialisés perçoivent-ils cet empiètement des « animateurs-producteurs », qui conçoivent et présentent ces programmes, sur leur domaine réservé ? De façon plus générale, que font ces divertissements télévisuels à la représentation politique ?

« Jeudi d’Acrimed »
jeudi 16 octobre 2014 à 19 heures
à la Bourse du travail de Paris
3, rue du Château-d’Eau, Paris 10e




Avec Philippe Riutort, professeur de sciences sociales et chercheur, spécialiste de sociologie des médias et de la communication (voir notamment Sociologie de la communication politique, Paris, La découverte, 2013), auteur, avec Pierre Leroux, chercheur et professeur à l’Université catholique de l’Ouest, de La politique sur un plateau. Ce que la télévision fait à la représentation, Paris, Presses universitaires de France, 2013.

En guise de présentation du débat (par Acrimed) :

Avec le projet original de désacraliser la politique, de refuser la « langue de bois » et finalement de rénover le spectacle politique, les animateurs-producteurs pionniers du genre ont participé, à partir de la fin des années 1990, à la « peopolisation » des gouvernants et à la redéfinition de la figure publique de l’élu autour de qualités ajustées aux plateaux des émissions de divertissement. Alors qu’il s’agissait au départ de rompre avec un cadre journalistique qui aurait contribué à favoriser le désintérêt des citoyens pour la chose publique, on pourra s’interroger sur les vertus démocratiques d’une telle évolution et notamment sur l’efficacité de ces dispositifs pour capter l’audience des catégories de la population statistiquement les moins intéressées aux affaires publiques, et qui s’informent peu par les émissions proprement politiques : les classes populaires et les jeunes.

Si ces émissions se voulaient dans un premier temps provocatrices, la nécessité de s’assurer la venue de personnalités politiques éminentes a conduit animateurs et invités à s’entendre sur des approches moins attentatoires à l’ordre politique, ce qui conduit les premiers à feindre de prendre la politique au séreux. Mais quelle place ces programmes réservent-ils au contenu proprement politique ? Les séquences faisant intervenir des responsables politiques au cours d’émissions de divertissement constituent-elles des « vecteurs implicites de politisation » comme les « communicants » se plaisent à le penser, ou finissent-elles au contraire par dissoudre la politique dans le spectacle ? Finalement, les responsables politiques, en se prêtant au petit jeu de la mise en scène télévisuelle de leur personne, plus que de leur action, ne contribuent-ils pas à nourrir un certain désenchantement de la politique, plutôt qu’à y remédier ?

 
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