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Critique des médias sur le web (avril-mai 2013)

par Franz Peultier,

N° 25 de notre sélection bimestrielle d’articles de critique des médias parus sur le Web et disponibles gratuitement. Présentation des articles publiés en avril et mai 2013.



Il y a dans cette sélection presque autant de thématiques que d’articles. Disons donc qu’ils incarnent une certaine diversité des pratiques et de leurs critiques, en traitant de la presse spécialisée dans les jeux vidéo, de l’influence de la communication, de la dépolitisation des émissions politiques, de l’absurdité de certains classements, de problèmes qu’ont les médias avec eux-mêmes, de l’exploitation des stagiaires, du sexisme…

Critique de la presse spécialisée dans les jeux vidéo…

 3615 Usul : L’indépendance (Jeuxvideo.com, 28/04) - Usul, chroniqueur vidéo du site jeuxvideo.com (plus important site consacré aux jeux vidéo de France), fait régulièrement référence de façon plus ou moins directe au travail de la critique radicale des médias. Il consacre ici une vidéo complète à l’indépendance (ou plutôt l’absence d’indépendance de la presse spécialisée) en pastichant Pas vu pas pris de Pierre Carles.

… et critique de la critique

 La critique est indépendante... ou elle n’est pas (Merlanfrit.net, 29/04) - « Ce week-end, la dernière chronique d’Usul a provoqué un certain émoi et fait grincer bien des dents. Postée sur Youtube et Jeuxvideo.com, elle jette un regard satirique sur l’indépendance de la presse JV, [...] Il est vrai qu’on ne peut se départir d’un certain malaise en regardant cette vidéo, qui malgré des intentions louables et un humour qui touche juste, propose une fiction non dépourvue de maladresses. [...] Pour sympathique et même courageuse que soit la démarche d’Usul, elle risque fort d’être à terme contre-productive, permettant de rejeter dans le folklore, la rumeur, de très réelles connivences. C’est une habileté de la doxa : tolérer le bouffon, afin de pouvoir le cas échéant revenir à l’ordre en rappelant qu’il ne faut pas trop le prendre au sérieux. Usul est coincé à la limite du dérangeant. »

Comment la communication impose ses sujets

 Quand les rédactions se font flasher par la com’ (erwanngaucher.com, 29/04) - « Petite recette simple pour les communicants qui veulent obtenir la couverture médiatique la plus large possible sans passer par la coûteuse case publicité. Ou comment obtenir qu’un maximum de rédactions parlent de vous en même temps, histoire d’avoir un impact médiatique le plus large possible. »

Dépolitisation des émissions politiques

 Des paroles et des actes : comment Mélenchon a terrorisé Pujadas et tué l’émission (Le Plus, 26/04) - « Enfin, la déconstruction mélenchonienne couplée avec l’usure du concept permet de mettre à jour le défaut majeur de l’émission de France 2. DPDA est une émission de politique où l’on ne parle jamais de politique. »

De l’art de classer les maisons de retraite

 France Info, spécialiste des maisons de retraite : un beau bâtiment, c’est plus important que la chaleur humaine ! (Centre d’étude et d’action sociale de la Mayenne, 27/05) – « D’emblée, on peut regretter que les auteurs mélangent, sous le titre « maisons de retraite », des établissements aussi différents que peuvent l’être des unités de soins de longue durée (USLD), des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), des résidences services, des logements foyers ou même des maisons d’accueil rurales pour personnes âgées (Marpa)… En réalité, la démarche n’est pas crédible. Elle est même déloyale vis-à-vis des équipes professionnelles. Pour décréter que tel établissement est « excellent » ou, au contraire, qu’il est « médiocre », « déconseillé », « à fermer »… les auteurs s’appuient sur une et une seule visite, d’ailleurs anonyme. « Notre but n’est pas de piéger les établissements, mais de ne pas bénéficier d’accueil privilégié, ni de susciter de crainte »… Soit ! »

Les médias, un problème pour eux-mêmes

 Pourquoi les journaux meurent-ils (Liberation.fr, 10/06) – « Il est vrai qu’il y a toujours eu une séparation très nette entre le côté commercial et le côté journalistique de n’importe quelle entreprise de presse, et qu’il était de mise, parmi les journalistes, de refuser de savoir ce qui se passait de l’autre côté – c’était une petite cuisine un peu sale. Cela continue, et cela nous a desservis. »

 Le narcissisme navrant des médias (Jean-Claude Guillebaud, sudouest.fr, 26/05) – « Dorénavant, le moindre jeu de chaises musicales entre animateurs, bonimenteurs ou journalistes est commenté, avec autant de cérémonie qu’un remaniement ministériel. Et plus solennellement que la nomination d’un ambassadeur ou celle d’un patron de la Banque mondiale. Voyez le sérieux avec lequel, dans « Le Monde », dans « Libé » ou les hebdos, on tient la chronique de ces « remaniements » aussi considérables que le remplacement d’Alexandra Sublet sur La 5, l’éviction de Daniela Lumbroso de RTL ou les misères d’audience de Laurence Ferrari. Bonne manière d’indiquer, en creux, où l’on situe le vrai pouvoir. »

 Le pire du vieux journalisme (Blog d’Authueil, 30/05) – « Le contenu annoncé, avec un titre emblématique, me laisse pantois. Connaître l’opinion des journalistes, je m’en tape, ce qui m’intéresse, c’est mon opinion à moi, pas celle d’éditocrates. Ce que j’attends d’un journal et de journalistes, c’est qu’ils me donnent les matériaux pour que je puisse me faire mon opinion. La lecture de la version papier de l’Opinion m’a fait penser à un agrégateur de blogs de droite, certes de qualité, bien écrits, mais ça reste de l’éditorial, qui est la plaie du journalisme à la française. »

 Une info, cinq news (Cahiers du football, 16/05) – « C’est une brève sur le site de RMC Sport, une information du genre sans intérêt mais qui se retrouve quand même diffusée parce que le PSG, ça fait du clic. Imaginons comment cette “news” serait traitée par les autres sites à clics, avec cette manie de tout réécrire sans se fouler, tout en cherchant le scoop que n’a pas le voisin. »

 Le festival de Cannes, en fait, on s’en fout (Rue89, 15/05) – « C’est l’histoire d’une profession en pleine crise, le journalisme, qui se plaint toute l’année de manquer de moyens pour informer correctement le public et qui, chaque mois de mai, consacre une énergie et des moyens financiers considérables à couvrir un festival de cinéma dont tout le monde, ou presque, se fout. »

L’art d’exploiter les stagiaires

 Melty, une réactivation du modèle des fermes à contenu en France (journalismes.info, 27/05) – « Melty produit énormément de contenus par rapport à des sites d’information qui disposent de plus de moyens. Et pour y parvenir, il s’est calé sur le modèle qui a fait le succès des premières fermes à contenus : des contributeurs nombreux et peu rémunérés. Notre stagiaire, qui a passé plusieurs semaines au sein de la rédaction, confie "qu’ils étaient une trentaine de stagiaires" en permanence. Un chiffre impressionnant et confirmé par une autre jeune stagiaire. »

Sexisme un jour, sexisme toujours

 Sexisme aux Echos : « constat juste » (Morel, pdg) (Arretsurimages.net, 07/06) – « “Chaque jour, aux Echos, nous sommes aussi nombreuses que les hommes à faire ce journal. Mais il n’y a de femme ni à la rédaction en chef ni à la direction de la rédaction du quotidien", indiquent les journalistes des Echos »

Franz Peultier

 
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