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« Les think tanks, leurs “experts” et les médias » (vidéo d’un « Jeudi d’Acrimed »)

par Acrimed,

Les think tanks – les « réservoirs d’idées » – et leurs « experts » sont aujourd’hui de plus en plus convoqués par les médias pour faire part de leur « expertise ». Avec quelles conséquences sur l’information, le débat public et le travail des journalistes ? Le 15 mars 2012, un « Jeudi d’Acrimed » recevait Roger Lenglet et Olivier Vilain, journalistes et auteurs d’Un Pouvoir sous influence : Quand les think tanks confisquent la démocratie [1] pour en discuter. Présentation , suivie de la vidéo.

Relativement méconnus en France avant le début des années 2000, les think tanks – « réservoirs d’idées » – sont aujourd’hui de plus en plus convoqués par les médias et les politiques pour faire part de leur « expertise » dans le débat public, et particulièrement dans les médias. Qu’on en juge :

«  Omniprésents, ils passent d’un plateau de télévision à un micro, analysent, évaluent, conseillent, proposent, pérorent à l’occasion. Quand ils ne parlent pas, ils écrivent ou font écrire des études pour ausculter le pays sous toutes les coutures, pointer failles et atouts, suggérer ordonnances et médications. Pas un sujet ne leur échappe, ou presque. Ils ont des idées et espèrent qu’elles feront leur chemin. Même s’ils sont encore très loin d’avoir la puissance et le pouvoir d’influence de leurs équivalents américains. Qui sont ces champions du prêt-à-penser  ? Les think tanks – des réservoirs d’idées, en bon franglais – et leurs animateurs vedettes. Quelque 160 associations, fondations ou groupes de réflexion sont répertoriés par l’Observatoire français des think tanks. Mais seuls quelques-uns d’entre eux ont l’ambition de peser sur le débat politique, présidentiel en particulier. »

L’auteur de ces lignes corrosives n’est pas encore membre d’Acrimed, puisqu’il s’agit de Gérard Courtois… du Monde [2]. Et le même auteur de poursuivre : «  Sur le versant libéral, pour ne pas dire à droite puisqu’ils se défendent de toute attache partisane, l’Institut Montaigne et la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol) dominent le “marché”. » Avant de préciser, quelques paragraphes plus loin : « Deux think tanks dominent le paysage à gauche. Ils revendiquent leur liberté d’esprit mais ne cachent pas leur inscription dans l’espace socialiste. C’est une évidence pour la Fondation Jean-Jaurès (FJJ), créée en 1992 par Pierre Mauroy […] » C’est une « évidence » aussi pour le second mentionné dans l’article : « la Fondation Terra Nova », qui « s’est imposée comme un acteur infatigable du débat public. »

Or ces quatre « poids lourds » sont ceux dont les « experts » ont un droit de cité quasi exclusif dans les médias et affichent des différences soigneusement mises en valeur alors qu’ils partagent, pour l’essentiel la même orthodoxie.

Ainsi, les médias (comme les partis eux-mêmes) externalisent la production d’idées ou de rapports à ces « groupes de réflexion » qui se présentent comme « indépendants » : « Entre 1998 et 2011, la fréquence des articles du Monde renvoyant à des think tanks a été multipliée environ par 15 », relèvent Lenglet et Vilain dans Un Pouvoir sous influence : Quand les think tanks confisquent la démocratie [3] Sur les chaînes de télévision, des émissions leur sont entièrement consacrées ou animées par leurs membres.

De là une série de questions : qui sont les animateurs de ces « réservoirs de pensée » ? Par qui sont-ils financés ? Quelles sont leurs relations avec les sphères du journalisme et des affaires ? En quoi participent-ils de la déqualification du métier de journaliste ? Quelles conséquences pour le débat démocratique ?

 
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Notes

[1Éditions Armand Colin, octobre 2011, 240 p., 19,90 €. Lire aussi : de John Stauber et Sheldon Rampton, L’Industrie du mensonge : Relations publiques, lobbying et démocratie, Éditions Agone, février 2012, 406 p., 14 €.

[2« Les think tanks, des idées en l’air », Le Monde, édition

du 7 janvier 2012.

[3op. cit. p. 152.

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