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« Jeudi d’Acrimed » : « Télévisions publiques : un déclin inexorable ? » (jeudi 5 mai)

Tout semble concourir à l’affaiblissement des télévisions publiques, et, par conséquent du service public de l’information et de la culture, dont elles devraient être une composante essentielle. Quel diagnostic ? Quels remèdes ?

« Jeudi d’Acrimed »
Jeudi 5 mai 2011, à 19 heures,
à la Bourse du travail de Paris
3, rue du Château-d’Eau, Paris 10e



Avec Marc Endeweld, auteur de France Télévisions [off the record], éditions Flammarion, septembre 2010, 473 p., 21,90 euros. Voir notre présentation détaillée du livre.

En guise de présentation du débat

À suivre son évolution depuis 1997 au moins la télévision publique semble condamnée à un inexorable déclin. Elle est soumise à une double emprise : commerciale et politique, la seconde confortant généralement la première. Prisonnière de l’Europe libérale, elle est livrée à la concurrence de groupes privés qui bénéficient de toute l’attention des uns (en général les gouvernements de droite) et de la complaisance des autres (les gouvernements de gauche).

Corseté par le pouvoir exécutif et par le Parlement – leurs volontés et leurs caprices – France Télévisions est de surcroît placé sous la double tutelle d’un ministère des Finances, soucieux du moins disant financier et d’un ministère de la Culture, soucieux d’un mieux disant culturel, mais qui laisse le champ libre aux télévisions privées. Quant au Conseil supérieur de l’audiovisuel, en raison de la dérisoire autonomie dont il dispose et à cause des jeux de pouvoir dont il est le théâtre, ses interventions sont dictés par des rapports de forces qu’il subit en affectant des les arbitrer.

Enfin, dépendant d’une concurrence commerciale, aggravée par l’externalisation de la plus grande partie de ses moyens de réalisation, France Télévisions est en outre la proie de puissants lobbies. D’abord les grandes boîtes de production indépendantes qui interviennent auprès des pouvoirs publics avec pour unique préoccupation d’obtenir de la télévision publique ce qu’elles ne parviennent pas à obtenir des télévisions privées : soit la plus grande part possible d’un gâteau qui ne cesse de rétrécir. Ensuite, les producteurs-animateurs dont la starisation leur permet d’obtenir des avantages exorbitants.

Dès lors, les directions successives de France Télévisions ne sont en mesure, quand elles le souhaitent, ni de doter le groupe d’un projet d’entreprise cohérent et ambitieux ni de doter chacune des chaînes du groupe d’une identité clairement définie. En particulier, et surtout, France Télévisions n’est pas en mesure aujourd’hui de maîtriser la production de ses programmes (et les droits dérivés de leur exploitation) et de se déployer véritablement sur le numérique.

À défaut de transformations rapides et profondes, le déclin du secteur public deviendrait pour longtemps irréversible, et avec lui tout service public de l’information et de la culture dont il devrait être une composante essentielle.


Voir aussi, sur le site ElectronLibre, une interview de Marc Endeweld qui aborde les derniers dossiers industriels liés au numérique « La télévision publique est en panne ».

 
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