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L’actualité des médias n° 65 (3 mai-10 juillet 2008)

par William Salama,

Casse sociale, cadeaux publicitaires et concentration intensive : les médias sous le règne de Sarkozy …

I. Presse écrite

1. Presse quotidienne nationale

 Plan social dans la presse. Le Figaro + Le Monde = 105 journalistes sur le carreau.
- Le Monde « vise 9,4 millions d’euros d’économies annuelles. Si ce chiffre n’est pas atteint, un plan social pourrait avoir lieu à la rentrée  » (Les Echos du 25 juin) selon « la commission fonds propres, présidée par Louis Schweitzer, qui doit éclairer le conseil de surveillance du Monde sur ses besoins en argent frais et sur le calendrier souhaitable d’une éventuelle recapitalisation ». On annonce déjà « 103 candidats au départ, dont 60 journalistes » (Les Echos, 2 juillet) parmi lesquels « plusieurs figures du journal  » : Daniel Vernet, directeur des relations internationales, Patrick Jarreau, ex-rédacteur en chef, Eric Le Boucher et Jean-Louis Andreani, éditorialistes, et Dominique Dhombres, chroniqueur télévision (CB News, 9 juillet 2008).
- Au Figaro, 71 salariés dont 45 journalistes, répondent également au plan de départs volontaires, ce qui représentera, selon Le Figaro, une « économie de l’ordre de 7 M€ sur la masse salariale.  » En outre : « Des économies de gestion supplémentaires porteront le total des économies à 12 M€ et devraient assurer l’équilibre du quotidien à compter de 2009 ». Le Figaro prétend par ailleurs garantir ainsi son « indépendance économique » (CB News, 27 juin).

 Le monde.fr aux enchères. Sans commentaires : « I-régie.com, la régie Internet du Monde met la page d’accueil du monde.fr, à paraître le 30 juin, aux enchères sur lemonde.fr/ebay pendant 7 jours, du 16 au 23 juin à 17 heures. La mise à prix est de 1 €. » (Newsletter Tarif Média, 18 juin).

2. Presse régionale

  Le Crédit Mutuel mutualise ses quotidiens. Libération, le 30 juin, titre : « Le banco régional du Crédit mutuel » pour présenter la prise de contrôle capitalistique par la banque de 51 % du groupe l’Est Républicain [1]. Avec 9 titres dans son portefeuille (L’Alsace et Le Républicain Lorrain, L’est Républicain, les DNA, La Liberté de L’Est, le Bien Public, Le Journal de Saône-et-Loire, Le Progrès et Le Dauphine Libéré), la banque couvre désormais 24 départements. Et Libération de poursuivre : « Les synergies déjà engagées au niveau des imprimeries, des services publicitaires et du contenu éditorial (suppléments et articles communs) devraient en tout cas s’accélérer. “On est inquiets pour l’emploi des journalistes et on est inquiets pour le pluralisme de l’information”, commente Laurence Rey, syndicaliste SNJ aux Dernières Nouvelles d’Alsace. Les plans de modernisation sociale enclenchés devraient entraîner une réduction totale des effectifs de 520 salariés sur les 3 500 que compte le groupe, selon Lignac. Et des aménagements sont aussi à prévoir dans les zones où les titres désormais contrôlés financièrement par le Crédit mutuel sont en concurrence. C’est déjà le cas dans les Vosges (75 suppressions de postes), et cela devrait l’être bientôt en Alsace, entre l’Alsace et les DNA. »

  L’Yonne rachetée au prix fort. Le rachat par le groupe Centre France (La Montagne, Le Journal du Centre) de L’Yonne Républicaine « qu’ils détiennent » a été approuvé par ses salariés « réunis en assemblée générale » le 5 juillet « à la quasi-unanimité la vente des actions du journal »  : soit « en faveur de la transformation de la société coopérative ouvrière de production (SCOP) en société anonyme, dont les titres seront rachetés par Centre France ». Centre Presse y a mis les moyens, payant les actions « au double de leur prix d’achat » et « offert des garanties sur les conditions de reprise du personnel ». Une telle prodigalité devant une situation critique : « On n’avait pas le choix : c’était ça ou un dépôt de bilan imminent », selon Hubert Besson, délégué SNJ-CGT de L’Yonne Républicaine, qui montre le potentiel prévu de la presse régionale (Les Echos, 7 juillet).

3. Magasines

 Jacques Rosselin imprime le Net. Le « fondateur du magazine Courrier International prépare le lancement d’un hebdomadaire (« édité par la société Apache »), sorte de Courrier International de l’Internet », qu’il « destine à des personnes de quarante, cinquante ans curieuses » (Les Echos, 30 juin)

 Lagardère harponne Psychologies . Le mensuel Psychologies de Jean-Louis Servan-Schreiber « devient l’entière propriété la filiale Lagardère Active qui réalise un chiffre d’affaires de l’ordre de 23 millions d’euros » (Le Figaro, 13 juin)

  Mondadori rationnalise. Motor Presse France achète 5 titres (Le Cycle, Golf Magazine, Golf Européen, Bateaux et l’Officiel du Cycle), et les guides de tourisme Bel Air pour « un chiffre d’affaires de l’ordre de 11 M€ » (Newsletter de CB News 2 juillet). Le groupe de Bersluconi pour se recentrer « sur les marchés haut de gamme et grand public » entend également céder La pêche et les poissons et Pêche Mouche à « Sofimav […], un groupe de presse spécialisé dans le domaine des loisirs de plein air »(Newsletter de CB News 27 juin).

 Les Marie - Claire en lutte. Grève à Marie-Claire du 25 au 27 juin. Les salariés réclamaient une augmentation de salaire de 150 € par mois pour tous. Un accord salarial signé par la direction et FO prévoyait une augmentation collective de 2,5% pour les salaires inférieurs à 4.500 euros : même pas de quoi compenser l’inflation ! Alors que le groupe, a réalisé un bénéfice net de 26,7 millions d’euros en 2007, avec une marge de 16,5%.

4. NMPP

 Etats généraux de la presse – la distribution en ligne de mire. Les états généraux de la presse écrite devraient avoir lieu « fin octobre ou début novembre  ». Parmi les sujets qui seront abordés : « la distribution et la diffusion des journaux, le numérique, la sous-capitalisation des groupes de presse, et la problématique Internet  ». Le président de la République a confié à Emmanuelle Mignon, son chef de cabinet à l’Elysée l’organisation et l’animation. Déjà, c’est bien la distribution qui risque d’être malmenée : Christine Albanel, estime que, « "pour adapter l’offre à la demande, il pourrait être utile d’aménager la loi Bichet de 1947", qui organise la distribution de la presse depuis l’après-guerre  ». (Les Echos, 9 juillet)

 Pfimlin droit dans sa réforme. Sous le titre « L’impérative [sic] refondation du groupe NMPP  », Le Figaro du 20 juin donne la parole à Rémy Pfimlin (ex-France 3), directeur Général des NMPP qui condamne au nom des « éditeurs » ce qu’il nomme des « actions irresponsables [2] » qui ont émaillé le plan de réforme dont il est le chantre. Il explique « pourquoi il est vital de réorganiser la distribution et la commercialisation dans ce secteur ».

  Des soutiens de poids. A noter que l’Union nationale des diffuseurs de presse (UNDP) « apporte son soutien au plan de modernisation » (Newsletter de CB News, 20 juin). Quant à la ministre de la Culture, Christine Albanel, de trouver publiquement « "choquant" le mouvement "extrémiste" des ouvriers du Livre » (Newsletter de CB News 18 juin).

  Le Parisien anonce la couleur. Pour septembre, lors des « états généraux de la presse » voulus par le président de la République à la rentrée, la direction du Parisien prévient : « Nous sommes entravés par des lourdeurs, des rigidités, des conservatismes » et s’en prend à « un système de distribution à réformer », En ligne de mire, l’aide à La Poste : « 240 millions d’euros [qui] vont à La Poste chaque année pour subventionner une activité postale déficitaire et qui coûte une fortune aux éditeurs. ». Et les salariés des NMPP dont les grèves et actions auraient entraîné une « perte sèche de 2 millions d’exemplaires » pour l’ensemble des titres du groupe ( Newsletter de Cb News, 20 juin) (lire plus bas NMPP).

II. Audiovisuel

1. Télévisions

 Sous le règne de Sarkozy… la télévision publique est menacée d’asphyxie, pour le plus grand bénéfice des groupes privés à vocation multimédias. « Télévisions publiques sous le règne de Sarkozy] : notre rubrique réunit analyses et prises de position. Notre dernier article, daté du 9 juin, - « Mascarade pour un massacre ? Télévisions publiques en péril, pluralisme en danger – amplement confirmé, doit être complété en fonction du contenu officiel du rapport de la commission Copé, des décisions de Nicolas Sarkozy et des réactions qu’ils ont suscitées. En attendant, quelques brefs rappels…

 De Copé en Sarkozy. Le jour même de la remise officielle du rapport de la « commission-mascarade » qui porte désormais le nom de « Copé », Nicolas Sarkozy a donné ses propres décisions : nomination du président de France Télévisions par l’exécutif, avancement du calendrier de la suppression de la pub au 1er janvier 2009, au lieu du 1er septembre 2009 et taxation à 0,9 % des opérateurs de téléphonie mobile et fournisseurs d’accès Internet.

 Le président de France Télévisions nommé par le Président. « Sept Français sur dix estiment que la nomination du président de France Télévisions par l’exécutif est une "mauvaise chose" car elle "pourrait entraîner un contrôle politique des chaînes publiques" », (Aujourd’hui en France, 5 juillet). Sans doute une telle nomination aurait-elle valeur de symbole et serait d’autant plus dangereuse qu’il s’agirait de la nomination du PDG d’un groupe désormais fortement centralisé. Mais c’est aussi un bel arbre planté devant le nez de ceux qui ne s’indignent que de cette décision, alors qu’elle dissimule notamment, au titre de la « compensation », le sous-financement d’une télévision déjà sous-financée et, au titre du « développement »,… des mesures d’économie sur les emplois et les programmes. La reprise en main politique n’est pas seulement une affaire de nomination…Pour ne rien dire des cadeaux publicitaires distribués au secteur privé et des projets de révision des seuils de concentration. Où l’on voit que l’autoritarisme politique et le libéralisme économique sont frères jumeaux en Sarkozie

 TF1/M6 gâtés. Les députés viennent de voter les règles anti-concentration… en « assouplissant les conditions pour qu’une même personne physique ou morale détienne 49% d’une chaîne de télévision (en relevant un seuil d’audience de 2,5% à 8% de l’audience totale », via « l’adoption d’un amendement de Frédéric Lefebvre (UMP)  » dans le cadre du projet de loi de modernisation de l’économie (LME). (Newsletter de CB News, 10 juin) Ce dispositif « pourrait permettre à Bouygues et à Bertelsmann, les propriétaires de TF1 et de M6, de renforcer leurs positions au capital  ». Merci qui ? L’assouplissement de la législation (examinée dans la loi sur l’audiovisuel) pourrait compenser le déclin des recettes publicitaires, si l’on en croit Christine Albanel, grâce à « une deuxième coupure publicitaire » et un « doublement, de 6 à 12 minutes, du nombre moyen de publicités par heure  » qui pour M6, abonderait ses caisses d’ « environ 20 millions d’euros pour un effet positif de 6,5 % sur le bénéfice  » (La Tribune du 4 juin). Merci qui ? (bis)

 La taxe sur les télévisions privées leur déplait. « Autre point fort du rapport de la commission Copé » (Valeurs Actuelles, 4 juillet) : « Prélever environ 3 % du surplus de ressources » des chaînes privées… Le lobbying ne se cache plus. Une lettre au Président, avec copies au Premier ministre François Fillon et à la ministre de la Culture Christine Albanel coécrite par TF1, M6 et Canal+ (réunies sous la bannière de l’Association des chaînes privées) qui dénonce « une "mauvaise gestion structurelle" de France Télévisions » et « "une concurrence de plus en plus déloyale" » pour rejeter ce projet de « taxation sur les recettes publicitaires supplémentaires des chaînes privées, évoquée par la commission Copé  » voulue par l’Elysée (Newsletter de CB News, 3 juin).

 La taxe sur les opérateurs heurte les positions de principe du libéralisme européen.. La taxe sur les opérateurs sera selon le bon vouloir de Sarkozy de 0,9%. Mais pour Viviane Reding, commissaire européenne à la société de l’information et aux médias, qu’on a connue moins clémente envers ces derniers, c’est « la dernière chose à faire  ». Alors pourquoi Madame ? « Le problème n’est pas le niveau de la taxe, c’est une question de principe  » (Les Echos, 30 juin). Rien que ça… Jean-François Copé prétendait faire entrer « dans ce club de la télévision les fournisseurs d’accès internet et de téléphonie mobile qui font un chiffre d’affaires extrêmement important  », en les taxant. Mais, prudemment, prévoyait une taxe «  très faible de l’ordre de 0,5% » (Newsletter de CB News 2 juin).

 Les sociétés de journalistes de France 2 et France 3 s’insurgent « Curieuse méthode que celle de Nicolas Sarkozy lorsqu’il met les mains dans le PAF : à la fois libérale au plan économique et autoritaire au plan politique. Dans un premier temps, on crée le désordre, on dérégule tout l’audiovisuel. Dans un deuxième, on reprend directement le contrôle. Sous le vernis de la modernité transpire l’archaïsme. » (Rebonds, Libération, 1er juillet par la société des journalistes de France 2 et la société des journalistes de la rédaction nationale de France 3.)

  Le Point et la «  citadelle cégétiste  » de France 3. Reçus par des manifestants et bafoué par un technicien qui omet de le saluer, Nicolas Sarkozy avait perdu son flegme légendaire hors-antenne le 30 juin sur le plateau de France 3. Pourtant, il aurait reculé sur ses projets de démantèlement. Le Point le 3 juillet a proposé une analyse très fine ce ce recul : « Devant le monstre France 3, citadelle cégétiste, enchevêtrement de treize baronnies locales campées sur leurs acquis, le chef de l’Etat préfère prendre son temps... Plongée au cœur d’une machinerie infernale. »

 Les leçons de management de Copé. « Comment expliquer que les salariés de l’audiovisuel public persistent dans l’inquiétude ? » demande ingénument Aujourd’hui en France à Jean-François Copé. Réponse de l’intéressé : « Parce que c’est la France ! […] France Télévisions est une maison qui n’a pas reçu de message depuis des années et qui est livrée à ses doutes et ses angoisses. Pendant vingt ans, à part au moment des décrets Tasca, le pouvoir politique ne s’en est pas occupé parce qu’il en avait peur... » (Aujourd’hui en France, 2 juillet). Le pouvoir politique a désormais délivré son « message » … et curieusement « les salariés de l’audiovisuel public persistent dans l’inquiétude »

 Carolis se fâche « Nous n’avons pas les moyens de nos ambitions futures  » Sursaut de dignité ? Baroud d’honneur avant une éviction annoncée ? Défense convaincue de réelles convictions ? Patrick de Carolis en tout cas n’a pas brodé une dentelle à l’antenne de RTL le mercredi 2 juillet. Pour mémoire :
- « Lorsqu’on dit qu’il n’y a pas de différences entre la télévision de service public et les télévisions privées, je trouve cela faux, je trouve cela stupide, et je trouve cela profondément injuste. »
- « A la fin de l’été, courant septembre, nous verrons si le compte y est, s’il n’y est pas, je prendrai mes responsabilités. J’estime aujourd’hui, d’après les déclarations des uns et des autres, que le compte n’y est pas »
- Et de préciser, le lendemain au Parisien  : « Mon intention n’est pas de démissionner, mais de prendre toutes mes responsabilités : je ne porterai pas un projet sous-financé, j’en tirerai toutes les conséquences pour moi » (Le Parisien, 3 juillet).

Réactions indignées dans les rangs du pouvoir, déclarations d’appui du côté des syndicats…

 Les financiers de France Monde. En chœur, « Alain de Pouzilhac, le PDG de l’audiovisuel extérieur de la France et de RFI, et Christine Ockrent, sa directrice générale déléguée, expliquent les enjeux de la constitution d’un holding unique regroupant France 24, TV5 Monde et RFI » au Figaro. Quels enjeux ? « Mettre en place des outils de management au niveau du holding qui doit rester léger. […] C’est la raison pour laquelle il est urgent de résoudre la question de l’actionnariat de France 24. » Comment ? Par la « la reprise par l’État des participations de TF1 ». Et de souhaiter « que le dossier soit réglé d’ici à la fin juillet et en tout état de cause d’ici à la fin de l’été  ». Concernant le financement « mixte redevance-subventions publiques », le duo a « l’intention d’élaborer, comme cela se fait dans n’importe quelle entreprise, une stratégie financière à trois ans qui devra être validée par l’État dans le cadre d’un contrat d’objectifs et de moyens pluriannuels. […et] développer des recettes propres grâce aux produits dérivés, au développement de la distribution et du multimédia. » (Le Figaro du 8 juillet)

2. Radios

 Elkabbach ne se taira pas. Jean-Pierre Elkabbach qui présidait Europe 1 depuis avril 2005, quitte cette fonction (mais pas l’antenne,) pour la présidence de Lagardère News : , « une entité destinée à être un "desk numérique", capable de faire circuler et de mettre en valeur les informations des médias du groupe Lagardère (Le Journal du Dimanche, Paris Match, Europe 1, Newsweb...) » selon le Nouvelobs.com du 3 juin  » . [3]

 TF1 Publicité choisi par les Indépendants. Le Groupement d’intérêt économique (GIE) des Indépendants de 111 radios locales et régionales a choisi de confier la gestion des espaces publicitaires de ses stations à TF1 Publicité, suite à « un appel d’offres […] évalué à 200 M€ bruts environ » (Newsletter de CB News 9 juin).

 Radio numérique Terrestre : l’alerte des radios en lutte. Rappel : le collectif des « radios en lutte » lance une pétition que l’on peut lire ici même « Les radios libres au crible du numérique » A lire également sur le site de « Radios libres en lutte » où sont précisées les conditions dans lesquelles la pétition peut être signée et soutenue.

III. Web et convergence

  Rue89 touche les fonds. Rue89 a levé, comme on le dirait dans d’autres circonstances, « 1,1 million d’euros ». Les quatre fondateurs, anciens de Libération, Arnaud Aubron, Pierre Haski, Laurent Mauriac et Pascal Riché conservent la majorité du capital, avec 51,3 % des parts , le reste étant réparti entre le fonds familial Halmahera ,le journaliste Khedaoudj Zemmouri, la société de production audiovisuelle Midi-Minuit, la régie publicitaire Hi-Media et le fonds personnel de Franck Ullman, Verdoso Média. (« Rue89 : des fonds pour la route », Libération, 30 juin). A suivre… Rue89 envisagerait « de se joindre à un projet de syndicat de médias indépendants alliant des sites d’information hors ceux des médias traditionnels.  » Mais que signifie « médias indépendants » ?

  Agoravox se fait entendre. Le site participatif AgoraVox se mue en fondation et veut sa Société des rédacteurs : « Notre but est de garantir l’indépendance et l’autonomie de notre site en le préservant de tout type de pression ou menace potentielle ».

 La TMP pose les structures et tarifs de sa future tirelire. Les premières offres de télévision mobile personnelle (TMP) seront lancées durant le second semestre 2009. Une société gérera les 16 chaînes réunies au sein d’un multiplex bien que « le modèle économique de la “TNT mobile” reste indéfinie : plusieurs chaînes gratuites pourrait servir de produit d’appel mais l’abonnement à un bouquet de chaîne reste le modèle privilégié par les opérateurs.  » Selon mediabb.com (6 juillet) : « les offres pourraient être comprises entre 50 centimes et 5 euros par mois. La seule solution pour absorber entre 3 et 7 millions de coûts de diffusion annuels  ».

 La guerre des opérateurs. Des nouvelles du front des opérateurs Neuf Cegetel- SFR, Bouygues Telecom ou encore Telecom Italia. Ces concurrents d’Orange l’attaquent sur son service baptisé Rewind qui « permet à ses abonnés d’accéder en direct et en différé aux principaux programmes de France Télévisions » (Newsletter de CB News 13 mai).

 Fusion Neuf-Sfr : l’UFC-Que Choisir avertit. « L’association de consommateurs UFC-Que choisir a déposé un recours au Conseil d’État pour protester contre le feu vert accordé par le ministère des finances au rachat de Neuf Cegetel par l’opérateur de télécoms SFR. Elle estime que ce rachat crée “ un duopole dans les télécoms et la télévision payante entre deux groupes : d’une part, France Télécom-Orange, d’autre part, Vivendi et ses filiales Canal +, SFR et Neuf Cegetel” ». L’association reproche aussi à Bercy de ne pas avoir tenu compte des marchés de la télévision sur mobile et de la fibre optique. » (La Croix, 8 juillet).

 Alliances M6 et Mondadori. A partir du 1er juillet 2008, les sites internet édités par Mondadori Digital (bibamagazine.fr, canalstars.fr, closermag.fr, fhm.fr, guidetele.com, pleinevie.fr, telepoche.fr, telestar.fr, topsante.com, addxonline.com, autojournal.fr, autojournal4×4.fr et sportauto.fr) viennent « renforcer l’offre web de M6 Publicité. » (mediabb.com, 30 juin)

 Le Web ne libère pas le journaliste. « Les conditions de travail du journaliste diffèrent largement entre un quotidien et un site Internet. Dans le premier cas, il organise son travail en fonction de l’heure du bouclage ; dans le second, il travaille vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Sans parler des écarts de rémunérations ni du nombre de jours de vacances  ». («  Le Web contraint les patrons de presse du monde entier à envisager une vraie révolution culturelle  », Le Monde, 7 juin). C’est dans ce contexte que «  les rédactions de Paris-Match et du Journal du Dimanche, journaux détenus par le groupe Lagardère, ont décidé […] d’arrêter de travailler pour les sites internet de leur titre respectif, dans l’attente d’accords définissant les conditions de ces collaborations  » (Newsletter de CB News du 19 juin) Même motif, autre conflit : l’intersyndicale CFDT-CGT-FO-SNJ du groupe NextRadioTV a protesté le 4 juillet « contre le projet de création de l’agence RMC Sport » qui « met en place deux nouveaux statuts de journalistes : radio/télé et surtout radio/télé/reporters d’images/monteur  » (Newsletter de CB News, 7 juillet)

IV. Et encore…

 Bolloré accroît son emprise. Le Groupe Bolloré a acquis, le 9 juillet 2008, 60 % du capital du Groupe CSA dont il détenait déjà 40 % depuis septembre 2006. L’institut d’études et de sondages CSA se présente comme l’un « des leaders sur le marché français, où il réalise des études marketing et d’opinion dans tous les secteurs économiques, aussi bien quantitatives que qualitatives.  »

 Financement : l’AFP livrée à elle-même. Répondant à une demande de la direction de l’AFP, Christine Albanel, annonce que « l’État ne financera pas l’intégralité des 20 millions d’euros nécessaires à la refonte du système informatique de l’AFP » que l’agence publique « avait demandé il y a quelques semaines, dans le cadre de la « négociation de son contrat d’objectifs et de moyens (COM) ». Le Figaro commente : « Voilà une réponse qui ne fera pas les délices de la plus grande agence de presse francophone et troisième mondiale derrière l’américaine Associated Press et la britannique Reuters  ». Et précise : « Même s’il est à la recherche d’argent frais, Pierre Louette a déjà indiqué qu’il n’était pas favorable à l’ouverture du capital de l’AFP à des capitaux privés » La raison invoquée ? « Le modèle économique du secteur n’étant pas de nature à attirer des partenaires privés » (Le Figaro, 9 juillet). Jusqu’à quand ?

 Népotisme. Bernard Arnault, magnat de LVHM a placé dans le « comité d’indépendance éditoriale  » du groupe Les Echos, Antoine, son fils… La société des journalistes avait arraché la création de ce comité qui a pour mission d’examiner les cas d’ingérence de l’actionnaire ou de ses représentants dans le contenu rédactionnel des publications des Echos à l’occasion du rachat laborieux l’année dernière. Face à la nomination d’Antoine Arnault, la société des rédacteurs a fait part de sa « surprise ». En effet, Antoine Arnault est désigné comme le dauphin de son papa et est déjà directeur de la communication pour Louis Vuitton. (Rue89, 6 mai).

 
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Notes

[1Selon Le Nouvel Observateur du 30 mai, l’Est républicain a été « "contraint d’accepter cette opération capitalistique puisqu’il n’est pas en mesure de rembourser même partiellement les dettes accumulées avec la création du groupe", poursuit l’intersyndicale. Selon le communiqué, le Crédit Mutuel aurait jusqu’ici "lâché environ 400 millions d’euros sans aucun retour sur investissement"  »

[2Ces dernières semaines, la distribution des quotidiens et des magazines assurée par les NMPP a été perturbée par de nombreuses actions, parfois violentes : blocage de tournées, exemplaires brûlés, quotidiens nationaux interdits de parution le 12 juin.

[3Et boursier.com (un site qui est la propriété de Lagardère), indique le même jour que «  Lagardère News s’inscrit dans le nouveau plan de "croissance active" du Groupe pour accompagner la mutation des métiers traditionnels, sous l’impulsion du développement du numérique, de l’évolution des usages et du métier de journaliste d’information.

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