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Jeudi d’Acrimed

« Le cauchemar médiatique des années 80 : extase télévisuelle et cynisme éditorial »

Débat avec François Cusset, le 31 janvier 2008.

Un débat avec François Cusset, autour de son livre La Décennie, le Grand cauchemar des années 80.

Jeudi d’Acrimed, le 31 janvier 2008, à 19 heures, Bourse du travail, 3 rue du Château d’eau 75010 Paris. Métro République.

« Le cauchemar médiatique des années 80 : extase télévisuelle et cynisme éditorial »

Avec François Cusset auteur de La Décennie. Le Grand cauchemar des années 80 (La Découverte, octobre 2006)


Médiatique autant qu’intellectuel ou politique, le grand cauchemar des années 80 qu’analyse François Cusset n’est pas terminé.

1987 est une date charnière. La privatisation de TF1 en 1987, mais aussi le lancement de France Info et de Voici (ainsi que l’achèvement de la transformation de Libération) amorcent un tournant médiatique et culturel, dont les effets, notamment politiques, se font encore sentir aujourd’hui.

Revenir sur ce passé et arpenter le trajet qui permet de comprendre cet aujourd’hui : tels seront les objectifs du débat proposé par Acrimed.

***

En guise de présentation, brefs
extraits de La Décennie

« Ce samedi 4 avril vers 14h25, les téléspectateurs s’ennuient ferme devant les programmes de TF1. Ils ne remarquent qu’à peine, entre une série américaine et un documentaire animalier, une courte annonce faite à l’écran d’une voix monocorde : la première chaîne française vient d’être rachetée par le groupe Bouygues, géant mondial des travaux publics. […]

On peut penser que TF1 est devenu, sous sa houlette [celle de Francis Bouygues] , un cas d’exception au sein des grandes démocraties occidentales : celui d’une nation entière identifiée à une seule chaîne hertzienne (là où aucune chaîne ne domine aussi nettement les réseaux hertziens en Grande-Bretagne, en Allemagne et encore moins aux Etats-Unis), donc en dernier ressort à son propriétaire tout-puissant. Le cas unique, en quelque sorte, d’une forme avancée de nationalisme cathodique, ou plus exactement, car TF1 n’a pas le monopole en France du chauvinisme sur petit écran, d’une forme piteuse de vie intérieure nationale réduite à une seule chaîne de télévision. […] Et la télévision, à partir de 1987, n’est plus seulement ce qui parle en France mais aussi, partout, ce dont il convient de parler.[…]

C’est aussi l’époque où Serge July, ayant achevé la mue de Libération en quotidien de la gauche libérale, et fêté la privatisation de TF1 en titrant “ TF1 déchaînée, A2 enchaînée [1] ”, recule peu à peu l’heure de bouclage du quotidien du matin de 20h à 20h30, comme le raconte un ancien journaliste [2] : on regarde le JT avant de confirmer la « une » ou le « chemin de fer » (le déroulé des sections page par page) du journal. Ainsi le JT, qui s’est longtemps inspiré de la presse écrite, lui dicte-t-il désormais sa loi, puisqu’elle suivra servilement la fonction d’agenda (sélection des nouvelles pertinentes du jour, et ordre de leur présentation) propre à l’information télévisuelle.

[…] C’est également en 1987 que démarrent en France deux médias d’un genre nouveau, qui accélèrent la transition du simple flux à la pléthore d’informations. Le 1er juin à 7h du matin, commence d’émettre France Info, la dernière-née du groupe Radio-France et le média pionnier dans l’Hexagone pour l’information en continu : shopping ou embouteillages seront vécus désormais au rythme lancinant de ses nouvelles en boucle, avec un journal toutes les sept minutes. Et le groupe allemand Prisma d’Axel Ganz lance le 28 novembre le premier numéro de l’hebdomadaire Voici, inventant un créneau particulièrement juteux entre les chroniques à l’ancienne de la vie des princes et une presse people sans contenu rédactionnel. »

 
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Notes

[1Libération, 15 mai 1986.

[2Cité in Pierre Rimbert, Libération de Sartre à Rothschild, Raisons d’Agir éditions, 2005,p. 56.

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