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Présidentielle 2007

Les grands entretiens de Jean-Michel Aphatie

par Henri Maler,

Depuis que TF1 (partiellement imitée par France 2), n’écoutant que son audace audimateuse, a confié à des témoins triés sur le panel le soin de poser des questions aux candidats à l’élection présidentielle [1], les journalistes politiques les plus en vue s’émeuvent et se déclarent irremplaçables. Eux seuls - puisque c’est leur métier - savent organiser et arbitrer les indispensables débats contradictoires. Maîtres de leurs dossiers comme de l’univers, eux seuls savent poser les questions d’importance, imposer un droit de suite quand les réponses ne sont pas suffisantes, pousser les candidats dans leurs retranchements. Bref : eux seuls peuvent ennoblir la politique et le conflit démocratique en mettant en discussion les projets en présence. C’est du moins ce qu’ils disent [2]. C’est ce que l’on aimerait croire.

Le journalisme politique irremplaçable ? Peut-être... Sans doute... Mais quel journalisme politique ? Celui que pratiquent les principaux interviewers ? Il faudrait les passer tous en revue. Nous avons choisi ici un exemple - qui n’est pas le pire - non pour le mettre personnellement en cause, mais pour sonder ce qu’est un certain journalisme politique aujourd’hui.

Tous les matins «  L’Invité de RTL » - c’est le titre de l’émission - répond aux questions de Jean-Michel Aphatie qui, sur son blog, commente les coulisses de ses propres exploits [3]. Les entretiens sont disponibles sur le site de la station de radio.

Entre le 26 décembre 2007 et le 18 février 2007, la plupart des candidats à la candidature ou leur(s) représentant(s) ont été interrogés (certains plusieurs fois, d’autres, comme Marie-George Buffet, pas du tout ou pas encore).

Jean-Michel Aphatie est un vrai pro. De ceux qu’il serait vain de soupçonner d’une attitude étroitement partisane. L’essentiel n’est pas, avec lui, les préférences que l’on peut deviner (ou tenter de deviner). Les questions sont souvent acides ou impertinentes. Les relances fréquentes. Mais sur les questions qu’il pose aux candidats les plus divers, combien portent sur les propositions économiques, sociales et institutionnelles ou sur la politique internationale ? Jean-Michel Aphatie (voir plus bas) le dit lui-même : « Mon truc, c’est la cuisine »  ! Les « petits » candidats sont ainsi privés de toute expression sur le fond, et les « grands » (ou leurs représentants) - qu’ils soient de droite ou de gauche, - même s’ils parviennent à contourner la cuisine, y sont généralement reconduits.

Pour le mettre en évidence nous avons choisi un échantillon de ces entretiens, limité à trois représentants de la gauche au sens large : avec Olivier Besancenot (le 13 février 2007), avec José Bové (le 2 février 2007), et avec Lionel Jospin (8 février 2007). Les questions posées sont reproduites en Annexe.

« Bonjour Olivier Besancenot » (13 février 2007)

Sur les 21 questions posées à Olivier Besancenot (ou simples interventions), aucune ne porte sur les propositions du candidat. Sont successivement évoqués les divisions du « camp du Non de gauche », les rapports avec le Parti socialiste, la question des signatures.

Sur la question des signatures, quelques fragments significatifs :

- Jean-Michel Aphatie (J-M. A.) : - « [...] j’en ai lu quand même un petit bout de votre blog que toutes ces questions sur les signatures vous agacent. "C’est Georges Marchais qui avait raison, écrivez-vous, sur un point en tout cas rassurez-vous, quand Elkabbach le gonflait avec ces questions, il répondait : Taisez-vous Elkabbach !" »
- Olivier Besancenot (O.B.) - « [...] Quand vous avez 5 minutes d’interview, c’est vrai que 5 minutes de questions uniquement sur les signatures .... c’est d’ailleurs pour ça que l’émission d’hier soir, elle était chouette parce que vous avez 100 personnes et on ne vous demande pas de commenter les sondages ... on ne vous demande pas de parler du 2ème tour ... on ne vous demande pas de parler des signatures ... Finalement, c’est la vraie vie ! C’est chouette. »
- J-M. A. - « C’est bien une émission sans journalistes ! »
- O.B. - « C’est pas mal ! »
[...]
- O.B. - « [...] moi, je serai candidat. Y’a rien qui va casser ma motivation, absolument rien. »

- J-M. A. - « Si, les 500 signatures. »
- O.B. - « Non, parce qu’on va les avoir. »

- Christophe Hondelatte : « Taisez-vous Aphatie ! Taisez-vous Aphatie ! Vous l’avez cherché ! »

Commentaire d’Aphatie sur son blog : « Aura les signatures ? Aura pas les signatures ? Il faut attendre jusqu’au 20 mars, l’oracle du conseil constitutionnel, que présidera de frais Jean-Louis Debré pour savoir qui aura le droit, qui n’aura pas le droit, de solliciter les suffrages. Olivier Besancenot, à qui les journalistes, ces benêts, reposent sans arrêt la question, a confessé sur son blog que ça le "gonflait" de répondre à chaque fois la même chose, mais oui, je les aurai, mais oui, mais oui... Du coup, je lui ai posé la question sans la poser et je n’ai pas eu la réponse. D’ailleurs, il l’a dit, au moins hier soir, sur TF1, avec les vrais gens, dans l’émission qui est l’événement de la campagne, dixit Patrick Poivre d’Arvor, personne ne l’a interrogé, il a pu parlé du fond, du fond, et encore du fond. Révolutionnaires ou pas, les hommes politiques ont le même fantasme : plus de journalistes, que des vrais gens. Allez, bonsoir chez vous ... » [4]

Et certains journalistes politiques nourrissent un autre fantasme : regarder la politique par le trou de la serrure... Est-ce en cela qu’ils seraient irremplaçables ?


« Bonjour José Bové »
(2 février 2007)

Le site de RTL résume : « Interrogé sur RTL vendredi, l’ancien syndicaliste paysan a annoncé son intention vendredi d’évaluer "au fur et à mesure" sa campagne présidentielle, lancée la veille. Il a laissé entendre qu’il appellerait à voter pour Ségolène Royal au deuxième tour. »

Sur les 14 questions posées à José Bové (ou simples interventions), aucune ne porte sur les propositions du candidat. Sont successivement évoqués les circonstances de sa candidature, la question des signatures, les faibles résultats des sondages.

Jean-Michel Aphatie commente sur son blog : « Certains diront, tiens, c’est simple, être à la gauche de la gauche, c’est être anticapitaliste. Tu parles Charles ! Si José Bové était anticapitaliste vraiment, jusqu’au bout, entièrement, aurait-il été sur TF1, hier soir, pour sa première prise de parole d’après candidature ? TF1, vous savez, la grosse télé qui libère des espaces dans les cerveaux pour la publicité ? Non, si José Bové a été sur TF1, c’est bien la preuve qu’en tant d’homme à la gauche de la gauche, il n’est pas définitivement anticapitaliste. Bref, tout cela est très difficile. En fait, c’est de la philosophie et ça, ce n’est pas mon métier. Mon truc, c’est la cuisine. Alors, la cuisine de la gauche de la gauche de la gauche, elle en est où ? En plein bastringue.  » [5]

« Bonjour Lionel Jospin » (8 février 2007)

Le site de RTL résume : « Evénement politique jeudi matin sur RTL. L’ancien Premier ministre socialiste répondait aux questions de Jean-Michel Aphatie jeudi matin. Il a dénoncé le "numéro" de Nicolas Sarkozy sur le travail et les travailleurs. Il promet d’ "intervenir dans la campagne de façon positive". »

Les premières questions portent sur les citations de Jean Jaurès et Léon Blum dans les discours de Sarkozy. Les suivantes sur les critiques que Sarkozy adresse au PS, jusqu’au moment où Jean-Michel Aphatie reproche à Jospin... de n’avoir parlé que de Sarkozy... sur lequel portaient ses propres questions !

- Jean-Michel Aphatie (J-M. A.) : « Nous avons beaucoup parlé de la campagne de Nicolas Sarkozy... »
- Lionel Jospin (L.J.) : - « Non, non, non... On n’a pas parlé de la campagne... Je n’ai pas dit un mot sur la... J’ai dit un mot sur la campagne de Nicolas Sarkozy... »
- J-M. A. : - « Nous avons beaucoup parlé de Nicolas Sarkozy, d’accord ? »
- L.J. : - « Non. On a beaucoup parlé ... Non. On a beaucoup parlé du travail, de l’emploi, des 35 heures, des statuts, de ce que ça représente, c’est-à-dire de questions de fond dans la vie des travailleurs et on a parlé à propos d’une déclaration fallacieuse de M. Nicolas Sarkozy. Voilà la réalité de notre entretien. »

Et il est vrai que Jospin s’est saisi des questions posées pour tenter de s’exprimer sur le contenu. Et à la différence, des « petits » candidats, il est parvenu à s’exprimer longuement sur le contenu, notamment sur les « 35 heures ».

Jean-Michel Aphatie commente sur son blog : « Le petit déjeuner a été sympathique mais assez court. Lionel Jospin n’a voulu répondre à aucune question concernant la campagne, ses acteurs. Il a bien accepté de parler encore du contrat de travail, des 35 heures, de sa participation récente à un colloque sur l’environnement. Mais sur la politique, rien. Souriant, décontracté, agréable, mais bien décidé à demeurer, ce matin en tout cas, dans le rôle qu’il s’est dévolu en ces temps d’élection présidentielle. »

Le contrat de travail, les 35 heures, l’environnement ne relèvent donc pas de la politique ? En revanche, en relèvent indiscutablement et passionnément, les questions sur la campagne de Ségolène Royal, sur la place que Jospin entend y prendre, sur les « éléphants » du PS, etc. Ainsi, cette question qui clôt l’entretien :

- J-M. A. : « Bernard-Henri Lévy, dans Le Point qui sort aujourd’hui, raconte son dîner avec Ségolène Royal, vendredi à l’Hôtel Monceau. Et il cite Ségolène Royal : “Je comprends Lionel Jospin qu’une fille comme moi, qu’une Bécassine, dit-elle, réussisse des choses où il s’est, lui, cassé les dents. Je conçois que ça le fasse rager”. »

Bernard-Henri Lévy, marmiton de Jean-Michel Aphatie ? On n’a pas quitté la cuisine.

Des « petits » candidats privés de toute question sur leurs propositions, alors que leurs moyens d’expression dans les médias sont limités. Des « grands » qui bénéficient chichement d’interrogations sur leurs programmes, mais qui parviennent cependant à en parler...

Qu’est-ce que la politique politicienne ? La politique vue par Jean-Michel Aphatie et bien d’autres. Ce journalisme politique-là n’est pas irremplaçable. Mais, bien sûr, ce ne sont pas les « témoins » assistés par les metteurs en scène de TF1 et d’ailleurs qui peuvent les remplacer.

Henri Maler

NB. Faut-il le dire ? Alors disons-le : Acrimed ne soutient aucun candidat...


Annexe : Les bonnes questions de Jean-Michel Aphatie

Nous n’avons retenu que les questions (et quelques fragments des réponses, destinés à comprendre les enchaînements).

« Bonjour José Bové » (2 février 2007)

- Jean-Michel Aphatie (J-M. A.) : - « Vous voilà donc candidat à la présidence de la République, et ça ne doit pas être facile à vivre pour vous. Ecoutez ce que vous disiez en 2003 : "Il n’est pas question pour moi de me présenter à une quelconque élection politique, qu’elle soit nationale ou européenne, pas question que je me présente à une quelconque élection politique". Quatre ans plus tard, vous y êtes. Pourquoi ? Vous vous faites violence, vous souffrez de la situation ? »
- José Bové (J.B.) : - « Non, parce que je crois que quand je disais cela en 2003, la situation était telle que le débat politique, la façon dont les gens vivaient l’engagement, étaient différents d’aujourd’hui. »
- J-M. A. : - « En quoi ? »
- J-M. A. : - « Vous, vous étiez partisan du "Non". le "Non" a gagné et le "Non" est représenté parmi les candidats, aujourd’hui : Olivier Besancenot, Marie-George Buffet, pourquoi vous, en plus ? »
- J-M. A. : - « ... Motivation importante de votre candidature, c’est José Bové ? »
- J-M. A. : - « Par souci de clarté et d’honnêteté, vous pouvez dire, José Bové, ce matin, sur RTL que les gens qui voteront pour vous, au premier tour, vous les appellerez à voter Ségolène Royal au second tour ? »
- J.B. : - « Ce qui est évident, c’est que pour moi, d’abord je ne suis pas propriétaire des voix des gens qui voteront. »
- J-M. A. : - « Personne ne l’a dit. Vous les appellerez à voter Ségolène Royal ? »
- J-M. A. : - « Vous ne confondez pas droite et gauche José Bové. Mais Ségolène Royal appelé à voter "Oui" à la Constitution européenne, en 2005. »
- J.B. : - « Je pense qu’aujourd’hui, le débat a été changé. Les Français majoritairement ont voté "Non". Aujourd’hui, il est évident qu’il faut tenir compte de ce que les Français ont dit. Or, aujourd’hui, les Français rejettent une Europe libérale. On a déjà eu le débat dans ce studio. On n’était pas d’accord... »
- J-M. A. : - « Qui ? Vous et moi ? »
- J.B. : - « Ah pas avec vous, mais dans le débat avec M. Duhamel, par exemple. »
- J-M. A. : - « Ah M. Duhamel, d’accord. »
- J-M. A. : - « Pour pouvoir être candidat, il faut avoir 500 signatures de personnalités, de maires et d’élus. Vous dites que vous en avez 200 aujourd’hui. Pour aller jusqu’au bout, José Bové, est-ce que vous attendez le retrait d’Olivier Besancenot ou Marie-George Buffet ? »
- J-M. A. : - « Ça, j’imagine. Et s’ils ne se retirent pas, vous n’irez pas jusqu’au bout ? »
- J-M. A. : - « Est-ce que vous irez jusqu’au bout quoi qu’il arrive, si vous avez les 500 signatures ? »
- J-M. A. : - « Sondage "CSA - Le Parisien", ce matin : 1% de voix pour José Bové. Si ça ne monte pas, qu’est-ce que vous allez faire ? »
- J-M. A. : - « Mais spontanément, 1% de voix dans les sondages, c’est pas terrible. »

« Bonjour Lionel Jospin » (8 février 2007)

- J-M. A. : - « Depuis le début de sa campagne, régulièrement Nicolas Sarkozy cite Jean Jaurès, Léon Blum dans ses discours. Des responsables de Gauche s’offusquent de ces emprunts à leur histoire par le ministre de l’Intérieur. Etes-vous choqué, vous, Lionel Jospin ? »
- J-M. A. : - « Mais en quoi est-ce qu’il dénigre... »
- J-M. A. : - « Mais en quoi y a-t-il détournement en citant Jaurès ? »
- Lionel Jospin (L.J) : - « Mais je viens de vous répondre. Je ne vais pas répéter deux fois cette question. »
- J-M. A. : - « Oui, mais qu’est-ce qui vous choque dans l’utilisation de ces figures ? »
- L. J. : - « [...] J’ai entendu, l’autre jour, et ça a été une de mes motivations vraiment pour venir ce matin, alors que vous m’aviez invité, il y a déjà un certain temps... »
- J-M. A. : - « ...Nous avions déjà un dialogue antérieur. »
- L.J. : - « [...] L’agressivité ou l’hostilité de M. Sarkozy à l’égard de ce qu’il appelle les statuts est à mon sens assez révélatrice parce que ça représente quoi les statuts dont il parle de façon méprisante pour les travailleurs ? [...] Or, les propositions de Nicolas Sarkozy visent sous le vocable contrat unique... »
- J-M. A. : - « ... à droits progressifs, dit-il. »
- J-M. A. : - « Et la critique des 35 heures ? Elle fait toujours mal celle-là ? »
- L.J. : - « Non, elle ne me fait pas mal. Je vais vous dire pourquoi. »
- J-M. A. : - « Nous avons beaucoup parlé de la campagne de Nicolas Sarkozy... »
- L.J. : - « Non, non, non... On n’a pas parlé de la campagne... Je n’ai pas dit un mot sur la... J’ai dit un mot sur la campagne de Nicolas Sarkozy... »
- J-M. A. : - « Nous avons beaucoup parlé de Nicolas Sarkozy, d’accord ? »
- L.J. : - « Non. On a beaucoup parlé ... Non. On a beaucoup parlé du travail, de l’emploi, des 35 heures, des statuts, de ce que ça représente, c’est-à-dire de questions de fond dans la vie des travailleurs et on a parlé à propos d’une déclaration fallacieuse de M. Nicolas Sarkozy. Voilà la réalité de notre entretien. »
- J-M. A. : - « D’accord. Alors, je voulais juste faire une petite transition. »
- J-M. A. : - « Qu’est-ce qui ne va pas dans la campagne de Ségolène Royal, Lionel Jospin ? »
- J-M. A. : - « Ça ne marche pas très bien. Vous le voyez comme nous ? »
- J-M. A. : - « [...] C’est pour l’aider que vous avez souhaité intervenir ? »
- L.J. : « Pardon ? »
- J-M. A. : - « C’est pour l’aider que vous avez souhaité intervenir ? »
- L.J. : - « Il me semble que quand je rappelle quels sont le caractère fallacieux des propositions de la Droite, et que je rappelle aussi quelles sont les propositions de Ségolène Royal sur le travail, sur le CDI, le contrat à durée indéterminée, il me semble que c’est effectivement une façon d’agir positivement. Et c’est mon sens. J’entends gloser là ces derniers jours sur être ou ne pas être à tel endroit... Je veux dire... »
- J-M. A. : - « C’est une belle question : “Etre ou ne pas être ?” Et vous n’y êtes pas. »
- L.J. : - « Non. Je n’y étais pas le 6 et je n’y serai pas non plus le 11. »
- J-M. A. : - « Vous n’y êtes pas ? »
- L.J. : - « Alors, vous ne pouvez pas me dire à la fois que je suis avec vous en train de parler du fond et me dire que je n’y suis pas. Ces histoires d’éléphants, ça ne m’intéresse pas. »
- J-M. A. : - « Bernard-Henri Lévy, dans Le Point qui sort aujourd’hui, raconte son dîner avec Ségolène Royal, vendredi à l’Hôtel Monceau. Et il cite Ségolène Royal : “Je comprends Lionel Jospin qu’une fille comme moi, qu’une Bécassine, dit-elle, réussisse des choses où il s’est, lui, cassé les dents. Je conçois que ça le fasse rager”. »
- L.J. : - « Ecoutez, je ne peux pas me rapporter à des propos rapportés à un dîner. Je peux vous dire qu’en tout cas quand moi, j’ai lu dans la bouche de certains journalistes, d’un journaliste qui avait fait de grands compliments à Ségolène Royal, qu’il utilisait, lui, maintenant ce terme “Bécassine”, j’ai été profondément choqué. Donc, je ne sais pas comment quelqu’un s’est exprimé dans un dîner. En tout cas, moi j’interviendrai autour de valeurs, de principes de façon positive. Non seulement on n’entendra rien de négatif venant de moi mais comme j’ai essayé de le faire, ce matin, et comme je le ferai sans doute encore - un peu - à ma façon - librement -. C’est du positif qui viendra de moi parce que l’enjeu est important. »

« Bonjour Olivier Besancenot » (13 février 2007)

- J-M. A. : - « Vous étiez sur le plateau de TF1, hier soir, et la première personne qui vous a interpellé face à 100 Français - c’était l’émission -, la première personne qui vous a interpellé vous a reparlé du NON au référendum sur la Constitution Européenne au printemps 2005, et elle a fait part de sa frustration. Depuis, il ne s’est rien passé. Même le camp du NON de Gauche a complètement explosé. Est-ce que vous comprenez cette frustration, Olivier Besancenot ? »
- J-M. A. : - « On a l’impression que vous êtes d’accord sur l’essentiel et puis, que ce sont quoi ? Des querelles de boutique qui ont empêché que vous vous retrouviez pour cette présidentielle ? »
- J-M. A. : - « Et puis, y’a un autre risque de votre point de vue, c’est qu’une Gauche aussi divisée facilite l’élection de Nicolas Sarkozy ? »
- Olivier Besancenot (O.B.) : - « Non, je ne crois pas ça. De toute façon, Sarkozy est mon ennemi. [...] »
- J-M. A. : - « Nicolas Sarkozy est votre ennemi et Ségolène Royal, c’est quoi ? Elle a présenté son Programme, dimanche. Vous l’avez critiquée très sévèrement. Alors, c’est quoi Ségolène Royal, pour vous ? »
- O.B. : - « Moi, je ne les mets pas dans le même panier. J’ai des divergences de points de vue extrêmement importantes avec le Programme du Parti Socialiste [...] Donc, Sarkozy est mon adversaire. Et je n’approuve pas la Politique du Parti Socialiste. Et je pense même que son Programme est incompatible avec ma politique dans un gouvernement. »
- J-M. A. : - « Si Sarkozy est votre adversaire ... Sarkozy est votre adversaire. On l’a compris : tout à l’heure votre ennemi, votre adversaire. Ségolène Royal, c’est quoi ? C’est pas votre partenaire, c’est quoi ? »
- J-M. A. : - « Toujours au cours de l’émission de TF1, vous avez évoqué à propos de l’Insécurité, le faible nombre d’éducateurs. 4 éducateurs pour 100 policiers, disiez-vous, hier soir. Et Ségolène Royal, dans son Programme dimanche, dit : un encadrement militaire est sans doute nécessaire pour les Jeunes délinquants. J’imagine que ce type de mesures non plus, ne vous satisfait pas beaucoup ? »
- J-M. A. : - « Donc, on peut dire d’une certaine façon, que la Gauche ça n’existe pas. Y’a beaucoup de Partis à Gauche, mais la Gauche ça n’existe pas. »
- O.B. explique qu’il rencontre des militants de gauche dans les mobilisations sociales et démocratique et précise : « alors que des militants de l’UMP, même avec une loupe, je n’arrive pas à les trouver dans ces cortèges là. Ca fait une différence de taille. »
- J-M. A. : - « Petite. »
- O.B. : - « De taille. »
- J-M. A. : - « De taille, d’après vous. »
- O.B. : - « Ah oui, mais l’activité au quotidien, c’est quelque chose d’important. Donc, vous n’arriverez pas à me faire dire que c’est kif-kif bourricot, je ne le pense toujours pas. »
- J-M. A. : - « Non, c’est pas le fond de ma pensée ; mais le fond de ma pensée c’est que décidément la Gauche française n’a jamais été aussi divisée qu’elle ne l’est aujourd’hui. »
- J-M. A. : - « J’ai lu votre Blog, Olivier Besancenot, et j’ai vu que depuis mercredi dernier, vous êtes en congés de la Poste, vous avez fait un pot, mercredi. J’explique à mes collègues, dites-vous, qu’à priori je reviendrais après les élections ou à la fin mars si je n’ai pas les signatures. C’est pas optimiste ? »
- O.B. : - « Vous avez lu un petit peu rapidement. Ce n’était pas un pot. C’était une assemblée générale ... »
- J-M. A. : - « Le matin à 6 heures. Je simplifie. »
- O.B. : - « ... paru le lendemain, en grève, voilà. Oui, écoutez ... »
- J-M. A. : - « Pas optimiste ? »
- J-M. A. : - « Et alors, j’ai lu aussi parce que, voyez, j’en ai lu quand même un petit bout de votre Blog que toutes ces questions sur les signatures vous agacent. "C’est Georges Marchais qui avait raison, écrivez-vous, sur un point en tout cas rassurez-vous, quand Elkabbach le gonflait avec ces questions, il répondait : Taisez-vous Elkabbach !" »
- O.B. : - « Ça n’a rien à voir avec les signatures. Oui, c’est en l’occurrence ... »
- J-M. A. : - « Non, c’est vrai. C’est autre chose. »
- O.B. - « Je parlais d’un DUPLEX avec France 3 ...
- J-M. A. : - « Mais Bové, le retrait ... c’est un peu toujours la même chose ? »
- O.B. : - « Non, non. Mais là vous mélangez un petit peu tout. Je parlais d’un DUPLEX en l’occurrence où y ’a des journalistes un peu audacieux comme ça qui se permettaient de pas dire "bonjour" ... de poser en boucle la question sur les signatures ... et c’est vrai quand vous avez ... »
- J-M. A. : - « Sur José Bové ... sur les signatures. Oui. »
- O.B. : - « Et c’est vrai ... oui, voilà sur les signatures, oui. Quand vous avez 5 minutes d’interview, c’est vrai que 5 minutes de questions uniquement sur les signatures .... c’est d’ailleurs pour ça que l’émission d’hier soir, elle était chouette parce que vous avez 100 personnes et on ne vous demande pas de commenter les sondages ... on ne vous demande pas de parler du 2ème tour ... on ne vous demande pas de parler des signatures ... Finalement, c’est la vraie vie ! C’est chouette. »
- J-M. A. : - « C’est bien une émission sans journalistes ! »
- O.B. : - « C’est pas mal ! »
 J-M. A. : - « C’est ça. Et l’hypothèse alors que vous soyez candidat ? Forte ou faible, finalement ? »
- O.B. : - « Ah non, non, non ... moi, je serai candidat. Y’a rien qui va casser ma motivation, absolument rien. »
- J-M. A. : - « Si, les 500 signatures. »
- O.B. : - « Non, parce qu’on va les avoir. »
[Christophe Hondelatte : - « Taisez-vous Aphatie ! Taisez-vous Aphatie ! Vous l’avez cherché ! » ]
- J-M. A. - « C’est fini. Olivier Besancenot était l’invité d’RTL. »

 
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Notes

[1TF1, : « J’ai une question à vous poser » ; France 2 : « A vous de juger ». Nous reviendrons ultérieurement sur ces émissions.

[2Nous reviendrons aussi sur ces lamentions des journalistes politiques.

[3C’est ce qu’annonce la « description » du blog : « Raconter les coulisses d’une interview politique quotidienne sur la première radio de France et entretenir un dialogue avec ceux que cela intéresse. »

[4C’est nous qui soulignons, ici et par la suite.

[5Autre invitée, autre cuisine. Ainsi quand Jean-Michel Aphatie interroge Marine Le Pen (le 24 janvier 2007), sur les 24 questions (ou simples interventions), aucune ne porte sur les propositions du Front national (si l’on excepte une question suscitée par les déclarations de Ségolène Royal sur ... la « souveraineté » du Québec). Sont successivement évoqués la campagne de Ségolène Royal, les sondages, les rapports avec Bruno Mégret. Jean-Michel Aphatie commente sur son blog : « Toujours à la chasse aux parrainages, du moins officiellement car certains responsables politiques assurent qu’en fait Jean-Marie Le Pen a fait le plein, le Front national semblait compter sur le renfort de Bruno Mégret. Celui ci, auteur en son temps du "puputsch" contre le président du Front national, assurait apporter 140 signatures de maires au candidat du FN. L’apport serait, paraît-il plus modeste, moins de dix, sept, a annoncé Jean-Marie Le Pen dimanche, sept, a redit Marine Le Pen ce matin. Dans ces conditions, la vice-présidente du Front national paraît douter du bien fondé de la réconciliation publique entre les deux hommes. Sans doute n’a-t-elle pas tort de s’interroger. » La place accordée à Bruno Mégret est évidemment la principale question soulevée par la candidature de Jean-Marie Le Pen et le programme du Front National.

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