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Laure Adler s’explique sur le « management » de l’émission « À voix nue »

Interrogée par Virginie François dans Le Figaro du 8 septembre 2005, Laure Adler se laisse aller à d’étranges confidences, notamment sur les conditions dans lesquelles elle s’est appropriée l’émission « À voix nue » sur France Culture. Lire à ce sujet : Laure Adler programme Laure Adler, se célèbre et célèbre son successeur

« Laure Adler retrouve le micro », titre Le Figaro. Dans quelles conditions ?

- Virginie François : - Vous avez dirigé France Culture pendant six ans. Pourquoi y revenir comme productrice ?
- Laure Adler. - C’est un désir ancien d’autant que France Culture est la chaîne où j’ai débuté et où j’ai tout appris. Quitter la direction de France Culture ne voulait pas dire quitter la station mais y rester autrement.

Rester à France Culture ? Pourquoi pas ? Mais quel est cet « autrement » et qui l’a décidé ? C’est ce que l’on découvre une peu plus loin dans l’entretien :

- Virginie François : - Pourquoi avoir choisi de reprendre « A voix nue » ?
- Laure Adler. - Jusqu’à présent, cette émission fonctionnait avec des producteurs tournants, ce qui n’est pas toujours évident à gérer. Laurence Bloch (directrice adjointe de France Culture) m’a donc proposé de m’en occuper, tout en faisant évoluer la formule.

Laure Adler a donc parfaitement bien compris que la question posée était double en vérité.

D’abord, pourquoi avoir remplacé les producteurs tournants (qui permettaient d’éviter la fermeture de l’émission et garantissait la qualité des entretiens) ? Réponse : c’était un problème de « management », puisque « ce n’était pas évident à gérer ». Telle est la raison pour laquelle Laure Adler est venue à la rescousse et en remplacement.

Ensuite, qui a pris cette décision ? Laurence Bloch... Résumons : l’ex-adjointe de Laure Adler et toujours directrice adjointe de France Culture a « proposé » à la future ex-directrice de France Culture de s’occuper d’ « A voix nue ». Quelle curieuse coïncidence et quelle remarquable convergence de vue !

Ce petit arrangement entre amies qui a pour effet d’évincer sans scrupules des producteurs tournants n’empêche pas Laure Adler d’invoquer un remarquable sens du respect du travail d’autrui, quand cet argument peut servir. C’est ce que l’on perçoit dans un autre échange.

- Virginie François : - La rumeur vous annonçait pourtant sur France Inter, en remplacement de José Artur pour le « Pop Club ».
- Laure Adler. - C’est en effet ce que Jean-Paul Cluzel (président de Radio France, NDRL) souhaitait au départ. J’ai refusé d’abord parce que je tenais à rester sur France Culture mais aussi parce que je respecte José Artur et que je n’avais pas envie de reprendre un concept qu’il avait créé, il y a plus de quarante ans.

Le respect de Laure Adler pour les producteurs de France Culture n’a manifestement pas la même densité éthique que son respect pour José Artur.

Sans doute Laure Adler saura-t-elle faire bon usage des archives d’ « A voix nue » et sous-traiter des émissions à d’autres producteurs. Peut-être même n’est-ce pas « l’actu » au sens le plus commercial du terme qui guidera le choix des invités qui ne seront pas tous sélectionnés dans une cercle d’amis. En attendant, parmi les plus inattendus, pour le 26 septembre 2005 : ... Alain Finkielkraut

Vincent Mutin


Cet article et le précédent (« Laure Adler programme Laure Adler, se célèbre et célèbre son successeur »).

 
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