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Métro, quotidien gratuit de l’Agence France Presse ?

par Henri Maler,

Au moment où l’Agence France Presse fait face de graves difficultés financières et voit son statut menacé par les rapines néo-libérales, des bénéficiaires de son activité en tire de remarquables ... bénéfices : Métro et ...TF1, notamment.

Sans préjuger de la « qualité » journalistique des quotidiens gratuits en général et de Métro, en particulier, un rapide inventaire des articles publiés par l’un d’entre eux permet de se faire une idée.

Le lundi 8 septembre 2003, Métro propose, sur 20 pages, 80 articles, toutes longueurs et toutes catégories confondues.

Sont exclus de ce décompte, non seulement les pages ou les encarts de publicité, mais aussi les programmes de divertissements à Paris, les programmes de télévision, les jeux, le courrier des lecteurs, les photos (non « sourcées »...) et leurs légendes, les informations d’origine institutionnelle (météo, RATP, etc...), les 5 « Citation du jour » et les 6 « Chiffre du jour » distribués au fil des rubrique. Soit environ 1/3 de la surface occupée.

Sur les 80 articles « proprement dits » qui occupent la surface restante, 49 sont des dépêches de l’AFP ou extraits de dépêches de l’AFP. Soit environ 60 % des articles.

Sur les 31 articles restants, 12 sont signés « Métro » ou attribuables à Métro, sans mention plus précise de l’origine : une part est sans doute le produit du retraitement de dépêches d’agence.

Les articles restants sont signés du nom de membres de la rédaction ou, plus fréquemment, de leurs initiales.

La quasi-totalité des articles est constituée de « brèves », à l’exception, notamment, de la « Tribune » de Philippe Tesson et de 3 entretiens.

On se prend alors à rêver, sans le moindre « réalisme ». Et si les profits dégagés (du moins à terme...) grâce à l’AFP étaient partagés avec l’Agence et redistribués pour une part à ses salariés ? Et si les pouvoirs publics donnaient à l’AFP les moyens d’éditer son propre quotidien gratuit ?

« Pas question ! », hurlerait ... TF1 dont le PDG, Patrice Lelay, vient d’annoncer que son entreprise faisait l’acquisition de 34,3% du capital de Métro France, en précisant que cette participation a « seulement un objectif financier », car « Metro est un bon support de publicité, qui permettra à la régie de TF1 d’élargir son champ d’action » (Le Monde daté du 10 septembre, page 22).

C’était notre rubrique : le droit à l’information n’est pas à vendre.

 
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