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Solidarité avec les salariés de Courrier international

par Acrimed,

La direction de l’hebdomadaire Courrier international, détenu à 100 % par le groupe Le Monde, a annoncé, jeudi 10 octobre, un plan de licenciement prévoyant la suppression de 22 postes – sur 79 équivalents temps plein. La direction du magazine justifie sa décision par le non renouvellement du contrat d’édition du site d’information en dix langues, Presseurop.eu, que la Commission européenne, qui le finançait, ferme pour des raisons budgétaires. Il s’ensuivra pour Courrier international une perte de recettes de 2,5 millions d’euros sur un chiffre d’affaires annuel d’environ 30 millions, qui ne devrait donc pas mettre en péril un titre économiquement rentable pour le groupe Le Monde. En tout cas, alors que la réalisation du site Presseurop.eu occupait onze journalistes, il est inadmissible que la direction décide d’en licencier le double !

Décision inadmissible, mais guère surprenante de la part du trio Bergé, Niel, Pigasse qui préside le groupe… Dans une tribune publiée dans Libération, les écrivains John Berger, Dan Franck et Gérard Mordillat en dénonçaient ainsi la logique délétère : « Cette décision ne paraît justifiée en rien, ni sur le plan journalistique ni sur le plan économique, sinon par l’opportunité de réussir une opération financière sur le dos des salariés et au mépris des lecteurs. […] L’objectif caché de ce mal nommé “plan de sauvetage de l’emploi”, en réalité un plan de sabordage de l’emploi, serait-il, de réductions en suppressions, de rabotages en charcutages, de réduire Courrier international à la taille d’un ticket de métro avant de s’en débarrasser pour de bon ? C’est-à-dire perdre au tirage (perdre le journal et son tirage !) pour gagner au grattage de quelques profits substantiels. Cette vue à court terme, ce “prends l’oseille et tire-toi !” qui est la loi du capitalisme contemporain ne peut ni ne doit s’appliquer à un journal ; il ne devrait pas s’appliquer à quelque production que ce soit ! »

Face aux conséquences de cette gestion purement financière, la rédaction s’est immédiatement mobilisée et mise en grève mardi 15 octobre après-midi, jour de bouclage de l’hebdomadaire – qui pour la première fois depuis sa création il y a 23 ans n’est pas paru cette semaine.

Jeudi 17, une manifestation était organisée devant le siège du groupe Le Monde, boulevard Auguste Blanqui, avec les salariés du groupe dans son ensemble mobilisés contre les plans de licenciement.

Une page Facebook a aussi été créée pour « Sauver Courrier international ». Elle permet de suivre la mobilisation et les manifestations de solidarité. Sur cette page, on peut voir ces quelques Unes détournées collées sur les locaux du Monde au cours de la manifestation :

Les réactions de solidarité avec les salariés du magazine n’ont pas manqué d’affluer, de la part :

 Des salariés du Monde diplomatique (groupe Le Monde…) :

Réunis en assemblée générale, les salariés du Monde diplomatique ont voté à l’unanimité une motion de soutien aux salariés de Courrier international. Ces derniers exigent le retrait du plan de licenciements collectifs engagé par la direction qui prévoit la suppression de 22 postes (pouvant représenter 25 personnes avec les temps partiels) et la suppression de 25 pigistes réguliers, soit la sortie d’une cinquantaine de personnes.

Les salariés du Monde diplomatique condamnent la décision purement comptable de la direction de Courrier international qui n’annonce aucun projet de relance et risque ainsi de fragiliser durablement un journal ne perdant actuellement ni argent ni lecteurs.

Ils sont également préoccupés par le sort des entités Safari et Monde Pub qui pourraient se retrouver dans la même situation.

 Du SNJ avec le communiqué suivant, intitulé « Tous unis contre la mise à mort de Courrier international » :

« Avec le projet de suppression de près d’un tiers des effectifs de la rédaction de Courrier international, c’est bien la survie d’un hebdomadaire exigeant sur le plan éditorial que la direction du groupe Le Monde met en danger.

Le Syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation de la profession, partie prenante de la mobilisation courageuse des salariés de Courrier

- exige le retrait sans délai du plan de licenciement collectif proposé par Louis Dreyfus et les actionnaires du groupe Le Monde, Bergé-Niel-Pigasse, obnubilés depuis trop longtemps déjà par une logique purement comptable au détriment de la qualité de l’information et de l’avenir des titres

- appelle les salariés du groupe, tous les journalistes et salariés de France et tous les citoyens attachés à une information complète, pluraliste et ouverte sur le monde, à renforcer leur soutien à l’équipe de Courrier international.

Le SNJ se tient aux côtés et à l’écoute du personnel de Courrier dans sa volonté de résister, dans l’unité, à la casse du titre et d’œuvrer à son développement en continuant à mettre à profit la formidable expertise de cette équipe rédactionnelle. »

 Du SNJ-CGT :

« Réunis ce mercredi 16 octobre en assemblée générale les salariés de Courrier international ont voté pour la reconduction de la grève. Ils exigent le retrait du plan de licenciements collectifs engagé par la direction. Celui-ci prévoit la suppression de 22 postes (pouvant représenter 25 personnes avec les temps partiels) et la suppression de 25 pigistes réguliers.

Dans ces conditions, le plan correspondrait à la sortie d’une cinquantaine de personnes des effectifs de Courrier International.

Les délégués SNJ-CGT réunis en congrès à Marseille soutiennent les salariés en grève de Courrier International et dénoncent les décisions des dirigeants du groupe Le Monde qui ont les moyens de trouver d’autres solutions. Courrier international ne perd pas d’argent ni de lecteurs. Un tel plan affaiblirait durablement ce journal de la presse internationale.

La direction doit retirer son projet.

Marseille, le 16 octobre 2013 »

 Et d’Acrimed, avec cet article !

 
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