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Un communiqué de presse de juin 2002

Le journal Fakir (d’Amiens) en procès

par l’Association Fakir

Après des procès en série et des menaces de la mairie d’Amiens, le journal "Fakir" se heurte aujourd’hui au "Courrier Picard", qui lui réclame 80.000 F. [1]

Ci-dessous, le communiqué de l’association Fakir rendu public à l’occasion de la préparation d’une manifestation festive (apéro-concert) devant le quotidien régional, le vendredi 28 juin à 19 heures.

Le Journal "Fakir" (d’Amiens) en procès

 [2]

" Allez exercer votre métier ailleurs ! " C’est ce que déclarait Gilles de Robien, alors maire d’Amiens, en février 2001 à un rédacteur du journal Fakir, associatif et 100% bénévole.

Depuis deux ans, équipe municipale et institutions locales font leur possible pour parvenir à ce but : le premier adjoint et n°2 de la Chambre de Commerce, Roger Mézin, réclamait 4 millions de F pour un droit de réponse non-diffusé (il n’a rien obtenu, le tribunal jugeant son courrier effectivement " trop long ") ; le même nous poursuit pour diffamation, demandant 140.001 F " symbolique " pour avoir parlé de " gaspillage " et de " clan " (après une condamnation, le procès sera examiné en appel le jeudi 27 juin) ; enfin, c’est au tour du Courrier picard, détenteur du monopole de l’information sur la Somme depuis 50 ans, financièrement lié à la Chambre de Commerce, au Crédit Agricole, au Conseil Régional, de nous attaquer : nous avions qualifié leur chef de locale à Amiens de " Chien de garde de la mairie ". Intolérable : 80.000 F suffirait à réparer cet affront... et l’objectif serait atteint : tuer cette publication marginale.

Ces péripéties posent une question de fond : est-il possible d’avoir une presse non-consensuelle en province ? Qu’on mesure le fossé entre les réactions locales et nationales au trimestriel Fakir. A Amiens, dans " la ville la plus démocratique de France " (dixit Gilles de Robien), outre des plaintes et des menaces à répétition, Pascal Pouillot, président du club de football et avocat de la Ville, aperçoit des " parasites sociaux ", des " terroristes journalistiques ", des " talibans de l’information ". Et toujours devant les magistrats, il affiche la couleur : " Un journal qui se livre à la critique, ce n’est pas bien. "

Hors d’Amiens, Le Monde entrevoit un journal " poil à gratter " et (presque) mesuré (14/02/01). Le Monde diplomatique découvre d’ " excellentes enquêtes " et vante " un exemple de ce que devrait être la presse dissidente partout où les quotidiens régionaux sont en situation de monopole " (Avril 2000). L’équipe de Fakir reçoit le prix J-Presse du " Meilleur journal de ville et de quartier " pour l’année 2001. Un journaliste du Canard enchaîné déclare que " si vous êtes attaqués pour ça, alors le Canard peut disparaître en une semaine. "

Au-delà du conflit avec le Courrier picard, la manifestation festive de vendredi prochain (28 juin, à 19 h, devant le Courrier, rue Alphonse Paillat) se centre sur ce débat : peut-il exister de " vilains petits canards " en province (et en tout cas à Amiens) ? Ou doit-on se contenter de quotidiens régionaux qui, par leurs connivences et leurs silences, satisfont pleinement les notables, les entreprises, les élus du coin... mais pas toujours les lecteurs ?

 
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Notes

[2Titre : Acrimed.

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