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Instrumentaliser les médias de masse ?

Christopher Lasch,Culture de masse ou culture populaire ?Climats, Castelnau-le-Lez, 2001, 80 pages, 50 francs.(paru aux Etats-Unis en 1981 sous le titre Mass Culture Reconsidered) - Quelques citations, en guise présentation.

Instrumentaliser les médias de masse ?

 A propos du SDS (mouvement étudiant américain radical des années 60) :

« L’attention que leur portaient les médias transformait la nature même de leur mouvement. En espérant manipuler les médias à ses propres fins, le SDS finit par se retrouver dans l’obligation de servir les intérêts de ces médias. Todd Gitlin a analysé en détail ce processus. Il démontre de quelle manière " les médias choisissaient en vue de les rendre célèbres " les dirigeants du mouvement qui " correspondaient le plus fidèlement à ce que doit être un dirigeant d’opposition pour être conforme à ce que les clichés préfabriqués attendent de lui" (…) Il montre de quelle façon la recherche par les médias de porte-parole les plus " visibles " et les plus hystériques influença, non seulement les choix tactiques du mouvement, mais également sa structure. » (p. 57-58)

 « Une observation superficielle pourrait faire croire que de nouveaux moyens de communication donnent aux artistes et aux intellectuels la possibilité de toucher un public plus large que celui dont ils ont jamais pu rêver. Or, au contraire, les nouveaux médias se bornent à universaliser les effets du marché, en réduisant les idées au statut de marchandises. » (p. 59.)

 « Ici comme ailleurs, le journalisme ne rapporte plus les événements, mais il les crée. Il se réfère de moins en moins à des événements réels, et de plus en plus à un processus d’autopromotion circulaire qui est à lui-même sa propre justification. Il ne présuppose plus un monde capable d’exister indépendamment des images qu’on en donne. L’intellectuel, comme le militant politique découvre alors qu’ " il doit faire allégeance à un nouveau type de médium qui, non content de transmettre une influence, lui impose encore son propre code. » (p. 60-61.)

 « L’expérience historique concrète de tous ceux qui ont essayé d’instrumentaliser les médias de masse à des fins critiques, subversives et révolutionnaires (…) est que de telles tentatives sont vouées à l’échec. Les militants politiques qui cherchent à changer la société feraient mieux de se consacrer au travail de longue haleine que suppose l’organisation politique plutôt que d’organiser un mouvement en se fiant à des miroirs. Les écrivains et les intellectuels, de leur côté, doivent prendre conscience que les médias de masse ne donnent accès à une plus large audience qu’en imposant, en même temps, leurs propres conditions. » (p. 59-60.)

 « Loin de subvertir le statu-quo, les médias de masse récupèrent les mouvements radicaux et les idées radicales à l’instant même où ils leur concèdent " un temps de parole égal " (62.) Si le mouvement étudiant américain a été le jouet des médias, c’est qu’il a refusé " de mettre en place une structure dirigeante responsable qui aurait refusé que ses propres porte-parole soient désignés par CBS et par le New York Times. » (p. 62.)

 
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