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La Provence recrute pour Areva

« Areva propose 200 emplois en alternance à des jeunes », titre La Provence du jeudi 9 avril 2009, avec ce sous-titre : « Environ 1000 étudiants de Bac à Bac + 5 ont rencontré 25 conseillers ». En omettant une partie de l’information, l’article qui suit ressemble à s’y méprendre à un publi-reportage.

Enthousiasmes

« Entre huit cents et mille étudiants se sont présentés hier matin [mercredi 8 avril, donc] à la salle des fêtes de Pierrelate afin de participer au Forum de l’alternance organisé par Areva », indique l’auteur de l’article qui poursuit, en rapportant les propos du maire de la ville qui déclare : « C’est une réelle satisfaction de recevoir les jeunes à la recherche d’un emploi. […] » Et l’article de préciser alors : « Les BAC à BAC plus 5 qui ont rempli des dossiers, avant de se laisser orienter vers les options "électricité", "communication", "mécanique", "production", "finance", "qualité"… afin de rencontrer l’un des 25 recruteurs, venaient du large sud-est pour tenter de décrocher l’un des 200 postes à pourvoir sur l’un des neuf sites ». Il est temps alors de donner la parole au directeur des ressources humaines du groupe qui témoigne, lui aussi (ô surprise) de sa satisfaction : « La contribution d’Areva est importante en France en matière d’emploi puisque nous allons recruter 4 000 personnes dans l’année. En deux ans, nous sommes passés de 400 à 1 200 contrats en alternance. »

L’information factuelle et les commentaires intéressés fonctionnent eux-aussi « en alternance » puisque l’article se poursuit ainsi : « Vers dix heures, la file d’attente atteignait bien les cent mètres. Ce n’est pas tous les jours que l’on a une chance sur quatre ou cinq de trouver un contrat dans une grande entreprise. » Enthousiasme immédiatement partagé avec une représentante de l’Union des Industries et Métiers de la métallurgie, « dont l’équipe, nous dit-on, a collaboré à l’organisation de la journée » Les propos de Mme UIMM sont ainsi rapportés : « L’alternance, ça fonctionne. C’est une voie royale pour développer l’employabilité. »

Sur la nature de ces contrats, pas un mot. Des objections possibles ? Aucune. Mais pour illustrer l’article une photo, que nous sommes obligés de reproduire pour rendre la suite compréhensible [1]

Avec cette légende : « Les candidats sont venus de loin (2 à 300 kilomètres) pour
postuler dans le monde de l’industrie atomique. Photo B.S »

Objections ?

En revanche, La Provence n’a pas publié cette photo…

… Ni les informations correspondantes : Le « Collectif antinucléaire 84 », membre du Réseau « Sortir du nucléaire », a accueilli les postulants avec un décor et en distribuant à chacun le 4 pages « spécial recrutement » édité par le Réseau « Sortir du nucléaire », contestant le choix du nucléaire et la nature des emplois proposés.

Quoi que l’on pense du nucléaire [2], le moins que l’on pouvait attendre d’un journal d’information, même si le but de l’article n’était pas de relancer le débat sur le nucléaire lui-même, c’est qu’il fournisse une information complète. Omettre de signaler que pendant toute la journée, des militants du réseau « Sortir du nucléaire » étaient présents sur les lieux et avaient tenté d’interpeller les candidats à l’emploi en alternance, informer en omettant une partie de l’information, c’est encore déformer l’information. Présenter un éloge à sens unique des emplois en alternance, notamment dans le nucléaire, sans indiquer qu’ils ont été contestés et les motifs de cette contestation, équivaut à une forme de censure. Proposer un reportage tronqué, c’est, en l’occurrence, proposer une sorte de publi-reportage pour Areva.

 [Rédigé grâce aux photos et aux informations fournies par « Sortir du nucléaire ».]

 
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Notes

[1Mais que nous retirerons sur simple demande de son auteur.

[2La critique des médias ne présuppose aucune position préalable et collective sur ce sujet.

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