Accueil > Critiques > (...) > Quelques mois plus tard... [Référendum de 2005]

Le médiateur du Midi Libre découvre la lune et le pluralisme critique

Le 28 juillet 2005, Acrimed publiait un article de l’un d’entre nous - Mathias Reymond - paru le 20 mai 2005 dans le n°1 de L’Accroche, « le journal indépendant de Montpellier » [1] : « Avant le 29 mai : Comment Midi Libre cajolait les partisans du ‘oui’ ».

Après un an de réflexion, le médiateur du Midi libre nous donne raison ... et s’indigne.

« Paradoxal anniversaire » : Le médiateur du Midi Libre découvre la lune

Le 27 mai 2006, paraît dans Midi Libre une chronique d’Olivier Clerc, médiateur, intitulée « Paradoxal anniversaire » (voir reproduction intégrale à la fin de cet article). On peut y lire notamment ces lignes :

« (...) Les chiffres sont là : un comptage pour les mois d’avril et mai 2005 (jusqu’au 29) sur les pages dtes « toutes éditions » de notre quotidien ne laise aucun doute. Neuf titres et huit photos évoquant à la « une » les partisans du oui, par exemple contre deux titres et trois photos traitant de ceux du non. Cinquante-sept textes importants ou moyens et soixante-trois photos sur le oui en pages d’informations générales contre vingt textes et dix-neuf photos évoquant le non. (...) sur dix-sept chroniques abordant le sujet du referendum, neuf neutres, sept pour le oui, zéro pour le non. (...) »

Dont acte.

« Paradoxal courrier » : Le médiateur du Midi Libre écrit à l’Accroche

« Ce mot s’adresse plus particulièrement à Mathias Reymond, auquel je dois un texte vachard dans L’Accroche et sur le site d’Acrimed (Action critique médias, www.acrimed.org, ndlr), voici un an, à propos de la couverture par mon journal de la campagne du référendum sur le TCE (Traité constitutionnel européen, ndlr).

Ce mot pour m’étonner que votre fort vertueuse publication n’ait pas jugé utile de parler du travail que j’ai effectué sur ce même sujet, et de la "chronique-anniversaire" que j’y ai consacré fin mai 2006. Sans doute s’agit-il d’un oubli : je ne peux imaginer L’Accroche s’abandonnant à la malhonnêteté intellectuelle qui consisterait - Dieu ou le diable vous en préserve - de ne publier que des textes qui conforteraient une vision simpliste et manichéenne de votre environnement médiatique. Genre "les grands journaux sont pervers et trompent leurs lecteurs, les petits comme L’Accroche ont été nourris à la mamelle de la Vérité révélée".

Bon, je pousse un peu. Lisez ma chronique "Paradoxal anniversaire" du 27 mai, si ce n’est déjà fait. Et ayez l’honnêteté de donner une suite à ce que vous avez mis en ligne sur le site ACRIMED voici un an. Site dont je suis un habitué, d’ailleurs.

Olivier Clerc, médiateur de la rédaction de Midi Libre. »


« Paradoxal courrier » qui s’adresse à L’Accroche, et non à Acrimed, pour lui demander ... d’avoir « l’honnêteté de donner une suite à ce que vous avez mis en ligne sur le site ACRIMED voici un an. » Ce que, très gentiment, Acrimed fait aujourd’hui...

« Mieux vaut tard » : Acrimed répond au médiateur...

« Cher médiateur,

Nous regrettons comme vous que Midi Libre, « vertueuse publication » s’il en fut, n’aie pas mentionné l’article de Mathias Reymond il y a un an... Et nous avouons notre coupable négligence : ne pas avoir lu, un an après, la chronique qui - un peu tardivement, il est vrai - nous donne raison. Nous aurions dû le faire. Le titre, sans grande originalité, était tout trouvé : « Mieux vaut tard que jamais ».

Ce titre, vous pouvez nous l’emprunter pour publier, à l’occasion d’une prochaine chronique, ces quelques mots que vous pouvez arranger à votre convenance :

« Acrimed (Action-Critique-Médias), association de critique des médias dont Midi Libre n’a jamais parlé à ses lecteurs, se félicite, avec quelques semaines de retard, que le médiateur dudit journal aie reconnu, après quelques mois de retard, que les critiques adressées à ce vertueux quotidien il y a un an, à propos de sa « couverture » de la campagne référendaire sur le Traité constitutionnel européen, étaient fondées. C’est pourquoi, nous ne saurions trop recommander aux lecteurs de Midi Libre de se reporter à l’article paru le 20 mai 2005 dans le n°1 de L’Accroche, « le journal indépendant de Montpellier » dont nous n’avons jamais mentionné l’existence. Cet article peut être consulté en ligne sur le site d’Acrimed à l’adresse suivante : http://www.acrimed.org/article2105.html. Nous recommandons également la lecture des Médias en campagne, paru aux éditions Syllepse : un livre (rédigé par Henri Maler et Antoine Schwartz pour Acrimed) qui n’a fait l’objet d’aucune recension critique dans nos colonnes. Signalons enfin que L’Accroche, dans son n°11 (paru le 10 juillet 2006) publie la correspondance du médiateur et lui répond. C’est notre inconstant du pluralisme qui nous incite à livrer ces informations aux lecteurs de Midi libre. »

Au cas où la place vous manquerait pour publier la réponse de l’Accroche à la lettre du médiateur du Midi Libre, nous reproduisons ici cette réponse.

« Mieux vaut tard » : L’Accroche répond au médiateur

Nous nous félicitons que Midi Libre se souvienne que notre « fort vertueuse publication » existe après avoir passé sous silence son existence pendant un an. Et ce, malgré une volonté affirmée du quotidien régional de tendre vers une certaine exhaustivité. Cet oubli n’a, bien sûr, rien à voir avec les articles que l’Accroche a consacré à Midi Libre et à son ersatz gratuit, Montpellier plus.

Ces mêmes articles signifient-ils pour autant que l’Accroche ait été nourrie « à la mamelle de la Vérité révélée  » contrairement à Midi Libre ? Certainement pas, même si notre différence principale réside dans l’absence de publicité et en particulier de celle en provenance des collectivités locales. Pour autant, « les journaux alternatifs sont-ils une alternatives aux médias dominant » (expression empruntée à plusieurs observateurs des médias, proches d’Acrimed) ? A l’évidence, non. Et c’est bien pour cela que l’Accroche, comme d’autres, considère qu’il est essentiel de critiquer des médias dominants dont le rôle est essentiel - parfois dévastateur - dans l’évolution de la société. Et certainement pas pour se placer au-dessus d’eux. D’ailleurs, même si nous le voulions, nos modestes moyens ne nous le permettraient pas.

Maintenant fallait-il évoquer la chronique d’Olivier Clerc du 27 mai 2006 [2], que nous avons, bien entendu, lue avec attention ? Sans doute. Mais pour mieux la critiquer. D’abord parce qu’il faut une certaine dose de culot pour reconnaître, un an et quelques dizaines de chroniques après : « le net penchant de l’essentiel du système médiatique pour le « oui ». Midi Libre compris. » Il n’est jamais trop tard pour bien faire, direz-vous. Soit. Nous ne désespérons d’ailleurs pas que pour les 10 ans du référendum, Midi Libre fasse référence dans ses colonnes à l’article de Mathias Reymond. En attendant contentons-nous de la justification de ce raté par Roger Antech. Le directeur de la rédaction de Midi Libre frise le foutage de gueule de son lectorat quand il confie : « Nous avions autant de peine à dénicher un interlocuteur « noniste » que de facilité à trouver un « ouiste ». Pas simple de « faire son marché » entre Le Pen et Besancenot.  » Les comités du non, le PC, la gauche du PS, ATTAC, la LCR, MTE, Solidaires, la CGT, la FSU, l’UNEF - pour ne citer que quelques institutionnels - apprécieront.

Pour notre part, nous suggérions plutôt à Roger Antech ces quelques questions de fond : pourquoi autant de journalistes étaient-ils favorables au TCE ? Quels problèmes cela pose-t-il en termes de traitement de l’information et en particulier de la position des opposants au néo-libéralisme ? Depuis le 29 mai 2005, qu’a fait votre quotidien pour rééquilibrer les choses ? Quels nouveaux chroniqueurs sont arrivés dans ses colonnes ? Combien payez-vous les éditoriaux que Claude Imbert publie dans le Point et recyle dans Midi Libre ?

Enfin, deux questions au médiateur : pourquoi dans vos chroniques avez-vous fait l’impasse sur la fausse information, relayée par votre journal, des chiens éventrés du Teknival (l’Accroche n°10 et www.laccroche.info) et sur la décision de Georges Frêchede couper publicités et annonces légales à Midi Libre ? Peut-on être le médiateur indépendant d’un journal dont on est salarié ?

l’Accroche

P.S. Le message d’Olivier Clerc est transmis aux animateurs d’Acrimed. Nous croyons d’ailleurs avoir perçu que la parution de nos articles sur le site d’Acrimed affecte plus les journalistes de Midi Libre et de Montpellier plus que leur publication dans l’Accroche. Nous continuerons donc.


 
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Notes

[1Lien périmé,février 2015

[2Consultable ci-dessous et sur www.laccroche.info .

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