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Quand Robert Hersant mobilisait « ses » journalistes au service de la droite

Février 2006 : Jean-Pierre Elkabbach demande l’avis de Nicolas Sarkozy, avant de recruter un journaliste politique en charge de l’UMP à Europe 1. Joseph Macé-Scaron (directeur-adjoint de la rédaction à Marianne) au cours de l’émission « On refait le monde » sur RTL (mercredi 22 février) prétend qu’une telle démarche aurait été impossible sous le règne de Robert Hersant. Nous avons déjà brièvement rappelé ce qui suit (Lire notre article : « Sarkozy, conseiller en recrutement d’Elkabbach : de quoi enflammer les rédactions ? »). En voici une version plus précise :

Joseph Macé-Scaron, en février 2006 : « [...] Les temps changent puisque moi j’ai été pendant à peu près quinze ans journaliste au Figaro. Qu’étant journaliste au Figaro, j’étais au service politique et que le propriétaire du Figaro était un certain Robert Hersant. Je dois dire que jamais il ne serait venu à l’idée de Robert Hersant, qui n’était pas un ange, d’aller demander à un politique qui il fallait suivre pour un parti. Jamais. Pourquoi ? Encore une fois pas par angélisme, tout simplement parce que pour Robert Hersant, il y avait un rapport de force qu’il introduisait, c’est tout, dans son rapport aux politiques. Et pourtant Dieu sait si le Figaro à un moment donné [sic !] a été lié au pouvoir politique et à la droite en particulier, donc jamais ça a été fait. »

Robert Hersant n’a pas demandé conseil ? Peut-être. Mais ce qui suit, rapporté par Elisabeth Coquart et Philippe Huet, vaut-il beaucoup mieux ?

Robert Hersant en 1978 :

« Un soir, les journalistes du service politique [du Figaro] sont conviés à une réception dans le saint des saints, au numéro 12 de la rue Presbourg, afin de rencontrer les candidats UDF et RPR de l’Ile-de-France. Un peu estomaqués par le décor précieux, le faux Louis XV et les dorures, les rédacteurs se mêlent à la centaine d’invités, discutent au fil des groupes [...] jusqu’au moment où le maître de maison tape dans ses mains et grimpe sur une chaise de style aux pieds fragiles.

Mes amis, commence Robert Hersant à l’adresse des seuls candidats... Mes amis, je vous ai réunis ce soir pour vous dire qu’on va vous aider. Pendant la campagne, demandez-leur ce que vous voulez, ils le feront. Vous pouvez les appeler à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit.

Tout le monde est gêné. Les “amis”, du cadeau, les journalistes, de l’affront qui leur est fait. Tout le monde se regarde, catastrophé, mais personne ne bouge. [1] ».

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Notes

[1Élizabeth Coquart et Philippe Huet, Le Monde selon Hersant, Ramsay, mars 1997. Cité par Daniel Junqua, La presse, le citoyen et l’argent, 1999, Edition remise à jour en 2001, Folio/Actuel, Gallimard, 2002, p. 299-300.

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