La Provence (groupe Lagardère), qui exerce un quasi-monopole sur la presse locale de Marseille, s’abstient généralement de publier des informations susceptibles de déplaire à la police, dont les mains courantes alimentent la rubrique vedette du journal : celle des faits divers.
D’où la surprise des lecteurs en découvrant dans le numéro du 4 décembre ce titre sur quatre colonnes : « Deux policiers soupçonnés de racket ».
Le corps de l’article précise que deux agents du commissariat de Belsunce auraient extorqué des fortes sommes en liquide à des automobilistes mal stationnés et qu’une enquête a été confiée à l’inspection générale des services.
L’affaire ne casse pas trois pattes à un poulet, surtout à Marseille, mais on imagine l’embarras du rédacteur en chef : comment parler des ripoux sans porter préjudice à nos sources d’information ?
La réponse surgit en bout d’article, dans une phrase à tailler dans le marbre des bonnes manières : « Ces suspicions ne doivent toutefois pas jeter l’opprobre sur l’ensemble d’une profession honnête et respectueuse du service public. » (sic)
Sur la même page, juste à côté, une brève relate un « braquage dans un supermarché » par « quatre individus d’une vingtaine d’années ». Mais c’est en vain que le lecteur cherchera la conclusion : « Ce vol ne doit pas jeter l’opprobre sur l’ensemble des individus d’une vingtaine d’années respectueux de la grande distribution. »