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Retraites : de la science des sondages

par Serge Halimi,

Paru dans Le Monde diplomatique (juin 2003)

Quelques mois après que Mme Laurence Parisot, ex-PDG de l’IFOP, a été nommée vice-présidente du patronat français par M. Ernest-Antoine Seillière, sans doute pour récompenser le triomphe des sondeurs lors de l’élection présidentielle, un autre institut vient de montrer qu’il savait, lui aussi, interroger la société.

Ainsi, préparant une émission de France 2, au cours de laquelle le ministre François Fillon devait dévoiler un plan gouvernemental relatif aux retraites, Ipsos France a posé, avec Le Figaro, cette question : « Parmi les mesures suivantes destinées à remédier au problème du financement des retraites, laquelle vous semble la moins acceptable ? » Cet énoncé bienveillant pour le pouvoir (qui voulait « remédier » à un « problème ») était suivi de quatre suggestions : « L’allongement de la durée de cotisations nécessaire pour toucher une retraite à taux plein ; la diminution du montant des retraites ; une augmentation importante du montant des cotisations ; ne se prononcent pas [1]. »

Souhaitant à son tour contribuer à la science des sondages, Le Monde diplomatique en a rédigé un, lui aussi. « Parmi les mesures suivantes destinées à améliorer le financement des retraites, laquelle vous semble la moins acceptable ? La fin du gel de la part patronale du financement de la retraite [2] ; la taxation des revenus financiers des entreprises à hauteur des prélèvements vieillesse acquittés par les salariés ; le rétablissement à son niveau de 1983 de la part des salaires dans le partage de la valeur ajoutée française (68,8 % à l’époque, contre 59,9 % quinze ans plus tard) [3] puisque quand les salaires augmentent, les retraites augmentent ; sans opinion ?

Un conseiller du gouvernement serait impatient de connaître les réponses de nos lecteurs. Lui écrire à : rsoubie@altedia.fr

Serge Halimi

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Lire " Retraites : tentatives de manipulation des citoyens ", un communiqué d’Attac (avril 2003).

Voir Le Monde diplomatique de juin 2003.

 
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Notes

[1Le Figaro, 24 avril 2003

[2L’Humanité Hebdo du 17-18 mai 2003 souligne que cette part a été gelée depuis quinze ans à 8,2 % du salaire brut alors que, dans le même temps, la part salariale est passée de 4,70 % à 6,55 %. Lire aussi le dossier du Monde diplomatique, mai 2003.

[3Selon l’aveu même du ministre des finances lors d’une conférence de presse du 21 juillet 1997. Depuis, ce genre de statistiques intéresse moins les ministres...

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