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JT de France 3 : grève de l’information sur une grève à la SNCF

par Benoît Bréville,

JT régional Paris IDF de France 3. 19/20. 15 décembre 2006. Reportage de 1’39’’ sur la grève SNCF de la gare Saint-Lazare. Un cas banal, un cas d’école.

Le reportage s’ouvre sur une voix off : « La mine des usagers en dit long sur leur quotidien : cinquième jour de grève à la SNCF, cinquième jour de galère pour les usagers franciliens ».

Puis, d’emblée, le traditionnel micro-trottoir des usagers mécontents :
- Un usager :« Ça suffit, y’en a marre. Mais bon, on fait comme tout le monde quoi ».
- Une usagère : « On en a ras-le-bol. On pense qu’ils sont super privilégiés et que nous on a pas autant de privilèges qu’eux et on voit pas pourquoi c’est à nous qu’on s’en prend ».
- Un autre : « On est solidaires des grévistes. Mais là, on dépasse les limites. Franchement. »

Voix off : « Hier, les cheminots emmenés par le syndicat Sud Rail ont voté la reconduction de la grève. Alors que la situation est revenue à la normale sur la quasi-totalité du territoire, à Saint-Lazare le blocage persiste. Ce matin, 65% du trafic est assuré mais les usagers ont de plus en plus le sentiment d’être ignorés ».

Puis nouveau micro-trottoir :
- Une usagère : « C’est vrai qu’on comprend pas forcément pourquoi la grève dure si longtemps. On se demande aussi pourquoi on ne met pas en place le service minimum » [alors que tout de même 65% du trafic est assuré. Qu’est-ce que le service minimum pour France 3 ? 90% ? L’interdiction de la grève ?]
- Un usager : « Le truc, c’est qu’on sait même pas pourquoi ils font la grève. On n’est pas au courant et je trouve ça un peu du n’importe quoi »

Et ce n’est pas grâce à ce reportage qu’il va comprendre les raisons de la grève puisque le journaliste s’avère incapable de recueillir des informations.

Voix off : «  À l’origine du conflit, les changements de service liés au passage aux heures d’hiver. Les agents réclament 20 minutes de pause systématique toutes les deux heures. Pour le reste, difficile d’en savoir plus : les syndicats se refusent à tout commentaire. Quant à la direction de la SNCF, elle craint de jeter de l’huile sur le feu. Le mouvement a été reconduit jusqu’à lundi ».

« Difficile d’en savoir plus » ? Un alibi commode pour n’avoir rien à expliquer. « Les syndicats se refusent à tout commentaire » ? Et même à toute explication ?

En vérité, la grève de l’information sur les motifs de la grève se double opportunément d’une grève du zèle sur les réactions d’usagers.

Sur 1 minute et 39 secondes de reportage, 9 secondes, soit deux phrases, ont été consacrées aux revendications des grévistes...

Benoît Bréville

 
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