[...] 7 avril 2005, lendemain du dernier soupir.
La presse Lagardère alourdit ses éditions locales d’un encart de 12 pages : « Rainier III, le roman d’une vie, supplément gratuit de Nice-matin, Var-matin et Corse-matin - Ne peut être vendu séparément ».
Des photographies et commentaires d’une dignité sans faille, suivant strictement les principes éditoriaux, règles et dogme établis par un journal qu’on osera qualifier de « Lars Von Triers de la presse d’Information, à savoir l’hebdomadaire Point de vue. Pour situer l’exigence » [1]..
Sous les photos : « Rainier et Grace : le monde entier a vécu par procuration l’une des grandes histoires d’amour du siècle ». « Le prince aimait à jouer au Père Noël pour gâter les enfants ». « L’infinie tendresse d’un grand père qui a choyé ses sept petits enfants ». « Grand amateur de cirque, il adorait particulièrement les clowns ». « Rien ne pouvait faire plus plaisir au souverain que de sentir dans ses jambes, lors des cérémonies officielles, le frôlement de l’un de ses petits enfants ». Etc. Et on rebondit sur trois pages à l’intérieur même du quotidien : « malgré l’inquiétude des derniers jours, le pays se réveille alors abasourdi »... « Une chape de chagrin s’est abattue, hier matin sur Monaco »...
Après s’être mouché et avoir écrasé une dernière larme, l’observateur reprend ses esprits. Et le boulot : Cuverville lui demande de replacer la nécrologie hagiographique dans le contexte, et surtout de la relire correctement. Quel sens donner à ces mots lisses, qui se concentrent sur l’anecdote glamour ou lacrymale et occultent l’essentiel, pour dresser du Rocher un portrait de plat pays rose-bonbon d’où n’émergeraient finalement que quelques drames familiaux ?
Les liens tissés entre Monaco et Nice-matin n’ont rien de confidentiel. Ils relèvent de l’évidence. Liens commerciaux : la Principauté, très bon client de l’agence Eurosud, achète régulièrement les plus gros espaces publicitaires qui puissent se vendre (la dernière page en couleur notamment). Liens éditoriaux : la famille Grimaldi est une source inépuisable de ressources « people » pour des quotidiens qui ne veulent plus sortir de ce registre.
Voilà pourquoi les communicants sont sur le coup, et que les journalistes sont invités à rester à la maison, ou à se concentrer sur le goûter organisé par l’association des joyeux boulistes de l’amicale lassipontaine [2]
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Olivier Vermert
– Lire la totalité de l’article (mis en ligne le 8 /04 /2005) sur le site de Cuverville